Ce jeudi, à Lisbonne, l’effervescence ne se limitait pas à la pelouse du stade de la Luz. Le Sport Lisboa e Benfica vient d’entrer dans l’histoire en battant le record mondial de participation à une élection pour un club sportif. À 5 heures de la clôture du scrutin, le président de l’Assemblée générale du club, José Pereira da Costa, annonçait un chiffre sans précédent : 58 808 membres votants. Un record qui détrône celui du FC Barcelone, établi en 2010 avec 57 088 votants.
Une mobilisation sans précédent dans le monde du sport
« Ce qui semblait une évidence est devenu une réalité : le Benfica est désormais le club le plus voté du monde », a déclaré José Pereira da Costa sous les applaudissements des bénévoles mobilisés pour superviser le scrutin. La comparaison est éloquente : le précédent record du Benfica, en 2021, s’élevait à 40 085 votants, soit une augmentation de près de 50 %. Jamais, dans l’histoire du sport, une élection interne n’avait mobilisé autant d’adhérents.
L’ampleur du dispositif reflète la taille planétaire du club lisboète : les élections, qui concernent la direction, la Mesa da Assembleia Geral, le Conseil fiscal et la Commission de rémunérations, se tiennent simultanément dans 107 bureaux de vote répartis entre le Portugal continental, les Açores, Madère et plusieurs communautés portugaises à l’étranger. Les 160 182 membres habilités à voter disposent d’un nombre de voix variable selon leur ancienneté, un système conçu pour valoriser la fidélité à long terme.
Un scrutin sous haute tension
Le scrutin, ouvert jusqu’à 22 heures, oppose 6 candidats à la présidence du club. L’actuel président, Rui Costa (liste G), figure légendaire du football portugais et ancien meneur de jeu du Benfica et du Milan AC, fait face à une opposition fragmentée mais déterminée : Martim Mayer, João Diogo Manteigas, Cristóvão Carvalho, l’ancien président Luís Filipe Vieira et João Noronha Lopes. Le poste de président de l’Assemblée générale revient quant à lui à João Ferreira Leite, seul candidat en lice.
Pour beaucoup de supporters, l’élection représente un tournant crucial
Si aucun des prétendants n’obtient la majorité absolue des voix, une deuxième manche est prévue le 8 novembre. Pour beaucoup de supporters, l’élection représente un tournant crucial après plusieurs années de tensions internes et de scandales judiciaires ayant entaché la direction précédente. Le scrutin coïncide avec un match de championnat contre Arouca, prévu dans la soirée, pour lequel le stade affiche complet. Un symbole : le nombre de votants dépasse désormais la capacité du stade de la Luz.
Entre ferveur populaire et transparence institutionnelle
Au-delà des chiffres, cette participation record illustre la vitalité démocratique du Benfica, dont le modèle de gouvernance repose sur un système associatif ouvert. Chaque membre, qu’il soit résident de Lisbonne ou expatrié au Brésil, conserve le droit de vote. La direction du club, qui revendique 300 000 adhérents au total, en fait un pilier de son identité : « O Benfica é o povo » (« Benfica, c’est le peuple »), répètent les slogans du club depuis des décennies.
Ce modèle contraste avec celui d’autres grandes institutions sportives européennes, souvent transformées en sociétés anonymes. Ici, la dimension communautaire reste centrale : les socios ne sont pas de simples clients mais des acteurs du destin du club. En pleine ère du football-business, la scène électorale du Benfica réaffirme la puissance du lien social qui unit un club à sa base populaire.
Un record mondial qui en dit long sur la culture portugaise du sport
Le précédent record mondial appartenait au FC Barcelone depuis 2010, avec 57 088 votants. En le dépassant, Benfica confirme son statut d’institution à part dans le paysage sportif européen : un club qui transcende les frontières et dont la gestion démocratique nourrit un sentiment d’appartenance presque national. « C’est le plus grand club du monde », a insisté José Pereira da Costa, visiblement ému, en annonçant les chiffres devant la presse.
Dans un pays où le football demeure un vecteur d’identité collective, cette mobilisation électorale revêt une signification plus large. Elle illustre la capacité du sport portugais à combiner passion, participation et responsabilité. Dans les gradins comme dans les urnes, le Benfica prouve qu’il reste bien plus qu’une équipe : un mouvement populaire mondial dont la démocratie interne fait figure d’exception dans l’univers du football professionnel.
Et, ce soir encore, au coup d’envoi contre Arouca, les chants rouges et blancs résonneront dans tout Lisbonne. Mais avant même le match, le Benfica a déjà remporté une victoire : celle de la participation citoyenne, à l’image d’un pays où la ferveur sportive se conjugue avec la fierté civique.
