À l’écart des flux touristiques, niché entre les quartiers historiques d’Estrela, d’Amoreiras et de Prazeres, Campo de Ourique incarne ce que Lisbonne a de plus authentique et de plus désirable à offrir. Résidentiel mais vivant, familial mais raffiné, ce quartier séduit par son ambiance de « village dans la ville », sa scène gastronomique vibrante, ses boutiques élégantes et ses places tranquilles baignées de lumière. Si Lisbonne était un organisme vivant, Campo de Ourique en serait le cœur battant — discret, mais essentiel.
Un quartier chargé d’histoire, au charme résolument lisboète
Développé à partir de 1879 sur les terrains d’une ancienne caserne militaire, Campo de Ourique s’inscrit dans l’évolution moderne de la capitale. Le quartier adopte dès ses origines une trame urbaine orthogonale, rare à Lisbonne, qui lui confère une lisibilité et une douceur de circulation uniques. Les façades mêlent architecture de la fin du XIXe siècle et Art nouveau, rehaussées de détails en fer forgé, d’azulejos patinés et de jardins discrets derrière les murs.
C’est ici que Fernando Pessoa a vécu ses dernières années, dans une maison devenue musée. Cette présence continue de hanter les lieux, conférant au quartier une aura littéraire que viennent compléter les nombreuses librairies pour enfants, ateliers d’artisans et galeries d’art. Campo de Ourique n’est pas figé dans le passé : il cultive une modernité sereine, mêlant tradition et innovation dans un équilibre rare.
Un art de vivre à part : entre sérénité et sophistication
Ce qui frappe en arpentant Campo de Ourique, c’est l’équilibre subtil entre l’élégance et la simplicité. Ici, tout semble à taille humaine. Les trottoirs sont larges, les immeubles bien entretenus, et l’animation constante sans jamais devenir bruyante. Les familles s’y installent durablement, séduites par la qualité des écoles (comme le Lycée Français Charles Lepierre ou l’école internationale Redbridge), les nombreux parcs, dont l’adorable Praça da Parada, et la facilité des déplacements à pied ou en tramway.
Le quartier est réputé pour ses commerces indépendants, ses pâtisseries iconiques, ses cafés stylés et sa diversité culinaire. On y vit sans excès, mais sans rien sacrifier à l’exigence. C’est peut-être cela, le luxe discret à la portugaise.
Le marché de Campo de Ourique : tradition et renouveau
Inauguré en 1934, rénové en profondeur en 2013, le Mercado de Campo de Ourique est bien plus qu’un marché. C’est un lieu de vie. On y trouve bien sûr des étals de fruits, légumes, viandes et poissons d’une qualité irréprochable, mais aussi une halle gourmande aux multiples kiosques. Entre petiscos traditionnels et créations contemporaines, les propositions culinaires s’adressent aux gastronomes comme aux flâneurs curieux.
Des adresses phares comme O Prego da Peixaria, Tasca do Chico ou Gleba y côtoient des bars à vins, des traiteurs végétariens et des échoppes à desserts. Le soir, des concerts ou DJ sets viennent ponctuer l’expérience, transformant ce marché en une place festive et conviviale. Ici, le lien social passe par l’assiette — et le quartier en est fier.
Une destination résidentielle prisée par les Lisboètes (et les autres)
Campo de Ourique a longtemps été le repaire des familles portugaises. Mais depuis quelques années, un nombre croissant d’expatriés (beaucoup de français) choisit de s’y installer. Leur profil ? Des couples avec enfants, des créatifs, des jeunes retraités à la recherche d’un quartier lisboète authentique et bien connecté, loin des zones trop touristiques. À la croisée d’Amoreiras, Estrela et Prazeres, Campo de Ourique se distingue par sa centralité et son calme.
Sur le plan immobilier, le quartier affiche des prix parmi les plus élevés du centre de Lisbonne (entre 6500 et 7000 €/m² en moyenne), mais avec un excellent potentiel de valorisation et un rendement locatif d’environ 4,5 %. La rareté des biens, souvent vendus avant même leur mise sur le marché, témoigne de la forte demande. Vivre à Campo de Ourique, c’est un privilège de plus en plus convoité.
Un quartier qui allie famille, culture et design
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Campo de Ourique n’est pas qu’un quartier de familles. Il est aussi très prisé pour sa scène créative et artistique. On y trouve de nombreux ateliers d’artistes, des marques de mode locales comme ISTO ou Carolina Curado, des boutiques de design et des enseignes florales au goût raffiné comme Saudade Flores. Les concept-stores se multiplient, mêlant esthétique contemporaine et fabrication artisanale.
Et puis il y a les rendez-vous incontournables : les fêtes de quartier à l’été, les animations culturelles sur la Praça da Parada, les marchés éphémères, les festivals de musique, les expositions … Campo de Ourique a compris que le vivre-ensemble passe aussi par l’événementiel local, accessible, chaleureux.
Explorer Campo de Ourique et ses environs
À deux pas, le cimetière monumental de Prazeres impressionne par la richesse de ses tombeaux et la vue panoramique qu’il offre sur Lisbonne. Un peu plus loin, le jardin d’Estrela et la basilique du même nom offrent un cadre idéal pour se détendre à l’ombre des jacarandas. Le quartier est aussi le terminus du tramway 28, qui traverse Lisbonne d’est en ouest dans un parcours mythique.
Les amateurs de patrimoine hydrique ne manqueront pas la visite du réservoir de Mãe d’Água, avec ses voûtes spectaculaires et ses spectacles de vidéo-mapping. Le centre commercial d’Amoreiras, avec sa plateforme d’observation panoramique à 174 mètres d’altitude, complète l’offre de loisirs dans un rayon très proche.
Église du Saint-Connétable : un sanctuaire néogothique au cœur du quartier
Juste en face du Mercado do Campo de Ourique, une bâtisse élève ses flèches dans le ciel lisboète : l’Igreja do Santo Condestável. Cette église, aux lignes élancées et à la façade néogothique soigneusement travaillée, semble veiller sur le quartier. En franchissant son portail, le visiteur pénètre dans un espace de recueillement solennel, où l’histoire se mêle à la ferveur.
Cette église n’est pas un lieu de culte ordinaire : elle abrite une partie des reliques de Nuno Álvares Pereira (1360-1431), le célèbre connétable du royaume, héros de l’indépendance portugaise et stratège militaire redouté. Canonisé en 2009, il est aujourd’hui vénéré comme saint. Son souvenir est ancré jusque sous l’autel principal, où repose sa dépouille. La lumière filtrant à travers les vitraux souligne la solennité du lieu. Ici, la pierre raconte une époque, un destin, une foi.
Jardim da Parada : l’âme verte de Campo de Ourique
Au cœur du quartier, à quelques pas du marché, s’étend un havre de verdure apprécié des Lisboètes : le Jardim da Parada, aussi connu sous le nom de Jardim Teófilo Braga. Ce nom rend hommage à un intellectuel devenu président de la République portugaise, mais il évoque aussi l’histoire militaire du site, autrefois utilisé comme place d’armes, d’où son nom de « parada ».
Avec ses allées bordées de cyprès, de tilleuls, de ginkgos et même d’un majestueux séquoia, ce jardin centenaire est un refuge. On y croise des enfants courant vers l’aire de jeux, des lecteurs solitaires à l’ombre des arbres, ou encore des voisins partageant un café près du kiosque à musique. Une statue de Maria da Fonte, figure de la révolte populaire de 1846, veille discrètement sur cet espace paisible. Le jardin, ouvert à toute heure, invite à ralentir le pas, à observer le quotidien lisboète dans ce qu’il a de plus authentique. À travers ses bancs et ses bassins, c’est toute une atmosphère de quartier qui se dévoile.
Casa Fernando Pessoa : dans l’intimité du poète
Dans une rue calme de Campo de Ourique se dresse une maison discrète, mais profondément symbolique : la Casa Fernando Pessoa. C’est ici, au 18 rua Coelho da Rocha, que l’un des plus grands écrivains portugais a passé les quinze dernières années de sa vie. Aujourd’hui transformée en musée, la demeure vous ouvre les portes de l’univers intérieur du poète aux multiples hétéronymes.
Sur trois étages, le visiteur découvre non seulement les objets personnels de Pessoa, mais aussi des expositions littéraires immersives et une bibliothèque spécialisée en poésie. Chaque pièce révèle un fragment de la pensée complexe et prolifique de l’auteur du Livre de l’intranquillité. La maison respire la discrétion et l’élégance, à l’image de celui qui l’habita.
Les amoureux de littérature y trouvent un lieu de recueillement intellectuel, mais aussi un tremplin vers de nouvelles lectures. La visite guidée, pour quelques euros de plus, permet de mieux saisir les multiples visages de ce génie insaisissable.
Église anglicane Saint-Georges : un lieu de culte au charme discret
En bordure de Campo de Ourique, dans une ruelle paisible, se dresse une église pas comme les autres : l’Igreja Anglicana São Jorge. Ce lieu de culte anglican, inauguré en 1889, surprend d’abord par sa façade néo-romane aux nuances rosées, presque inattendue sous le ciel de Lisbonne. C’est la seule paroisse anglicane anglophone de la capitale, témoin de la diversité religieuse de la ville.
Modeste mais élégante, l’église offre un espace chaleureux pour les offices et les rencontres de la communauté anglophone. Son architecture évoque les petites églises rurales du Royaume-Uni, mais adaptée à la lumière du sud. Le calme qui règne dans ses murs contraste avec l’animation du centre-ville tout proche. À deux pas de là, le cimetière britannique prolonge la visite dans une atmosphère plus contemplative. L’ensemble forme un duo patrimonial rare, entre spiritualité et mémoire.
Cimetière britannique : poésie et silence entre les cyprès
À l’ombre des arbres centenaires et à l’abri d’un vieux mur de pierre, le British Cemetery déploie ses allées silencieuses non loin du jardin d’Estrela. Datant du XVIIIᵉ siècle, ce cimetière protestant est l’un des plus anciens de Lisbonne. Il fut fondé à une époque où les étrangers non catholiques n’avaient pas le droit d’être enterrés dans les cimetières portugais.
Lieu de repos pour de nombreux ressortissants britanniques, il est aussi célèbre pour abriter la tombe d’Henry Fielding, romancier et dramaturge anglais, mort à Lisbonne en 1754. En vous promenant parmi les pierres tombales sculptées, les croix celtiques moussues et les monuments gothiques, vous aurez l’impression de traverser une page d’histoire silencieuse. Ce lieu de mémoire est à la fois insolite et poétique. Peu fréquenté, il séduit les amateurs de patrimoine discret et les curieux en quête d’atmosphères romantiques. Un détour paisible et hors du temps.
Reservatório da Mãe d’Água das Amoreiras : au cœur de l’ingéniosité lisboète
Non loin de Campo de Ourique, dans le quartier d’Amoreiras, se cache un monument souvent ignoré des visiteurs pressés : le Reservatório da Mãe d’Água. Ce réservoir, inauguré en 1746, faisait partie d’un vaste réseau hydraulique imaginé pour alimenter Lisbonne en eau potable. Il marquait l’aboutissement de l’Aqueduto das Águas Livres. L’intérieur impressionne par ses voûtes grandioses, ses reflets aquatiques et l’ambiance presque mystique qui y règne. Aujourd’hui, le lieu accueille des installations artistiques et des spectacles de vidéo mapping qui plongent les visiteurs dans une expérience sensorielle unique, mêlant art et patrimoine.
Ce site est idéal pour prolonger la visite de l’aqueduc ou pour découvrir un pan de l’ingénierie urbaine lisboète dans un cadre architectural spectaculaire. C’est une véritable immersion dans l’histoire de l’eau à Lisbonne.
Amoreiras Shopping Center & Amoreiras 360° View : modernité et panoramas
Pour ceux qui souhaitent alterner patrimoine et modernité, le Centro Comercial das Amoreiras est un passage obligé. Inauguré en 1985, ce centre commercial emblématique est un temple du shopping et du design. Avec plus de 200 boutiques, il offre une variété impressionnante de marques portugaises et internationales.
Mais l’expérience ne s’arrête pas au rez-de-chaussée. En montant jusqu’à la Torre das Amoreiras, vous accédez à l’un des plus beaux points de vue de Lisbonne : l’Amoreiras 360° Panoramic View. Perché à 174 mètres, ce belvédère dévoile un panorama à couper le souffle sur toute la capitale, des collines d’Alfama aux plages de l’estuaire du Tage.
Le contraste entre l’effervescence commerciale et la quiétude de la vue invite à la réflexion. On y contemple Lisbonne dans toute sa diversité, entre histoire millénaire et métropole moderne.
Aqueduto das Águas Livres : un colosse de pierre au-dessus de la ville
Surplombant la vallée d’Alcântara comme un pont gigantesque, l’aqueduc des Águas Livres est l’un des chefs-d’œuvre d’ingénierie du XVIIIᵉ siècle. Construit pour acheminer l’eau depuis les sources de Caneças jusqu’à Lisbonne, il s’étend sur 14 kilomètres, ponctué d’arches monumentales atteignant jusqu’à 65 mètres de haut.
Sa silhouette iconique est visible depuis plusieurs quartiers, notamment depuis le parc Monsanto ou les hauteurs d’Amoreiras. Mais pour ressentir pleinement sa majesté, rien ne vaut une promenade sur l’aqueduc lui-même, accessible via le musée de l’eau. On y avance au-dessus du vide, entre ciel et ville, dans un silence étonnant.
Ce monument, qui a traversé les siècles sans jamais s’effondrer, incarne la résilience et l’ingéniosité des bâtisseurs portugais. Sa présence dans le paysage lisboète est à la fois rassurante et sublime, tel un fil de pierre entre passé et présent.
Comment se rendre au Campo de Ourique ?
- Tram : 25 et 28 (terminus)
- Bus : 709 et 774
- Métro : Rato (ligne jaune) à 10-15 min à pied
La position stratégique de Campo de Ourique permet de rayonner facilement dans Lisbonne, tout en profitant d’un havre de paix préservé. Que ce soit pour y vivre, y investir ou simplement y flâner quelques heures, ce quartier fait partie de ces lieux qui, une fois découverts, ne s’oublient jamais.
Un quartier confidentiel au rayonnement durable
Campo de Ourique est de ces quartiers qui ne se livrent qu’à ceux qui prennent le temps. Il n’a pas le faste ostentatoire du centre historique, ni l’avant-garde tapageuse d’autres zones plus médiatisées. Et pourtant, il concentre une richesse rare : celle d’un quotidien harmonieux, d’une urbanité fluide, d’un patrimoine vivant.
En parcourant ses rues, on découvre un Lisbonne à hauteur d’homme, où chaque façade raconte une histoire, où chaque jardin offre un instant de répit, où la culture se glisse dans les interstices du quotidien. Les adresses s’échangent entre initiés, les habitudes se créent sans tapage, et le charme opère presque à l’insu du visiteur.
À la croisée des influences bourgeoises, bohèmes et familiales, Campo de Ourique n’est pas un quartier figé, mais un écosystème urbain en perpétuel mouvement. Il séduit parce qu’il rassure, il attire parce qu’il inspire. Il réconcilie Lisbonne avec elle-même, entre tradition et désir d’avenir. Ceux qui s’y installent ne cherchent pas à fuir la ville, mais à mieux l’habiter.
En définitive, Campo de Ourique est moins un quartier qu’un art de vivre. Un microcosme qui illustre avec élégance ce que Lisbonne peut offrir de plus subtil et de plus durable : la beauté de la simplicité, ancrée dans le quotidien, et portée par une qualité de vie rare. Un secret bien gardé — mais qu’on ne résiste pas à partager.
