Lisbonne déploie un panorama culturel d’une richesse exceptionnelle, où chaque musée raconte une facette de l’histoire et de l’âme portugaise. Des arts classiques aux trésors contemporains, des sciences naturelles au patrimoine populaire, la capitale invite le voyageur curieux à une exploration immersive de son héritage. À la manière d’un carnet de route, partons à la découverte des 31 musées emblématiques de Lisbonne, dans une déambulation inspirante et documentée au cœur de ses collections.
Les meilleurs musées de Lisbonne
Casa das Histórias Paula Rego

Niché dans la ville côtière de Cascais, à l’ouest de Lisbonne, la Casa das Histórias Paula Rego est un écrin architectural audacieux dédié à l’univers fascinant de la célèbre artiste portugaise Paula Rego. Le bâtiment contemporain, signé par l’architecte Eduardo Souto de Moura, attire l’œil avec ses deux tours pyramidales rouge brique qui évoquent des cheminées traditionnelles, conférant au lieu une allure onirique. À l’intérieur, le visiteur plonge dans un monde d’images puissantes et de récits visuels : peintures, dessins et gravures de Paula Rego y sont exposés en rotation, offrant un voyage intime à travers les contes et légendes revisités par l’artiste. L’atmosphère est immersive et vivante, avec des expositions temporaires et des activités culturelles qui viennent compléter la collection permanente, rendant chaque visite unique et éducative. Un café lumineux et une librairie spécialisée permettent de prolonger ce moment d’inspiration dans le jardin ombragé du musée.
Adresse : Avenida da República, 300, 2750-475 Cascais
Site web : bairrodosmuseus.cascais.pt/list/museu/casa-das-historias-paula-rego
Centro de Arte Moderna Gulbenkian

Au cœur des jardins paisibles de la Fondation Calouste Gulbenkian, le Centro de Arte Moderna Gulbenkian (CAM) déploie la plus riche collection d’art moderne et contemporain portugais. Fraîchement rouvert après une vaste rénovation menée par l’architecte Kengo Kuma, le bâtiment intègre harmonieusement de nouveaux espaces lumineux à l’architecture moderniste d’origine. En parcourant ses galeries, on traverse plus d’un siècle de création artistique : des peintures lyriques d’Amadeo de Souza-Cardoso aux sculptures abstraites de Jorge Vieira, sans oublier les œuvres émouvantes de Maria Helena Vieira da Silva ou de Paula Rego. Le CAM met en avant le dialogue entre les courants artistiques portugais et internationaux, avec des pièces allant du surréalisme aux installations contemporaines. Dans ce musée ancré dans la verdure, le visiteur est invité à flâner d’une salle à l’autre comme dans un parc d’art, profitant aussi d’espaces de détente, d’un auditorium pour conférences et d’ateliers pédagogiques qui font du lieu un véritable centre vivant de la culture lisboète.
Adresse : Rua Dr. Nicolau Bettencourt, 1050-078 Lisbonne
Site web : gulbenkian.pt/cam
Museu de Arte, Arquitetura e Tecnologia (MAAT)

Posé en bordure du Tage tel un galet futuriste, le Museu de Arte, Arquitetura e Tecnologia – plus connu sous son acronyme MAAT – est l’un des lieux culturels les plus emblématiques de la Lisbonne contemporaine. Son bâtiment principal, dessiné par l’architecte Amanda Levete, arbore une toiture ondulante recouverte de carreaux blancs qui reflètent le ciel et le fleuve, invitant les passants à marcher sur sa terrasse panoramique. À l’intérieur, le MAAT propose un parcours innovant où l’art rencontre les idées et les sciences : installations multimédias, expositions d’architecture visionnaire et œuvres d’art contemporain explorent des thèmes allant de la durabilité environnementale aux nouvelles technologies. En complément, l’ancienne centrale électrique à briques rouges adjacente – la Centrale Tejo, partie intégrante du musée – offre un contraste patrimonial saisissant en exposant de gigantesques machines industrielles du début du XXe siècle. Le MAAT est ainsi un voyage sensoriel entre passé et futur, où l’on peut tantôt contempler une sculpture conceptuelle dans une vaste salle blanche, tantôt sentir la chaleur d’une chaudière historique, le tout dans un cadre riverain revitalisé où l’innovation est à l’honneur.
Adresse : Avenida de Brasília, 1300-598 Lisbonne
Site web : www.maat.pt
Museu de Arte Contemporânea Armando Martins (MACAM)

Inauguré en mars 2025 dans un palais du XVIIIe siècle magnifiquement restauré, le Museu de Arte Contemporânea Armando Martins – ou MACAM – incarne l’audace culturelle de la nouvelle Lisbonne. Installé dans le Palácio Condes da Ribeira Grande, à Alcântara, ce musée privé et novateur marie pour la première fois l’art et l’hospitalité de luxe, intégrant un hôtel cinq étoiles en son sein. En parcourant les vastes salles aux plafonds voûtés et aux parquets de bois noble, le visiteur découvre plus de 600 œuvres modernes et contemporaines issues de la collection réunie sur cinq décennies par l’entrepreneur Armando Martins. La scénographie élégante met en lumière des artistes portugais majeurs – de Júlio Pomar à Paula Rego – aux côtés de figures internationales comme Marina Abramović, Olafur Eliasson ou Daniel Buren, soulignant le dialogue entre la création nationale et mondiale. Depuis les terrasses ornées de sculptures contemporaines commissionnées pour le site, on profite d’un regard nouveau sur la ville. MACAM propose ainsi une expérience muséale immersive où le raffinement du lieu – restaurant gastronomique, café d’art – se met au service de l’art pour le plus grand plaisir des sens et de l’esprit.
Adresse : Rua da Junqueira, 66, 1300-343 Lisbonne
Site web : www.macam.pt
Museu de Arte Contemporânea / Centro Cultural de Belém (MAC/CCB)

Au sein du vaste Centro Cultural de Belém, face aux jardins impériaux de Belém, le Museu de Arte Contemporânea – MAC/CCB est le nouveau haut lieu de l’art moderne et contemporain à Lisbonne. Né en 2023 sur les bases de l’ancienne Collection Berardo, ce musée rénové offre un parcours à travers les grands mouvements artistiques du XXe et XXIe siècles. Ses galeries épurées présentent des œuvres emblématiques de figures internationales – Picasso, Dalí, Warhol ou Cindy Sherman – côtoyant les créations d’artistes portugais d’avant-garde. En visitant le MAC/CCB, on traverse des salles thématiques où peinture, sculpture, photographie et installations dialoguent : une salle peut ainsi confronter le pop art américain aux œuvres néo-pop portugaises, tandis qu’une autre célèbre l’abstraction européenne aux côtés du surréalisme local. Outre la collection permanente puisée dans plusieurs fonds prestigieux (État portugais, collection Ellipse, collection Teixeira de Freitas et ex-collection Berardo), le musée propose des expositions temporaires audacieuses et un programme dynamique de conférences, projections et ateliers. Ancré dans un centre culturel effervescent qui abrite également musique et théâtre, le MAC/CCB incarne le renouveau de la scène artistique lisboète dans un lieu vivant et éducatif.
Adresse : Centro Cultural de Belém – Praça do Império, 1449-003 Lisbonne
Site web : www.ccb.pt/macccb
Museu do Oriente

Installé dans un ancien entrepôt portuaire sur les quais d’Alcântara, le Museu do Oriente entraîne ses visiteurs dans un périple exotique sur les traces des relations séculaires entre le Portugal et l’Asie. Derrière sa façade sobre, ce musée ouvert en 2008 déploie des collections d’une rare richesse, témoins des échanges culturels nés à l’époque des Grandes Découvertes. On y admire par exemple de délicats paravents japonais aux motifs d’or et de soie, d’élégantes porcelaines de Chine commandées par les marchands portugais, des masques rituels et costumes chatoyants de Timor et d’Indonésie issus de la collection Kwok On, ou encore des maquettes de jonques et d’imposants autels hindous rapportés de Goa. À travers des parcours thématiques immersifs, le visiteur découvre comment Lisbonne, porte de l’Europe, fut un carrefour des civilisations orientales. Les salles scénographiées plongent dans l’atmosphère d’un port d’attache cosmopolite : lumière tamisée évoquant une cale de navire, musique traditionnelle en fond sonore, et bornes interactives pour approfondir l’histoire de chaque pièce. En sortant, on garde en mémoire un véritable voyage sensoriel, entre senteurs d’épices et éclats de laque, qui illustre le fascinant héritage asiatique du Portugal.
Adresse : Avenida de Brasília, Doca de Alcântara (Norte), 1350-352 Lisbonne
Site web : www.foriente.pt
Museu Nacional de Arte Antiga

Dans le quartier historique de Lapa, au sein d’un palais du XVIIe siècle bordé de jardins, le Museu Nacional de Arte Antiga est souvent comparé au “Louvre portugais”. Il s’agit en effet du principal musée d’art ancien du pays, abritant des trésors du Moyen Âge au XIXe siècle. Chaque salle y est un voyage dans le temps : on s’arrête, émerveillé, devant le célèbre polyptyque Les Saints Martyrs de Lisbonne de Nuno Gonçalves (appelé aussi Panneaux de Saint Vincent), chef-d’œuvre de la peinture portugaise du XVe siècle, ou encore devant les somptueux Paravents Namban du Japon, qui illustrent l’arrivée des premiers navigateurs lusitaniens en Orient. Les écoles européennes sont aussi représentées avec des joyaux comme la terrifiante Tentation de Saint Antoine peinte par Jérôme Bosch, dont les créatures fantastiques intriguent petits et grands. Outre les peintures, le musée expose de riches collections d’arts décoratifs : orfèvrerie médiévale, faïences indo-portugaises, mobiliers exotiques et tapisseries flamandes aux couleurs éclatantes. Après ce parcours éblouissant, une pause s’impose dans le jardin des magnolias, où la cafétéria offre une vue imprenable sur le Tage – un moment de sérénité pour contempler Lisbonne tout en prolongeant la magie des chefs-d’œuvre admirés.
Adresse : Rua das Janelas Verdes, 1249-017 Lisbonne
Site web : www.museudearteantiga.pt
Museu Nacional de História Natural e da Ciência

À deux pas du charmant jardin botanique de Lisbonne, le Museu Nacional de História Natural e da Ciência (MUHNAC) propose une plongée captivante dans l’histoire naturelle et l’aventure scientifique au Portugal. Logé dans les bâtiments néoclassiques de l’ancienne École Polytechnique, ce musée aux salles hautes de plafond respire l’atmosphère des cabinets de curiosités d’antan. On y découvre, dans de longues vitrines en bois, des collections patiemment réunies depuis plus de deux siècles : minéraux étincelants extraits des mines ibériques, fossiles marins témoignant d’océans disparus, squelettes et animaux naturalisés illustrant la faune locale et exotique. L’une des attractions phares est la galerie des dinosaures et grands squelettes, où trône la reconstitution partielle d’un dinosaure et le squelette imposant d’une baleine, rappelant la richesse paléontologique portugaise. Le musée intègre également l’ancien laboratoire de chimie du XIXe siècle, resté intact avec ses fioles, alambics et tables en marbre, offrant un voyage dans le temps scientifique. Des expositions interactives permettent aux plus jeunes de s’initier aux principes de la physique ou de l’astronomie, tandis que des visites guidées relient le musée à son jardin botanique attenant, véritable oasis de verdure en plein centre. Le MUHNAC se présente ainsi comme un lieu vivant d’apprentissage, où la curiosité du visiteur est éveillée à chaque pas par les merveilles de la nature et les prouesses de la science.
Adresse : Rua da Escola Politécnica, 56/58, 1250-102 Lisbonne
Site web : museus.ulisboa.pt/museu-nacional-de-historia-natural-e-da-ciencia
Museu Nacional do Azulejo

Lisbonne est indissociable de l’art des azulejos, ces carreaux de faïence peints qui ornent palais et façades. Le Museu Nacional do Azulejo célèbre cette tradition portugaise dans le cadre exceptionnel d’un ancien couvent du XVIe siècle, le monastère de la Madre de Deus. En poussant la porte, on est immédiatement saisi par la beauté de l’endroit : le cloître aux azulejos bleu et blanc, la chapelle baroque richement décorée d’or et de fresques, témoignent du passé historique des lieux. La collection du musée retrace cinq cents ans d’azulejos, depuis les premiers motifs hispano-mauresques aux entrelacs géométriques jusqu’aux compositions contemporaines audacieuses. Parmi les incontournables, une vaste fresque de faïence de plus de 20 mètres de long représente la vue panoramique de Lisbonne avant le tremblement de terre de 1755, chaque petit carreau reconstituant le tissu urbain d’autrefois – un document historique unique autant qu’une œuvre d’art d’une finesse incroyable. Les salles thématiques dévoilent les multiples usages du carreau céramique : scènes bibliques d’azulejos polychromes ornant les églises, panneaux didactiques racontant des fables dans les jardins, ou encore créations du XXe siècle signées par des artistes qui ont redonné ses lettres de noblesse à cet art. La visite s’achève souvent à la boutique, où l’on peut emporter un souvenir azulejo fabriqué artisanalement, prolongeant ainsi le charme de ce musée qui est un véritable poème de faïence dédié à Lisbonne.
Adresse : Rua da Madre de Deus, 4, 1900-312 Lisbonne
Site web : www.museudoazulejo.pt
Museu Nacional dos Coches

Dans le quartier de Belém, un grand bâtiment moderne de verre et de béton abrite l’une des collections les plus étonnantes de Lisbonne : le Museu Nacional dos Coches, ou musée des Carrosses. Ici, ce ne sont pas des toiles ou des sculptures qui occupent l’espace, mais de somptueux carrosses et berlines d’apparat, témoins roulants du faste des cours européennes d’antan. La collection, considérée comme la plus riche au monde dans son genre, fut créée en 1905 par la reine Amélie pour préserver ces trésors du patrimoine hippomobile. Sous la lumière naturelle des vastes salles, on peut admirer de près les dorures étincelantes, les sculptures en bois finement ciselées et les panneaux peints qui ornent ces véhicules d’un autre temps. Parmi les pièces maîtresses se trouvent les trois carrosses gigantesques envoyés à Rome en 1716 en ambassade auprès du pape Clément XI – de véritables théâtres roulants décorés de figures allégoriques et de scènes triomphales, dont la beauté laisse sans voix. Non loin, le carrosse offert par ce même pape au roi João V, tout en or et en reliefs exubérants, brille de mille feux sous les projecteurs. Chaque véhicule raconte une histoire : celle d’un mariage royal, d’une parade triomphale ou d’un voyage diplomatique. Des écrans interactifs et des maquettes permettent d’imaginer ces carrosses en mouvement dans les rues pavées d’autrefois. Le musée dispose également de l’ancienne manège couvert (le Picadeiro Real), un élégant manoir d’époque où d’autres calèches et harnais sont exposés dans leur cadre d’origine, ajoutant une touche historique supplémentaire à la visite. Entrer au Musée des Coches, c’est comme feuilleter un album somptueux de l’Europe baroque, où se mêlent art, pouvoir et artisanat d’excellence.
Adresse : Avenida da Índia, 136, 1300-300 Lisbonne
Site web : www.museudoscoches.gov.pt
Museu do Design (MUDE)

En plein centre-ville, à deux pas de l’Arco da Rua Augusta, le Museu do Design et de la Mode – plus connu sous le nom de MUDE – est un musée résolument tourné vers la création des XXe et XXIe siècles. Installé dans l’ancienne banque nationale ultramarine, un immeuble Art Déco dont les coffres en sous-sol ont été conservés, le MUDE a rouvert ses portes après de longues rénovations pour dévoiler une collection éclectique de design mondial. Parcourir ses galeries, c’est faire un bond dans le temps à travers les objets qui ont marqué notre quotidien : chaises iconiques de Charles et Ray Eames, lampes futuristes d’Ettore Sottsass, postes de radio vintage en bakélite ou robes avant-gardistes de grands couturiers. La collection, issue du collectionneur Francisco Capelo, met un accent particulier sur le dialogue entre design et société. Ainsi, une section entière est dédiée au design portugais, célébrant la créativité locale depuis les années 1950 avec des pièces de mobilier aux lignes épurées et des affiches graphiques audacieuses. Le parcours, intelligemment scénographié, joue sur les contrastes : dans l’ancienne salle des coffres, on découvre des bijoux de haute couture et des accessoires de mode insolites disposés dans les casiers blindés, tandis que l’étage supérieur, baigné de lumière, expose des objets du quotidien élevés au rang d’œuvres d’art. Ludique et inspirant, le MUDE est un lieu où l’on touche du regard l’évolution du style de vie à travers les formes, du téléphone à cadran des années 1960 aux chaises en plastique moulé ultra-contemporaines. Un passage par la boutique design du musée s’impose pour les amateurs d’objets originaux, concluant une visite qui ravira aussi bien les passionnés de création que les curieux de culture urbaine.
Adresse : Rua Augusta, 24, 1100-053 Lisbonne
Site web : www.mude.pt
Autres musées qui valent aussi une visite
Au-delà de ses institutions phares, Lisbonne recèle de nombreux autres musées, plus modestes ou spécialisés, qui méritent le détour. Chacun offre un éclairage original sur un aspect de la culture ou de l’histoire, et complète à sa manière le paysage muséal de la ville. Voici une sélection d’autres musées lisboètes à découvrir pour enrichir votre exploration culturelle :
Atelier-Museu Júlio Pomar

Dans le quartier bohème de Bairro Alto, l’Atelier-Museu Júlio Pomar est un espace intime dédié à l’un des plus grands peintres portugais du XXe siècle, Júlio Pomar. Installé dans un ancien entrepôt réhabilité par l’architecte Álvaro Siza Vieira, le bâtiment mariant pierre et verre est à la fois sobre et contemporain, offrant un écrin discret à l’œuvre de l’artiste. L’ambiance y est presque confidentielle : quelques salles baignées de lumière naturelle où sont exposées peintures, dessins, gravures et sculptures de Pomar, couvrant les différentes périodes de sa vie créative. On y retrouve ses thèmes de prédilection – scènes urbaines de Lisbonne, figures animales expressives, portraits chargés d’émotion – qui reflètent l’engagement et la sensibilité de ce peintre qui vécut la dictature et la révolution portugaise. Le musée conserve également l’atelier reconstitué de Júlio Pomar, avec ses pinceaux, chevalets et pigments, permettant d’imaginer l’artiste à l’œuvre. Des expositions temporaires mettent parfois en regard son travail avec celui d’autres créateurs contemporains, prolongeant le dialogue artistique. Niché dans une rue tranquille, l’Atelier-Museu offre un moment de quiétude et de réflexion esthétique, une plongée sincère dans l’univers d’un peintre-poète, loin de l’agitation urbaine.
Adresse : Rua do Vale, 7, 1200-472 Lisbonne
Site web : www.ateliermuseujuliopomar.pt
Casa Ásia – Coleção Francisco Capelo

Cachée dans le Bairro Alto, la Casa Ásia est l’un des nouveaux joyaux culturels de Lisbonne. Aménagée dans le Palácio Portugal da Gama, un palais du XVIIe siècle restauré par la Santa Casa da Misericórdia, elle abrite la collection d’art asiatique rassemblée pendant plus de vingt ans par le collectionneur Francisco Capelo. Dès l’entrée, le visiteur est émerveillé par l’élégance des salles voûtées et des boiseries exotiques, où quelque 400 pièces triées sur le volet racontent l’art et la culture de 14 pays d’Asie. Des statues millénaires de Bouddha du Sri Lanka aux délicates peintures sur soie du Japon, en passant par des bijoux rituels de l’Inde moghole et des marionnettes traditionnelles d’Indonésie, chaque vitrine ouvre une fenêtre sur un monde lointain. La scénographie contemporaine, sobre et raffinée, met en valeur la rareté de ces objets : ici un paravent chinois finement laqué représentant des paysages célestes, là un ensemble de céramiques persanes d’un bleu profond, plus loin un trône sculpté en bois doré venu de Thaïlande. La Casa Ásia offre ainsi un voyage immobile d’un bout à l’autre du continent asiatique, soulignant au passage les liens historiques qui unissent ce patrimoine à celui du Portugal – notamment à travers les échanges commerciaux et artistiques de l’époque coloniale. Ce musée thématique, inauguré récemment, est rapidement devenu un lieu de prédilection pour les passionnés d’art et d’histoire en quête d’évasion culturelle au cœur de Lisbonne.
Adresse : Largo Trindade Coelho, 22, 1200-470 Lisbonne
Site web : casaasia-cfc.scml.pt
Casa Fernando Pessoa

Dans le quartier résidentiel de Campo de Ourique, la Casa Fernando Pessoa invite à entrer dans l’univers intime de l’écrivain le plus énigmatique du Portugal. C’est ici, au n°16 de la Rua Coelho da Rocha, que Fernando Pessoa a passé les dernières années de sa vie, et la maison a été transformée en un musée littéraire vibrant. Le parcours mène d’abord à la reconstitution émouvante de sa chambre : un espace modeste avec son lit de fer, sa malle de voyage et son fameux bureau où s’entassent livres et papiers. On y voit la célèbre machine à écrire sur laquelle il donna vie à ses multiples hétéronymes, ces alter ego littéraires aux identités distinctes qu’il créa. À l’étage, des salles interactives plongent le visiteur dans l’œuvre protéiforme de Pessoa : on peut y écouter des enregistrements de poèmes, feuilleter virtuellement des manuscrits ou observer, sous verre, ses lunettes rondes et son carnet d’adresses. La Casa Fernando Pessoa fonctionne aussi comme un centre culturel vivant, avec une bibliothèque de poésie multilingue et des salons cosy où se tiennent des lectures, des conférences et des ateliers d’écriture. Les murs colorés sont ornés de citations envoûtantes du poète, invitant chacun à la réflexion et au rêve. En sortant, on peut flâner dans le quartier pittoresque que Pessoa arpentait quotidiennement – comme pour prolonger la conversation avec ce génie littéraire qui a fait de Lisbonne le théâtre secret de son imaginaire.
Adresse : Rua Coelho da Rocha, 16-18, 1250-088 Lisbonne
Site web : www.casafernandopessoa.pt
Casa-Museu Medeiros e Almeida

En plein cœur du Lisbonne élégant, non loin de l’Avenida da Liberdade, la Casa-Museu Medeiros e Almeida est un véritable écrin de raffinement qui transporte le visiteur dans l’atmosphère feutrée d’une demeure aristocratique du XXe siècle. Ancienne résidence du financier António de Medeiros e Almeida, cette maison a été transformée en musée pour présenter la collection d’art somptueuse réunie par son propriétaire au fil de sa vie. On déambule à travers 27 salles richement aménagées, passant du salon français style Louis XV à la chambre Empire, du boudoir rococo à la galerie des horloges. Chaque pièce expose des trésors d’arts décoratifs : porcelaines exquises de Chine et de Sèvres, peintures de maîtres européens (Guardí, Fragonard…), mobilier précieux en bois exotique incrusté de nacre, et une extraordinaire collection de montres et pendules anciennes. Parmi ces dernières, l’une des vedettes est une horloge ayant appartenu à la reine Marie-Antoinette, dont le mécanisme complexe fascine petits et grands. Au détour d’un escalier, on découvre également un nécessaire de toilette en or massif, des bijoux Belle Époque et même un rarissime service de table ayant voyagé sur un paquebot transatlantique. La magie de ce musée réside dans son authenticité : les objets sont restés à l’endroit même où le collectionneur les avait disposés, comme si les propriétaires allaient revenir d’un instant à l’autre. Une petite cour intérieure offre une pause agréable entre palmiers et fontaine, avant de reprendre le cours de la visite. La Casa-Museu Medeiros e Almeida est un lieu hors du temps, où luxe et intimité se conjuguent pour raconter l’histoire d’une passion pour l’art et le beau.
Adresse : Rua Rosa Araújo, 41, 1250-194 Lisbonne
Site web : www.museumedeirosealmeida.pt
Fundação Albuquerque (musée de la Céramique)

À Sintra, ville voisine de Lisbonne connue pour ses palais romantiques, la Fundação Albuquerque a ouvert en 2025 un musée inédit consacré à l’art de la céramique, offrant aux visiteurs un parcours d’une élégance rare à travers les porcelaines et faïences les plus exquises. Logé dans un édifice moderne conçu par le cabinet d’architectes Bernardes, le lieu étonne par son intégration harmonieuse dans le paysage de collines verdoyantes. À l’intérieur, la fondation abrite la prestigieuse collection de céramiques chinoises de Renato Albuquerque, réunissant plus de 2600 pièces couvrant les dynasties Ming et Qing. Sous les vitrines éclairées, on contemple émerveillé des vases impériaux aux émaux bleu et blanc d’une finesse inouïe, des assiettes de la Compagnie des Indes aux motifs européens commandées par l’aristocratie portugaise du XVIIIe siècle, ou encore de délicates figurines en porcelaine de Chine représentant des divinités et des animaux mythiques. Chaque objet raconte les échanges commerciaux et culturels entre l’Orient et l’Occident. Le musée ne se limite pas à l’ancien : une aile entière est dédiée à la céramique contemporaine, avec des expositions temporaires audacieuses – l’ouverture a ainsi été marquée par une installation du céramiste et artiste américain Theaster Gates, qui dialogue avec les traditions asiatiques. Des espaces de médiation interactive permettent de comprendre les techniques de fabrication, depuis le modelage de la terre jusqu’à la cuisson au four, et même d’essayer virtuellement la peinture sur porcelaine. En sortant, la vue panoramique sur les montagnes de Sintra prolonge l’expérience de sérénité et de beauté. La Fundação Albuquerque s’impose dès son lancement comme un incontournable pour les amateurs d’arts décoratifs, combinant richesse patrimoniale et modernité muséale dans un cadre enchanteur.
Adresse : Rua António dos Reis, 189, 2710-302 Sintra
Site web : www.albuquerquefoundation.pt
Fundação Arpad Szenes – Vieira da Silva

Au bord du coquet Jardim das Amoreiras, la Fundação Arpad Szenes – Vieira da Silva est un musée consacré à l’un des couples d’artistes les plus emblématiques du XXe siècle, la peintre portugaise Maria Helena Vieira da Silva et son époux hongrois Árpád Szenes. Installé dans l’ancienne Fábrica dos Tecidos (manufacture de soieries) d’Amoreiras, le bâtiment allie le charme de l’ancien – murs épais de calcaire, poutres apparentes – à une muséographie épurée. Les salles claires mettent en valeur les toiles abstraites et colorées de Vieira da Silva, où des entrelacs de formes suggèrent des villes imaginaires, des bibliothèques infinies ou des foules en mouvement. À côté, les œuvres plus figuratives et intimistes d’Árpád Szenes – portraits, paysages doux – créent un contraste apaisant. Le parcours, à la fois chronologique et thématique, permet d’explorer le dialogue artistique et affectif qui unissait ces deux créateurs cosmopolites ayant traversé les tumultes du siècle (exil pendant la Seconde Guerre mondiale, vie à Paris puis à Lisbonne). Des esquisses, des photographies d’atelier et des objets personnels – tubes de peinture, carnets de croquis – ponctuent la visite et rendent les artistes présents. La fondation accueille également des expositions temporaires d’art moderne et contemporain dans l’esprit de Vieira da Silva, ainsi qu’une reconstitution de son atelier parisien qui fascine les amateurs. Le petit café du musée, ouvrant sur le jardin, offre un cadre idéal pour feuilleter le catalogue ou simplement rêver devant la fontaine aux mûriers qui a donné son nom au lieu. Intime et lumineux, ce musée est un hommage touchant à deux destins artistiques entremêlés, dont Lisbonne garde précieusement la mémoire.
Adresse : Praça das Amoreiras, 56, 1250-020 Lisbonne
Site web : www.fasvs.pt
Museu Benfica – Cosme Damião

Le Museu Benfica – Cosme Damião est un lieu de pèlerinage pour tout passionné de football au Portugal. Situé dans l’enceinte du stade de la Luz, antre du célèbre club du Benfica, ce musée ultramoderne retrace plus d’un siècle de gloire sportive de l’équipe lisboète et, au-delà, l’histoire d’une ferveur populaire partagée par des générations de supporters. Dès l’entrée, le ton est donné : un gigantesque pylône de verre s’élève sur trois étages, exhibant près de 500 trophées brillamment éclairés – coupes nationales, ligues européennes, ballons de champion – formant une colonne vertébrale scintillante à travers le bâtiment. Le parcours muséal est scénographié de manière immersive et chronologique. On commence au début du XXe siècle, avec les objets fondateurs (vieilles photographies, premiers maillots rayés, témoignages du légendaire Cosme Damião qui co-fonda le club en 1904), puis on avance dans le temps en revivant les matchs de légende grâce à des vidéos d’archives palpitantes. Une salle est dédiée à la plus grande icône du club, Eusébio, surnommé la “Panthère Noire” : ses Ballons d’or, ses crampons, et même un saisissant hologramme à taille réelle du joueur accueillent le visiteur pour narrer ses exploits. Plus loin, on s’amuse devant des installations interactives – simulateur de tirs au but, chant de la foule reproduit en 3D audio autour de soi – ou on s’émerveille devant les maquettes du stade à différentes époques. Le musée n’oublie pas le contexte, reliant les triomphes du Benfica aux événements historiques du Portugal, ce qui en fait aussi un récit social du pays. La visite se termine en apothéose dans une coupole immersive où un film à 360° fait revivre une soirée de finale au stade, transportant chacun au cœur de l’émotion collective. En sortant, difficile de ne pas ressentir l’âme du Benfica vibrer en soi, tant ce musée réussit à communiquer la passion du football lisboète.
Adresse : Avenida Eusébio da Silva Ferreira (Estádio do SL Benfica), 1500-313 Lisbonne
Site web : www.slbenfica.pt/pt-pt/instituicao/instalacoes/museu-benfica
Museu da Água

Discret mais captivant, le Museu da Água offre un regard sur l’histoire ingénieuse de l’approvisionnement en eau de Lisbonne à travers les siècles. Géré par la compagnie des eaux (EPAL), ce musée atypique est éclaté en plusieurs sites patrimoniaux dans la ville. Le cœur de la visite se situe à la station des Barbadinhos, une ancienne station de pompage à vapeur du XIXe siècle, dont la salle des machines a été conservée dans son état d’origine. Là, de monumentales pompes à vapeur en fonte, avec pistons et volants d’inertie, trônent encore fièrement, témoignages de la révolution industrielle qui permit d’acheminer l’eau courante aux Lisboètes. Les visites guidées donnent vie à ces géants de métal : on imagine le vacarme et la chaleur qu’ils dégageaient en fonctionnement, pompant l’eau de la rivière pour la pousser dans l’aqueduc. Justement, le musée inclut également une portion de l’impressionnant Aqueduto das Águas Livres, ouvrage d’ingénierie du XVIIIe siècle qui enjambe la vallée d’Alcântara avec ses arches majestueuses. Il est possible de le parcourir à pied sur un segment, profitant d’une vue panoramique sur la ville tout en mesurant l’audace de cette construction. Un autre site notable est le réservoir Mãe d’Água das Amoreiras, vaste citerne voûtée aux allures de cathédrale souterraine, où se reflètent colonnes et arcs dans l’eau limpide – un lieu magique souvent utilisé pour des expositions et concerts. L’ensemble du parcours du Museu da Água permet de comprendre comment Lisbonne, dès l’époque romaine puis au fil des siècles, a su capter les sources, stocker, traiter et distribuer ce bien précieux. Des maquettes, cartes anciennes et instruments scientifiques complètent l’expérience éducative. On en ressort avec un nouveau regard sur chaque fontaine et chaque robinet de la ville, conscients de l’ingéniosité humaine déployée pour dompter l’eau et l’amener jusqu’à nous.
Adresse : Rua do Alviela, 12, 1170-012 Lisbonne
Site web : www.epal.pt
Museu da Carris

Au pied du pont du 25 Avril, le Museu da Carris célèbre l’histoire des transports publics de Lisbonne, intimement liée à l’identité de la ville aux sept collines. Logé dans les anciennes halles de la compagnie de tramways Carris à Santo Amaro, ce musée industriel ravit particulièrement les familles et les nostalgiques. On y entreprend un voyage dans le temps à bord des légendaires eléctricos jaunes : plusieurs tramways et bus d’époque, soigneusement restaurés, sont exposés à l’abri des remises. Le clou de la visite est de pouvoir monter à l’intérieur de certaines de ces voitures d’un autre âge – sentir le bois patiné des banquettes, actionner la cloche de signal – et s’imaginer dévalant les ruelles d’Alfama ou de Bairro Alto dans les années 1920. Des photographies anciennes montrent ces mêmes véhicules, bondés de passagers en chapeaux melons ou foulards, zigzaguant entre charrettes et automobiles rétro. Outre les tramways, le musée présente une collection d’objets insolites liés à l’univers des transports : uniformes des conducteurs à travers les décennies, modèles réduits de dépôts, tickets et composteurs manuels, anciennes affiches publicitaires vantant la modernité des transports en commun au siècle dernier. Une des particularités appréciées du lieu est la navette interne : un petit tramway historique en état de marche transporte les visiteurs d’un bâtiment à l’autre au sein du complexe, transformant la visite en une expérience ludique. Au-delà de l’aspect technique, le Museu da Carris met en lumière le rôle social du tramway et du bus dans la vie quotidienne des Lisboètes, reliant quartiers et personnes. Un hommage charmant et instructif à ces machines attachantes qui, encore aujourd’hui pour les tramways, font partie intégrante du paysage de Lisbonne.
Adresse : Rua 1º de Maio, 101-103, 1300-472 Lisbonne
Site web : museu.carris.pt
Museu da Marioneta

Dissimulé dans l’enceinte paisible d’un ancien couvent du XVIIe siècle (le Convento das Bernardas, dans le quartier de Santos/Madragoa), le Museu da Marioneta de Lisbonne offre une plongée enchantée dans le monde du théâtre d’objets et de marionnettes. Les vieilles pierres monacales abritent une collection bigarrée de marionnettes venues des quatre coins du globe, véritables ambassadrices de différentes traditions. Dans la semi-pénombre d’une salle, on découvre les frêles silhouettes en cuir des marionnettes d’ombre de l’Indonésie, finement ciselées et projetant des formes poétiques lorsqu’elles s’animent à la lueur d’une lampe. Plus loin, de grands marionnettes birmanes aux costumes brodés d’or côtoient les marionnettes à fil délicatement peintes de Tchéquie, tandis qu’une joyeuse troupe de marionnettes de Sicile – redoutables chevaliers à l’armure de métal – semblent prêtes à en découdre pour l’honneur. Le musée consacre également une large part à la tradition portugaise : on y rencontre le facétieux Dom Roberto, personnage de gaine espiègle du théâtre populaire de rue, ou encore les figures du Teatro D. Maria II en miniature qui rejouent les grandes pièces du répertoire national. Des vidéos et bornes interactives permettent de voir ces marionnettes en action dans leurs contextes originels, tandis que des ateliers organisés sur place invitent petits et grands à manipuler et donner vie à ces créatures de bois, de tissu et de fil. En sortant, on passe devant l’atelier de restauration où, à travers une vitre, l’on peut apercevoir des artisans redonnant couleurs et mobilité à ces fragiles acteurs. Le Museu da Marioneta est un lieu à part, à la fois pédagogique et magique, qui rappelle que l’art de la marionnette, universel et intemporel, est un langage sans frontières qui sait émerveiller tous les âges.
Adresse : Rua da Esperança, 146, 1200-660 Lisbonne
Site web : www.museudamarioneta.pt
Museu de Arte Popular

En bordure du Tage, non loin du Monument des Découvertes à Belém, le Museu de Arte Popular est un joyeux hommage aux arts et traditions populaires du Portugal. Installé dans un bâtiment bas aux fresques colorées – vestige de l’Exposition de l’Univers portugais de 1940 – le musée séduit dès l’entrée par son style rétro plein de charme, mélange d’esthétique moderniste et de motifs folkloriques peints sur ses murs. À l’intérieur, le parcours est organisé par régions et thématiques, reflétant la diversité culturelle du pays du Minho à l’Algarve. On y découvre les savoir-faire ancestraux des artisans portugais : costumes traditionnels brodés de fils d’or et chapeaux ornés de plumes des fêtes du nord, céramiques rustiques aux motifs géométriques de l’Alentejo, jouets en bois sculpté et masques de carnaval aux visages démoniaques provenant de villages reculés de Trás-os-Montes. Chaque vitrine évoque un pan de la vie rurale d’autrefois, qu’il s’agisse de la reconstitution d’une cuisine paysanne garnie d’ustensiles en cuivre et de poteries, ou d’un attelage de bœufs décoré pour les défilés de saints patrons. Les objets exposés ne sont pas que témoignages ethnographiques : ils frappent par leur beauté simple et authentique, qu’il s’agisse d’un gigantesque tapis d’Arraiolos tissé de laine multicolore ou d’une collection de barcelos – ces coqs en terre cuite peints, symboles de chance, emblèmes du folklore portugais. Le musée, convivial et lumineux, s’attache également à montrer comment l’art populaire a inspiré les artistes et designers contemporains, avec quelques pièces modernes qui rendent hommage aux motifs traditionnels. Fréquenté autant par les familles portugaises que par les touristes curieux, le Musée de l’Art Populaire offre une immersion rafraîchissante et joyeuse dans l’âme du Portugal profond, loin des ors de la cour mais au plus près du cœur du peuple.
Adresse : Avenida de Brasília, 202, 1400-038 Lisbonne
Site web : museuartepopular.wordpress.com
Museu de Lisboa – Palácio Pimenta

Pour qui souhaite comprendre l’évolution de Lisbonne à travers les âges, le Museu de Lisboa et son siège principal au Palácio Pimenta est un passage obligé. Ce charmant palais du XVIIIe siècle, niché dans un parc verdoyant du Campo Grande, abritait jadis un noble lisboète et s’ouvre aujourd’hui aux visiteurs comme la mémoire vivante de la cité. Le rez-de-chaussée nous ramène au temps de la Olisipo romaine : on y a reconstitué des mosaïques antiques aux motifs marins découvertes sous la ville et mis en scène le quotidien il y a 2000 ans avec des amphores, des bijoux et même un buste de l’Empereur Auguste retrouvé près du Tage. Plus loin, la période médiévale et la Renaissance dévoilent les secrets de la ville avant le séisme de 1755 : des maquettes tactiles et un immense plan-relief permettent d’observer le tracé des ruelles et l’emplacement des bâtiments disparus. Le musée possède d’ailleurs une pièce phare, exposée dans une salle dédiée : le modèle miniature de Lisbonne tel qu’il était juste avant le tremblement de terre, un travail d’une précision extraordinaire réalisé au XXe siècle, qui fascine les visiteurs en illustrant l’ampleur du cataclysme qui a remodelé la ville. À l’étage, on traverse Lisbonne après 1755, reconstruite dans le style pombalin : meubles, azulejos, tableaux et objets d’art retracent l’évolution de la vie quotidienne lisboète aux XVIIIe et XIXe siècles, des cafés littéraires aux maisons bourgeoises éclairées au gaz. Une salle évoque aussi l’épopée maritime avec des maquettes de caravelles et des instruments de navigation, rappelant que Lisbonne fut le point de départ des grands explorateurs. Le jardin du palais, orné de bassins et de paons en liberté, accueille quelques sculptures et vestiges archéologiques et constitue un prolongement bucolique de la visite. En plus du Palácio Pimenta, le Museu de Lisboa s’étend sur d’autres antennes thématiques dispersées en ville (musée romain du Teatro Romano, musée de Santo António, etc.), mais c’est ici, dans ce palais baroque, que bat le cœur de l’histoire de Lisbonne, relatée avec pédagogie et passion.
Adresse : Campo Grande, 245, 1700-091 Lisbonne
Site web : www.museudelisboa.pt
Museu do Aljube – Resistência e Liberdade

À deux pas de la cathédrale Sé, dans les murs austères d’une ancienne prison politique, le Museu do Aljube – Resistência e Liberdade propose un témoignage poignant sur les heures sombres de la dictature portugaise (1926-1974) et la lutte pour la liberté. L’édifice, dénommé “Aljube” (qui signifie cachot), a servi de geôle pour les opposants au régime de Salazar – notamment pour de nombreux résistants et intellectuels – et il a été transformé en musée de la mémoire en 2015. La visite, forte en émotion, débute dans les sous-sols voûtés : on y découvre les cellules exiguës et humides où étaient détenus les prisonniers, reconstituées avec un réalisme glaçant. Bruits de chaînes, échos de pas dans le couloir, lettres de détenus projetées sur les murs – l’atmosphère immersible fait ressentir l’isolement et la détresse. En remontant, les étages présentent de façon chronologique la montée de la dictature, la répression exercée par la police politique (PIDE) et les différents visages de la résistance. Des objets personnels – comme une machine à écrire clandestine, un journal interdit, la photographie d’un étudiant emprisonné – incarnent ces histoires de courage face à l’oppression. Des installations multimédias diffusent des témoignages vibrants d’anciens prisonniers, tandis que des documents d’archive (films, affiches, tracts) restituent le contexte de l’époque : la propagande omniprésente, la censure de la presse, la guerre coloniale qui saigne le pays. Le parcours se termine par l’évocation de la Révolution des Œillets du 25 avril 1974, victoire pacifique de la démocratie. Des images de liesse dans les rues, des fusils ornés d’un œillet rouge, la chanson Grândola, Vila Morena symbole de la révolution diffusée dans la salle – tous ces éléments laissent le visiteur sur une note d’espoir et d’émotion intense. Plus qu’un musée, le Museu do Aljube est un lieu de conscience, qui honore ceux qui ont souffert et combattu pour la liberté, et qui rappelle l’importance de la préserver.
Adresse : Rua de Augusto Rosa, 42, 1100-059 Lisbonne
Site web : www.museudoaljube.pt
Museu do Fado

Au cœur du quartier d’Alfama, berceau du fado, le Museu do Fado fait vibrer l’âme musicale de Lisbonne en célébrant son genre le plus emblématique, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Installé dans une ancienne station de pompage reconvertie près du Largo do Chafariz de Dentro, le musée accueille le visiteur en musique : dès l’entrée, une mélodie de guitare portugaise et une voix de fadista enveloppent l’espace. La scénographie, chaleureuse et interactive, entraîne dans l’histoire du fado depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours. On découvre les tavernes modestes où ce chant plaintif est né, grâce à des gravures et objets d’époque, puis on suit sa popularisation dans les salons bourgeois et sur les ondes de la radio. De vitrines en bornes sonores, les grandes figures du fado se présentent : l’icône indétrônable Amália Rodrigues a sa robe de scène noire exposée sous les projecteurs, à côté de ses bijoux et disques d’or, tandis que plus loin la guitare en bois délicatement ouvragée de Carlos Paredes semble n’attendre qu’une main pour faire résonner ses cordes. Le musée propose à chaque étape d’écouter des enregistrements originaux – casques sur les oreilles, on peut comparer les styles de différentes voix légendaires, des timbres profonds de Alfredo Marceneiro aux tonalités nouvelles de Mariza. Un espace immersif permet même de s’essayer au chant : face à un écran-karaoké, le visiteur peut entonner un fado, accompagné virtuellement par des musiciens (un défi pour les plus audacieux!). Outre la musique, le musée présente les aspects visuels liés au fado : affiches de spectacles aux couleurs vives, photographies de maisons de fado dans les ruelles escarpées, peintures inspirées par cette mélancolie poétique qu’est le “saudade”. Avant de partir, il faut s’arrêter dans la petite cour où une fresque murale rend hommage aux poètes du fado, rappelant que ce chant est indissociable de la langue portugaise et de ses vers. Le Museu do Fado est une expérience sensorielle complète – on en ressort le cœur serré et enchanté à la fois, avec l’envie irrépressible d’aller, le soir même, écouter du fado en live dans l’une des casas de fado toutes proches.
Adresse : Largo do Chafariz de Dentro, 1, 1100-139 Lisbonne
Site web : www.museudofado.pt
Museu do Tesouro Real

Au sein du Palais National d’Ajuda, sur les hauteurs de Lisbonne, le tout nouveau Museu do Tesouro Real (Musée du Trésor Royal) permet d’approcher de près les trésors fastueux de la couronne portugaise, longtemps gardés à l’abri des regards. Ouvert en 2022 dans une aile contemporaine adjacente au palais, ce musée offre un contraste fascinant entre la modernité de son architecture – béton clair et surfaces vitrées anti-effraction – et l’éclat historique de ses collections. Dès la salle d’accueil, le ton est donné : on y pénètre comme dans un coffre-fort géant, à travers d’épaisses portes blindées, signe de la valeur inestimable des pièces exposées. À l’intérieur, dans une pénombre calculée rehaussée de faisceaux de lumière ciblés, les joyaux des rois et reines du Portugal scintillent de mille feux. Couronnes serties de diamants, diadèmes en platine rehaussés d’émeraudes de Colombie, parures de rubis et colliers de perles fines défilent derrière des vitrines renforcées. Chacun de ces joyaux raconte une histoire : tel diadème offert à la reine Maria Pia par son époux roi Luís Ier, tel poignard de cérémonie incrusté de pierres précieuses ramené d’Angola au XIXe siècle, ou encore l’imposant sceptre royal décoré de motifs d’armillaire rappelant l’âge des Découvertes. L’exposition ne se limite pas aux bijoux : la collection d’orfèvrerie éblouit avec des pièces comme la Custódia de Belém (monstrance d’orfèvre en or massif, chef-d’œuvre de la Renaissance portugaise) ou le service de table en vermeil de la famille royale. Des interactive permettent d’observer à l’écran le détail des pierres et des techniques de joaillerie anciennes, ainsi que de replacer ces trésors dans leur contexte historique, souvent mouvementé (certains bijoux ont survécu à l’exil de la cour au Brésil, d’autres ont été cachés pendant la République). Le point culminant de la visite est la Salle des Joyaux, une pièce circulaire où, sous une vitrine cylindrique, repose le légendaire Diamant de Lisbonne, gemme de 26 carats aux reflets bleu-vert, entouré d’autres pierres fameuses serties sur les insignes de l’Ordre du Christ. Les yeux éblouis, le visiteur ressort par un couloir didactique expliquant les mesures de sécurité high-tech du musée – un clin d’œil final qui rappelle que ce trésor digne d’un conte est bien réel. Le Musée du Trésor Royal offre une immersion rare dans le luxe et le pouvoir d’antan, et enrichit le Palais d’Ajuda d’une dimension spectaculaire nouvelle.
Adresse : Calçada da Ajuda, 1349-021 Lisbonne
Site web : www.tesouroreal.pt
Museu Nacional de Arqueologia

Attenant au majestueux monastère des Jerónimos à Belém, le Museu Nacional de Arqueologia est un temple du passé qui préserve les vestiges des civilisations ayant façonné le territoire portugais. Fondé en 1893 par l’archéologue José Leite de Vasconcelos, ce musée national accueille le visiteur sous de belles voûtes manuélines et propose un parcours riche couvrant la préhistoire, l’époque romaine, le Moyen Âge et les civilisations extra-européennes. Dans la grande salle d’entrée trônent des statues et stèles ibères vieilles de plus de 2500 ans, notamment le fameux Guerrier de Silves, figure de pierre brandissant son épée, gardien silencieux de l’âge du fer local. Plus loin, la section romaine nous plonge dans la Lusitanie antique : mosaïques polychromes découvertes in situ, bustes d’empereurs en marbre blanc, vaisselle fine et monnaies d’or témoignent de la romanisation de l’ouest de la péninsule. On peut y admirer la superbe mosaïque de l’Océan, aux teintes bleutées, qui décorait jadis une villa de Conimbriga. La collection d’orfèvrerie émerveille également, avec des trésors comme le Trésor d’Idanha-a-Velha où pendentifs en or, bagues gravées et pièces romaines cachés au Ve siècle racontent l’insécurité de la fin de l’Empire. Le musée possède aussi une remarquable galerie égyptienne : sarcophages richement décorés, momies humaines et animales (dont un impressionnant crocodile momifié), ainsi que le précieux Livre des Morts d’Ani sur papyrus – un détour exotique qui rappelle l’engouement pour l’égyptologie au début du XXe siècle. Pour le Moyen Âge, on retient la collection de bijoux wisigothiques en or massif sertis de grenats, trouvés dans des tombes nobles, ainsi que des fragments sculptés d’églises proto-chrétiennes. Des maquettes et vidéos permettent d’imaginer les sites archéologiques tels qu’ils ont été mis au jour à travers le pays. À la sortie, le cloître du monastère voisin attend pour prolonger la contemplation. Le Musée d’Archéologie de Lisbonne, par la richesse et la variété de ses pièces, offre un formidable voyage dans le temps, illustrant à quel point le sol portugais est un palimpseste d’histoires humaines depuis la nuit des temps.
Adresse : Praça do Império, 1400-206 Lisbonne
Site web : www.museunacionalarqueologia.gov.pt
Museu Nacional de Arte Contemporânea do Chiado – MNAC

En plein Chiado, quartier des artistes et des cafés littéraires, le Museu Nacional de Arte Contemporânea – que les Lisboètes appellent simplement “Museu do Chiado”, ou MNAC – abrite l’âme artistique du Portugal des XIXe et XXe siècles. Installé dans l’ancien couvent São Francisco da Cidade, dont la rénovation moderne a été confiée à l’architecte français Jean-Michel Wilmotte, le lieu marie l’austérité des murs anciens à des espaces minimalistes et lumineux. La collection permanente déroule un récit passionnant de l’évolution de l’art portugais, du romantisme à l’aube du modernisme jusqu’aux mouvements contemporains d’après-guerre. On y admire les toiles romantiques de mestre Columbano Bordalo Pinheiro, avec ses scènes de salons feutrés et de bourgeoisie lisboète fin XIXe, puis on est frappé par le tournant naturaliste et réaliste incarné par Silva Porto ou Malhoa (son célèbre Fado représentant une chanteuse de rue mélancolique fait écho à l’âme de la ville). La transition vers la modernité est illustrée par le flamboyant Amadeo de Souza-Cardoso : ses œuvres audacieuses, mêlant cubisme, futurisme et onirisme, figurent parmi les joyaux du musée. Les années 1920-1930 surprennent avec les expériences surréalistes de António Pedro ou d’Artur do Cruzeiro Seixas, et plus loin les abstractions des années 1950. Les sculptures occupent également une place de choix – du marbre néoclassique de Soares dos Reis au bronze épuré de Canto da Maya – offrant un dialogue en trois dimensions avec les peintures. Une salle est dédiée aux artistes contemporains postérieurs à 1960, avec des installations et œuvres conceptuelles qui montrent que l’art portugais a continué de se réinventer jusqu’à aujourd’hui. Ponctuant la visite, de grandes fenêtres offrent des vues sur le jardin des esculturas, une cour intérieure où quelques sculptures se détachent sur la verdure, créant une respiration poétique. Le Musée du Chiado est aussi un lieu de réflexion : une bibliothèque spécialisée accueille étudiants et chercheurs, et des expositions temporaires audacieuses y sont organisées, souvent en lien avec le panorama international. Intime par sa taille, ce musée n’en est pas moins fondamental pour comprendre l’identité culturelle portugaise moderne. On en ressort en ayant le sentiment d’avoir conversé avec les grands esprits artistiques qui ont façonné, critique après critique, rêve après rêve, le visage de la création portugaise actuelle.
Adresse : Rua Serpa Pinto, 4, 1200-444 Lisbonne
Site web : www.museuartecontemporanea.gov.pt
Museu Nacional de Etnologia

À l’écart du centre touristique, près du quartier de Restelo, le Museu Nacional de Etnologia est un trésor caché qui ravira les esprits curieux. Inauguré en 1976, il conserve une collection foisonnante d’objets ethnographiques du Portugal et du monde, reflétant les recherches des ethnologues portugais sur le terrain depuis le milieu du XXe siècle. La visite commence souvent par l’exposition dédiée aux traditions populaires portugaises : costumes chatoyants des confréries religieuses du nord, masques de bois et d’écorce utilisés dans les rituels hivernaux de Trás-os-Montes, marionnettes géantes des carnavals de l’Alentejo, ou encore outils agricoles et objets domestiques issus de la ruralité d’antan. Chaque objet est accompagné de photos d’archive ou de vidéos montrant le contexte vivant dans lequel il prenait sens – un bal de village, une procession, une veillée d’artisans. Plus loin, le parcours s’ouvre sur les cultures extra-européennes, avec des salles consacrées à l’Afrique, l’Asie, l’Océanie et l’Amérique. On est ainsi transporté dans une case de Guinée-Bissau avec ses instruments de musique traditionnels et fétiches sacrés, puis dans les hauts plateaux d’Amazonie devant une collection de flèches et de paniers tressés par les peuples indigènes, avant de débarquer en Timor oriental face à d’impressionnants tambours rituels et textiles ikat aux motifs complexes. Un des joyaux du musée est la collection d’arts africains : masques fang du Gabon, statues makondé du Mozambique, bijoux touaregs ciselés d’Afrique du Nord – autant de pièces qui témoignent de la diversité de l’empire colonial portugais et des contacts qui en ont résulté. L’exposition permanente est régulièrement renouvelée pour présenter l’immense réserve du musée (plus de 40 000 pièces au total). Par ailleurs, le musée propose une reconstitution fascinante d’un atelier d’instruments de musique traditionnels portugais, où l’on peut voir un luthier fabriquer des guitares et des cavaquinhos selon des méthodes transmises de génération en génération. Bien que moins fréquenté que d’autres institutions, le Musée d’Ethnologie offre une expérience riche de sens, nous rappelant que la culture matérielle raconte des histoires humaines universelles. En sortant, on peut rejoindre à pied en quelques minutes le voisin Musée de l’Art Populaire ou le bord du fleuve, l’esprit nourri par ce tour du monde ethnographique accompli en un après-midi.
Adresse : Avenida Ilha da Madeira, 1400-203 Lisbonne
Site web : www.museudeetnologia.pt
Museu Nacional do Teatro e da Dança

Au nord de Lisbonne, dans le quartier verdoyant du Lumiar, le Museu Nacional do Teatro e da Dança est un lieu enchanteur qui dévoile les coulisses et la magie des arts du spectacle portugais. Sis dans l’ancienne dépendance du Palácio do Monteiro-Mor – un élégant domaine du XVIIIe siècle qui abrite également le Musée du Costume –, ce musée national occupe un bâtiment entouré de jardins à l’atmosphère romantique. À l’intérieur, le visiteur traverse un siècle et demi de théâtre et de danse à travers une collection de plus de 250 000 pièces. Dans la grande salle d’entrée, les costumes de scène déploient leurs étoffes colorées sur des mannequins : robes scintillantes du théâtre de revue des années 1920, armures et couronnes d’anciennes tragédies shakespeariennes, tutus de ballet du Ballet Gulbenkian aux plumes délicates… Chaque costume est accompagné d’une photographie ou d’une affiche du spectacle auquel il a appartenu, faisant surgir l’univers d’une pièce ou d’un ballet. Plus loin, des décors miniatures et maquettes de scénographie révèlent l’ingéniosité des metteurs en scène : voici la reconstitution à échelle réduite d’un palais pour une opérette, là un projet de décor épuré pour une pièce moderne, plus loin encore des toiles peintes ayant servi de fonds de scène, avec des ciels orageux et des forêts fantasmagoriques. Les arts de la danse ne sont pas en reste : une salle immersive, agrémentée d’écrans vidéo, fait revivre les chorégraphies emblématiques du XXe siècle portugais, de la grâce classique d’une ballerine étoile aux mouvements contemporains audacieux du Ballet Gulbenkian. On peut y voir des pointes usées et le carnet de notes d’une chorégraphe, saisi de corrections fiévreuses. Le musée possède également un fonds documentaire impressionnant : archives photographiques d’acteurs en scène, programmes anciens aux graphismes vintage, correspondances et manuscrits de pièces annotés de la main des dramaturges. Le parcours est ponctué de bornes sonores diffusant des airs d’opérettes ou des répliques cultes enregistrées, qui donnent vie aux objets figés. La visite s’achève souvent par la découverte de la bibliothèque du musée, dont les murs couverts de livres d’art et de registres du XIXe siècle composent un décor digne d’un roman. Lieu de mémoire et d’inspiration, le Musée du Théâtre et de la Danse offre un hommage vibrant à tous les artistes – connus ou anonymes – qui ont foulé les planches portugaises, et transporte le visiteur dans l’envers du décor, là où la magie prend forme avant de conquérir la scène.
Adresse : Estrada do Lumiar, 10, 1600-495 Lisbonne
Site web : www.museusemonumentos.pt
Museu Rafael Bordalo Pinheiro

À l’orée du parc du Campo Grande, un petit musée à l’allure de villa du XIXe siècle attire l’attention avec sa façade ornée de carreaux de faïence verts et blancs représentant un malicieux personnage moustachu. Il s’agit du Museu Rafael Bordalo Pinheiro, dédié à l’un des artistes les plus populaires du Portugal : caricaturiste de génie, illustrateur et céramiste, créateur du fameux Zé Povinho (l’archétype du “bon portugais” frondeur et bon vivant) et grand père d’Artur Bordalo. Ce musée, fondé en 1916 du vivant de l’artiste grâce à une donation de ses œuvres par un admirateur, est un lieu plein de fantaisie qui plonge le visiteur dans la Lisbonne bouillonnante de la fin du XIXe. Les salles présentent une multitude de dessins originaux et de lithographies satiriques publiées dans les journaux de l’époque : on y voit la haute société et les politiciens croqués avec humour, les travers de la vie urbaine moqués dans des vignettes au trait incisif. Bordalo Pinheiro a utilisé son crayon comme une arme joyeuse pour critiquer la monarchie, la spéculation ou le clergé, et il est amusant de constater que certaines de ses caricatures, vieilles de plus d’un siècle, résonnent encore avec l’actualité par leur universalité. À côté de ces œuvres graphiques, l’autre versant de son talent est exposé en vitrine : la céramique. Bordalo Pinheiro a en effet fondé une fabrique à Caldas da Rainha, où il a conçu d’étonnantes pièces en faïence. Le musée en conserve un large échantillon : des assiettes peintes de motifs excentriques, des pots à tabac figurant des têtes grimaçantes, et surtout une collection de petites sculptures humoristiques émaillées, dont le fameux Zé Povinho, bonhomme dodu faisant un geste de nez, symbole de l’irrévérence portugaise. On sourit devant un service de table décoré de choux et de légumes en trompe-l’œil, un véritable chef-d’œuvre kitsch devenu culte. La scénographie du musée, récemment rénovée, sait mettre en valeur la modernité de Bordalo : des installations audiovisuelles replacent son œuvre dans le contexte européen de la satire, aux côtés d’autres illustres caricaturistes. Le jardin du musée, agrémenté de quelques sculptures de grenouilles géantes (clin d’œil à ses céramiques zoomorphes), est l’endroit idéal pour feuilleter la presse satirique d’antan mise à disposition. Petit par sa taille mais grand par le plaisir qu’il procure, le Musée Bordalo Pinheiro est un hommage vivant à l’esprit frondeur de Lisbonne et à l’art de rire de tout, y compris de soi-même.
Adresse : Campo Grande, 382, 1700-097 Lisbonne
Site web : www.museubordalopinheiro.pt
Un voyage à travers l’âme de Lisbonne
Arpenter les musées de Lisbonne, c’est bien plus que visiter des lieux d’exposition : c’est franchir les portes de l’histoire, de la mémoire, de l’imaginaire et de l’identité. Chaque espace, qu’il soit monumental ou discret, classique ou contemporain, offre une rencontre précieuse avec une facette du génie portugais. Ces musées racontent le Portugal, bien sûr, mais ils racontent aussi le monde tel qu’il fut vu, pensé, rêvé depuis les rives du Tage.
Du faste royal des carrosses à la poésie d’un trait de céramique bleue, de l’intimité d’un atelier d’artiste à l’ampleur technologique d’un musée dédié au design ou à l’architecture, Lisbonne tisse une toile dense et vibrante. Elle invite le visiteur à ralentir, à observer, à ressentir. Il ne s’agit pas de tout voir, mais de se laisser happer, au fil des rues, par un détail, une lumière, une œuvre, une émotion.
Alors que vous refermez ce guide, souvenez-vous que les musées de Lisbonne ne sont pas faits pour être simplement « cochés » sur une carte. Ils sont des lieux vivants, des ponts entre les époques, des refuges pour la beauté et la pensée. En les visitant, vous ne faites pas qu’enrichir votre séjour : vous entrez, un peu, dans l’âme lisboète.
Et si Lisbonne reste inoubliable, c’est sans doute parce que ses musées la racontent mieux que personne.