Le retour en force de la France sur la scène économique portugaise se confirme. Quelques mois après la visite d’État d’Emmanuel Macron à Lisbonne, les investisseurs tricolores multiplient les annonces stratégiques dans les secteurs clés. Symbole de ce regain d’appétit : le rachat de Novo Banco par le groupe BPCE pour 6,4 milliards d’euros, soit la plus grande acquisition bancaire en zone euro depuis une décennie.
Mais ce mouvement dépasse la seule finance. La France renforce également ses positions dans l’industrie, le digital, les services partagés ou encore le tourisme. Dans le viseur, une cible emblématique : la TAP. Le groupe Air France-KLM s’affiche désormais en première ligne dans le processus de privatisation de la compagnie nationale portugaise, avec l’ambition de faire de Lisbonne un hub stratégique dans l’Atlantique.
Des secteurs stratégiques ciblés
Selon la Chambre de commerce et d’industrie luso-française 1, les entreprises françaises orientent désormais leurs efforts vers des secteurs à forte valeur ajoutée : sous-traitance pour l’automobile et l’aéronautique, services partagés et innovation. Le digital et les énergies renouvelables figurent également parmi les priorités déclarées. À cela s’ajoute l’intérêt constant pour le tourisme et la grande distribution, deux domaines dans lesquels les marques françaises telles que Auchan, Leroy Merlin, Decathlon ou encore Fnac sont solidement implantées.
Le cas Somfy illustre cette dynamique. Le spécialiste de la domotique investit massivement à Felgueiras, avec la création de 800 emplois et un investissement prévu jusqu’à 70 millions d’euros d’ici 2030. De son côté, Airbus continue de renforcer sa présence industrielle au nord du pays, avec une unité à Santo Tirso regroupant jusqu’à 600 collaborateurs.
Le dossier TAP : un enjeu politique et économique
Depuis la visite d’Emmanuel Macron à Lisbonne en février 2025, l’intérêt de l’État français pour la privatisation de la TAP s’est confirmé. Le groupe Air France-KLM, dont la France est l’actionnaire principal (28 %), souhaite entrer au capital de la compagnie portugaise. Le président français a publiquement exprimé le souhait de voir se concrétiser une « forme innovante de mariage » entre les deux compagnies nationales.
Le PDG du groupe, Ben Smith, a réaffirmé l’ambition de faire du Portugal un hub européen stratégique, tout en assurant le maintien du hub de Lisbonne. Ce projet s’inscrit dans une logique d’investissement durable et de renforcement de la connectivité du territoire portugais au sein du réseau aérien européen.
Un record d’investissement bancaire : Novo Banco
Le rachat de 75 % de Novo Banco par le groupe français BPCE pour 6,4 milliards d’euros marque une étape historique. Il s’agit de la plus importante opération bancaire dans la zone euro depuis une décennie. Ce mouvement renforce significativement la présence de la France dans le secteur financier portugais.
Il s’agit de la plus importante opération bancaire dans la zone euro depuis une décennie
Nicolas Namias, PDG de BPCE, met en avant l’attractivité du Portugal : « Un environnement économique favorable, un climat sûr pour les investisseurs, et un tissu de PME dynamique. » Le groupe ambitionne de devenir un acteur clé de l’économie portugaise, en misant sur des synergies de revenus plus que sur des réductions de coûts.
Premier employeur étranger au Portugal
Avec 1200 filiales actives et 104.000 salariés, la France est déjà le premier employeur étranger au Portugal. Ce tissu dense repose sur des coûts de production compétitifs, une fiscalité favorable, et une compétence technique reconnue localement. Des groupes comme BNP Paribas emploient déjà près de 2000 personnes à Lisbonne.
Avec l’opération BPCE-Novo Banco et la montée en puissance d’Air France-KLM sur la TAP, la France pourrait retrouver en 2026 sa place de deuxième investisseur étranger au Portugal, derrière l’Espagne. Une relance solide, portée par une convergence d’intérêts économiques, industriels et stratégiques.
- CCIFP : https://ccifp.fr/ ↩︎
