Face au déclin alarmant des récifs ostréicoles, un projet innovant porté par l’Université d’Aveiro (UA) pourrait bien changer la donne pour les écosystèmes côtiers portugais. Baptisé RePor (« Restauration des récifs ostréicoles du Portugal »), ce programme scientifique s’attaque à la restauration et à la résilience de ces habitats essentiels, longtemps malmenés par la pollution et la surexploitation.
Une mission écologique et scientifique de première importance
Le projet RePor 1 ne se contente pas de restaurer les récifs : il ambitionne de réintégrer durablement les huîtres plates européennes (Ostrea edulis) dans leur habitat naturel, en s’appuyant sur des solutions biotechnologiques de pointe. Ces huîtres, outre leur valeur économique, jouent un rôle crucial dans la filtration de l’eau, la stabilisation des fonds marins et l’abri d’une multitude d’espèces marines.
L’Université d’Aveiro, à travers son centre de recherche CESAM 2, met en œuvre une plateforme technologique innovante : des mailles en polymères poreux et biodégradables capables de diffuser des modulateurs microbiens. Ces derniers ont pour but de renforcer la résilience des huîtres aux chocs environnementaux croissants, tels que les variations de température et de salinité.
Des huîtres préparées à affronter le changement
Le programme inclut une phase de préconditionnement des huîtres en laboratoire. Ces tests combinent à la fois des chocs thermiques et salins, et une modulation du microbiome des huîtres, afin de stimuler leur robustesse naturelle. Une fois cette phase validée, les spécimens seront réimplantés dans la Ria de Aveiro, une zone lagunaire emblématique mais vulnérable.
Les chercheurs surveilleront ensuite une série d’indicateurs clés : taux de survie, croissance, santé des huîtres et composition microbienne. Ce suivi permettra d’ajuster les protocoles et de maximiser le succès de la réintroduction à long terme.
Un projet pilote aux ambitions européennes
RePor s’inscrit pleinement dans les objectifs de la directive-cadre « Stratégie pour le milieu marin » et de la Convention OSPAR 3 pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est. Il est soutenu par le programme Mar2030 4 et cofinancé par le Fonds européen pour la mer, la pêche et l’aquaculture (FEAMPA) 5. L’initiative a également reçu un avis favorable de la Direction générale des ressources naturelles 6.
Au-delà de la dimension environnementale, les retombées du projet sont aussi sociales et économiques. La réhabilitation des récifs ostréicoles pourrait en effet bénéficier aux communautés locales, à la pêche durable et au développement de filières ostréicoles plus résilientes.
Quand la science s’engage pour la biodiversité
Ce projet, coordonné par le chercheur Daniel Cleary, illustre le rôle central que la science marine appliquée peut jouer pour relever les défis du changement climatique et de la dégradation des écosystèmes. En redonnant une chance aux huîtres de recoloniser leur milieu naturel, les scientifiques de l’Université d’Aveiro posent les bases d’une restauration durable des habitats marins, au service de l’équilibre écologique du littoral portugais.
- RePor : https://www.cesam-la.pt/en/projects/repor-restoration-of-portugals-oyster-reefs/ ↩︎
- CESAM : https://www.cesam-la.pt/ ↩︎
- OSPAR : https://www.ospar.org/convention ↩︎
- Mar2030 : https://mar2030.pt/ ↩︎
- FEAMPA : https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_22_4472 ↩︎
- Direção-Geral de Recursos Naturais, Segurança e Serviços Marítimos (DGRM) : https://www.dgrm.pt/ ↩︎
