Halloween et Toussaint au Portugal : entre rites et bonbons

halloween portugal

Lorsque le mois d’octobre s’achève et que les jours raccourcissent, le Portugal se couvre de symboles anciens et nouveaux. Dans les grandes villes, les vitrines s’ornent de toiles d’araignée synthétiques et de citrouilles aux sourires inquiétants. Dans les campagnes, les chrysanthèmes s’amoncellent à l’entrée des cimetières, témoignage discret d’une mémoire collective ancrée dans les pierres. Entre Halloween importé et Toussaint traditionnelle, le pays vibre d’un double tempo : celui de l’amusement enfantin et celui du recueillement familial.

Un héritage païen revisité : aux origines d’Halloween

halloween pao por deus

On croit souvent Halloween née dans les rues américaines, mais ses racines plongent profondément dans le sol humide des campagnes celtiques. Le Samhain, célébré dans l’Irlande préchrétienne, marquait la fin des moissons et le passage vers la saison sombre. Les vivants et les morts partageaient alors le même souffle, et les masques servaient à tromper les esprits errants. Peu à peu, cette fête se christianisa, devenant la veille de la Toussaint, d’où son nom : All Hallows’ Eve, contracté en Halloween.

Cette mémoire ancienne, l’Église l’a absorbée sans jamais tout à fait l’effacer. Et c’est dans cette zone floue entre folklore, religion et mondialisation que le Portugal a vu, ces dernières années, surgir le visage grimaçant de Jack-o’-lantern.

Les enfants portugais, longtemps éloignés de ces rituels étrangers, les ont découverts par la télévision et les films américains. Aujourd’hui, ils les vivent pleinement, surtout dans les centres urbains, où l’influence anglo-saxonne se superpose aux traditions locales. À Lisbonne ou Porto, les rues résonnent du trick or treat (« des bonbons ou un sort »), ou de son équivalent portugais approximatif, porté par une nouvelle génération conquise par les bonbons et les déguisements.

Mais dans les villages de l’intérieur, une autre tradition subsiste, plus ancienne, plus discrète : celle du Pão por Deus.

Un matin de Toussaint : silence, fleurs et chants d’enfants

pao por deus

Le 1er novembre, les cloches des églises résonnent dans l’air froid de l’automne portugais. C’est la Toussaint, jour férié, moment de recueillement. Dès l’aube, les familles se rendent aux cimetières. Les tombes, nettoyées à la chaux ou à l’eau de javel les jours précédents, sont couvertes de chrysanthèmes éclatants, jaunes, roses, blancs. L’odeur des bougies allumées la veille pour le Dia dos Fiéis Defuntos flotte encore entre les allées.

La tradition du Pão por Deus

Dans de nombreuses régions, au même moment, les enfants se réunissent en petits groupes, un sac en tissu à la main. Ils frappent aux portes, sans costume, sans masque, et chantent des vers anciens : « Ó tia, dá-me o pão por Deus … ». Selon les localités, cette quête porte d’autres noms : Bolinho dans le nord, Santoro ailleurs. Ce n’est pas un jeu : c’est une tradition vivante, respectée, héritée d’un temps où le pain était rare, et le don sacré.

Ce que les enfants reçoivent ? Des fruits secs, des noix, parfois des grenades ou des pommes, voire des châtaignes rôties. Avec le temps, les bonbons et les pièces de monnaie ont fait leur apparition, signe de l’évolution lente mais constante des usages.

Une table d’automne aux saveurs de mémoire

Comme toutes les fêtes portugaises, la Toussaint se conclut autour de la table. On y trouve les produits de la saison : figues sèches, noix confites, châtaignes grillées. Dans certaines familles, un riz de veau aux fruits secs et au miel est encore servi, rareté qui mêle mémoire religieuse et terroir paysan.

Sur les marchés, en particulier à Caldas da Rainha, les étals croulent sous les paniers de noisettes et les bouquets de fleurs destinés aux cimetières. Dans les boulangeries, certains font encore des broas dos Santos, des pains moelleux au maïs, aux épices et à l’anis, hérités des anciens rituels catholiques.

Halloween et Toussaint, deux visages d’un même temps

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Le Portugal contemporain n’oppose pas Halloween et la Toussaint. Il les juxtapose. Il les observe se répondre, à travers les rires des enfants et les silences des cimetières. Là où les petits citadins arpentent les rues en vampires et sorcières, leurs cousins ruraux chantent des formules anciennes pour recevoir des pommes. Deux mondes cohabitent, parfois dans la même rue, souvent dans la même famille.

Les écoles, notamment, jouent un rôle essentiel dans cette coexistence. Les cours d’anglais encouragent les élèves à se déguiser pour Halloween, tandis que les enseignants de culture portugaise perpétuent les chants du Pão por Deus. Une pluralité sans conflit, reflet d’un pays qui, sans renier ses racines, sait accueillir l’ailleurs.

Un moment d’accueil, une fête pour tous

La Toussaint, au Portugal, est aussi une célébration de l’hospitalité. Si vous êtes invité à partager le repas, vous serez accueilli à bras ouverts, sans obligation d’apporter quoi que ce soit. Mais une bouteille de vin, un dessert maison ou un bouquet de fleurs seront toujours bienvenus.

Et si vous êtes de passage, le simple fait de vous recueillir dans un cimetière ou de laisser une fleur à une tombe oubliée est un geste profondément respecté.

Quand les cultures se croisent

ÉvénementDateTraditionsLieu d’observation
Halloween31 octobreDéguisements, bonbons, décorationsGrandes villes, quartiers d’expatriés
Toussaint1er novembreVisites aux cimetières, fleurs, bougiesPartout au Portugal
Pão por Deus1er novembre (matin)Porte-à-porte, chants, récolte de fruits secsZones rurales et périphéries
Dia dos Finados2 novembreRecueillement, prière, bougiesFamilles catholiques pratiquantes

Un pays, deux mémoires, une même saison

Le mois de novembre commence au Portugal avec cette oscillation subtile entre l’intime et le collectif, entre l’ancien et le nouveau. Halloween s’impose peu à peu, porté par la mondialisation et la joie enfantine. Mais la Toussaint, enracinée dans le cœur des familles, demeure un pilier silencieux. L’un ne chasse pas l’autre ; ensemble, ils tracent un chemin d’automne où mémoire et fête marchent main dans la main.

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