La banque BPCE en passe de racheter Novo Banco

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Le groupe français BPCE, maison mère de Banque Populaire et de la Caisse d’Épargne, s’apprête à racheter 100 % du capital de Novo Banco, l’une des principales banques portugaises. L’opération, valorisée à hauteur de 6,4 milliards d’euros, marque la plus importante acquisition transfrontalière bancaire dans la zone euro depuis plus d’une décennie. L’accord a été officialisé ce vendredi, via la signature d’un mémorandum d’entente entre la holding Nani Holdings (contrôlée par le fonds américain Lone Star), l’État portugais, le Fonds de résolution et le groupe BPCE.

La finalisation de la transaction est prévue pour le premier semestre 2026, sous réserve des autorisations réglementaires. Le groupe français, déjà présent au Portugal avec plus de 3000 salariés via son pôle Natixis à Porto, fera du Portugal son deuxième marché domestique de détail.

Un soulagement politique, un choix économique discuté

Pour le gouvernement portugais, la reprise de Novo Banco par le groupe français BPCE représente un véritable soulagement stratégique. L’exécutif redoutait en effet qu’un acteur espagnol s’impose dans les dernières négociations. Dans un contexte où plusieurs grandes banques opérant au Portugal sont déjà sous pavillon espagnol, une nouvelle opération ibérique aurait nourri les critiques sur la perte de souveraineté du secteur bancaire national.

Le ministre des Finances avait d’ailleurs exprimé publiquement son inconfort à l’idée d’un rachat espagnol, laissant entendre qu’un scénario alternatif serait activement recherché. L’accord conclu avec BPCE, perçu comme moins menaçant politiquement, apparaît ainsi comme une solution de repli diplomatique, négociée dans l’urgence.

Mais si la réponse politique semble avoir été trouvée, l’efficacité économique de l’opération soulève davantage de questions. Plusieurs économistes soulignent que le prix de 6,4 milliards d’euros reste inférieur aux sommes injectées par l’État portugais depuis 2014, via le Fonds de résolution. Une partie de la classe politique et des experts parle d’un compromis acceptable… mais au détriment des contribuables.

Un coût pour les finances publiques

La vente de Novo Banco suscite néanmoins de vives critiques. Depuis sa création en 2014 lors du démantèlement du Banco Espírito Santo (BES), Novo Banco a bénéficié d’une aide publique massive. Près de 3,4 milliards d’euros ont été injectés par le Fonds de résolution bancaire depuis 2017. Avec la vente, le ministère des Finances espère récupérer près de 2 milliards d’euros, mais une perte nette importante subsiste pour les contribuables portugais.

Pour l’économiste Filipe Grilo, « c’est un accord possible, mais à perte. Novo Banco n’a jamais réussi à se redresser pleinement, et la destruction de valeur héritée du BES reste irréversible ». Selon lui, les contribuables sont les grands perdants de cette opération.

Une opportunité pour BPCE, un pari pour le Portugal

Malgré les critiques, cette acquisition reste stratégique pour BPCE 1. Novo Banco dispose d’une part de marché de 9 % dans la banque de détail au Portugal et de 14 % dans le segment entreprises, avec un réseau de 290 agences et 4200 collaborateurs. En termes de rentabilité, la banque affiche un ROTE supérieur à 20 % et un ratio de charges d’exploitation inférieur à 35 %.

Le groupe français insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une opération de réduction des coûts ou de suppression de postes, mais d’une diversification géographique et bilancielle. Au Portugal, les crédits à taux variable prédominent, contrairement au marché français dominé par les taux fixes.

Un tournant historique mais controversé

Ce rachat de Novo Banco par BPCE marque une nouvelle ère pour le secteur bancaire portugais. Il révèle toutefois la fragilité des restructurations bancaires financées par l’argent public. Si l’entrée d’un acteur européen solide offre de nouvelles perspectives pour Novo Banco, la mémoire des aides massives versées et la perte nette pour l’État portugais continueront d’alimenter le débat.

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