La musique, expression artistique universelle, reflète l’identité et la diversité culturelle de chaque peuple. Au Portugal, les traditions musicales regorgent d’instruments uniques, créés au fil des siècles pour accompagner fêtes et coutumes locales. Pourtant, bon nombre de ces joyaux culturels sont aujourd’hui en danger. En raison du désintérêt, du manque de préservation ou d’un usage réduit, ces instruments risquent de disparaître, privant le patrimoine portugais d’une part de sa richesse sonore. Découvrons ensemble sept instruments de musique portugais rares, qui méritent d’être redécouverts et valorisés.
La viola braguesa
Originaire de la région du Minho, particulièrement de Braga, la viola braguesa est une guitare à cordes métalliques composée de cinq paires de cordes. Son ouverture centrale, en forme de « bouche de raie », et sa technique de jeu, dite « rasgado » (où toutes les cordes sont grattées simultanément), en font un instrument distinctif.
Elle est utilisée pour accompagner le « canto ao desafio », une forme de poésie improvisée populaire dans le Minho, ainsi que pour jouer des musiques traditionnelles comme le vira, la chula ou le malhão.
La viola toeira
Aussi appelée « guitare de Coimbra », la viola toeira est une guitare originaire de la région de Coimbra. Elle possède cinq paires de cordes métalliques, dont les deux dernières sont triples, et une ouverture centrale de forme ovale.
Elle se joue en « dedilhado » (en pinçant les cordes individuellement) et accompagne la guitare portugaise dans le « fado de Coimbra », un genre musical sophistiqué et empreint de nostalgie, développé dans cette ville universitaire.
La sarronca
La sarronca, présente dans plusieurs régions du Portugal, est un instrument simple et ancien. Constitué d’un réservoir (souvent en argile ou en métal) recouvert d’une peau tendue, il produit un son grave et rauque lorsqu’un bâton fixé à la membrane est frotté avec les mains ou un chiffon humide.
Elle est utilisée pour marquer le rythme dans des danses populaires comme le corridinho ou le fandango, mais aussi lors des fêtes de Noël et de Carnaval, où son bruit distinctif anime les célébrations.
La rabeca chuleira
Originaire du Douro Litoral et du Minho, la rabeca chuleira est une variante populaire du violon. Avec un manche plus court et une caisse plus large que le violon classique, cet instrument est utilisé pour jouer la chula, une danse rythmée et joyeuse, typique de ces régions.
Elle accompagne également d’autres musiques traditionnelles comme le vira ou le verde-gaio, contribuant à maintenir vivantes les traditions musicales locales.
La viola amarantina
Appelée également « guitare d’Amarante » ou « guitare des deux cœurs », la viola amarantina provient de la région du Douro Litoral. Ses cinq paires de cordes et son ouverture centrale en forme de cœurs entrelacés en font un instrument aussi visuellement attrayant que musicalement unique.
Elle accompagne des chants traditionnels comme les modas, les cantigas ou les « desgarradas », ainsi que des danses comme le malhão ou le vira.
La viola campaniça
Typique de l’Alentejo, en particulier de la région de Castro Verde, la viola campaniça est une guitare au son chaleureux. Avec ses cinq paires de cordes métalliques, elle est souvent utilisée pour accompagner le « cante alentejano », un chant polyphonique inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Elle interprète également des « modas soltas », des chansons humoristiques ou satiriques, emblématiques de la région.
La viola de arame
Originaire des îles de Madère et des Açores, la viola de arame est une guitare composée de cordes métalliques et en boyau. Sa technique de jeu en « dedilhado » et son utilisation dans des danses locales comme le bailinho ou la chamarrita illustrent son importance dans la culture insulaire.
Elle accompagne également des chants traditionnels tels que les modinhas ou les cantigas, qui témoignent de la richesse musicale de ces îles.
Préserver un héritage en péril
Ces sept instruments, bien qu’en voie de disparition, représentent une part précieuse du patrimoine culturel portugais. Leur préservation passe par une sensibilisation accrue, le soutien aux artistes traditionnels et la transmission aux générations futures. En redécouvrant et en valorisant ces trésors sonores, nous contribuons non seulement à sauvegarder une identité musicale unique, mais aussi à célébrer la diversité et la richesse de la culture portugaise.
