Portugal : comment le gouvernement compte augmenter les retraites en 2026

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L’année 2026 s’annonce décisive pour les retraités portugais. Le gouvernement dirigé par Luís Montenegro a présenté un budget ambitieux, promettant « plus de revenu pour les retraités » et un renforcement des soutiens destinés aux personnes âgées et vulnérables. Dans un pays où la pauvreté des seniors reste l’un des défis sociaux majeurs, ces annonces traduisent une volonté politique : revaloriser la vieillesse et réduire les inégalités générationnelles, dans un contexte budgétaire encore contraint.

Des pensions revalorisées et un soutien accru aux plus fragiles

Le projet de loi budgétaire pour 2026, actuellement débattu à l’Assemblée de la République, prévoit une série d’ajustements significatifs. En premier lieu, le Complément solidaire pour les personnes âgées (CSI) augmentera de 40 euros par mois, passant de 630 à 670 euros mensuels. L’objectif affiché est clair : garantir qu’« aucun pensionné ne vive avec moins de 870 euros par mois d’ici 2029 ».

Le Complément solidaire pour les personnes âgées (CSI) augmentera de 40 euros par mois, passant de 630 à 670 euros mensuels

Cette mesure, qui pourrait bénéficier à plusieurs centaines de milliers de retraités, s’accompagne d’une actualisation générale des pensions et prestations sociales liées à l’âge. Le gouvernement y voit une étape supplémentaire dans sa stratégie de lutte contre la pauvreté des seniors, souvent exacerbée par la hausse du coût de la vie et la faiblesse des retraites les plus anciennes. Le budget 2026 prévoit un investissement global de 700 millions d’euros pour financer ces revalorisations et aides ciblées.

« Le Portugal doit être un pays inclusif, qui protège d’abord les plus vulnérables », affirme le document budgétaire. Ce langage, désormais récurrent dans la communication gouvernementale, s’inscrit dans la continuité d’une politique sociale entamée dès les années de relance post-pandémie.

Le complément solidaire, pilier discret du système social

Créé en 2006, le Complément solidaire pour les personnes âgées (CSI) s’adresse aux résidents portugais à faibles revenus, âgés d’au moins 66 ans et 7 mois 1. Il constitue un revenu additionnel mensuel versé aux titulaires de pensions de vieillesse, de survie ou d’invalidité dont les ressources sont inférieures aux seuils fixés chaque année par la Sécurité sociale.

Le CSI est attribué sur la base de critères stricts : pour les célibataires, les ressources ne doivent pas dépasser 7.568 euros par an, et pour les couples mariés ou en union de fait, le plafond cumulé est fixé à 13.244 euros. Les bénéficiaires doivent en outre résider au Portugal depuis au moins six ans consécutifs et autoriser l’accès à leurs informations fiscales et bancaires.

Au-delà de la simple aide financière, le CSI est considéré comme un instrument de cohésion sociale, particulièrement essentiel dans les zones rurales ou périphériques où le taux de pauvreté des plus de 65 ans dépasse encore 20 %. Le renforcement de cette allocation est donc aussi un signal politique : celui d’un État qui veut renouer avec l’idée de solidarité intergénérationnelle.

Vers un supplément extraordinaire en 2026

Le gouvernement n’exclut pas la création d’un supplément exceptionnel pour les pensionnés au cours de l’année 2026. Son versement dépendra toutefois de l’évolution de l’exécution budgétaire et des marges de manœuvre financières. Ce mécanisme de flexibilité, déjà utilisé dans les années précédentes, permettrait d’ajuster les montants si l’inflation ou les recettes fiscales dépassent les prévisions actuelles.

Pour les économistes, cette prudence budgétaire illustre la volonté du gouvernement de concilier deux impératifs : soutenir les revenus des retraités tout en préservant la trajectoire de réduction du déficit public. Car si le Portugal se félicite de sa stabilité financière retrouvée, les contraintes européennes, notamment celles du Pacte de stabilité, continuent d’encadrer toute dépense structurelle.

Un pays vieillissant face à un défi structurel

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Le Portugal est aujourd’hui l’un des pays les plus âgés d’Europe : près de 24 % de la population a plus de 65 ans, et cette proportion devrait atteindre un tiers d’ici 2050. Cette mutation démographique rapide exerce une pression croissante sur le système de retraites, financé principalement par les cotisations des actifs. Dans un marché du travail marqué par des salaires modestes et une émigration persistante des jeunes diplômés, l’équation budgétaire reste fragile.

Près de 24 % de la population a plus de 65 ans, et cette proportion devrait atteindre un tiers d’ici 2050

C’est pourquoi le gouvernement mise sur une approche mixte : revalorisation progressive des prestations et promotion de l’« envejecimiento ativo », c’est-à-dire du vieillissement actif. L’idée n’est plus seulement d’aider les aînés à survivre dignement, mais aussi de les maintenir impliqués dans la vie sociale, associative et même économique.

Les réformes récentes dans le domaine de la santé publique vont dans le même sens : développement de la télémédecine, renforcement des soins à domicile, et création de structures d’accueil communautaires. Autant de mesures qui visent à conjuguer solidarité et soutenabilité.

Une promesse politique, mais un pari économique

Pour le Premier ministre Luís Montenegro, la hausse des retraites est aussi un test politique. Son gouvernement, arrivé au pouvoir dans un climat social tendu, cherche à incarner un centre droit plus attentif aux questions sociales, sans rompre avec l’orthodoxie budgétaire. Les mesures en faveur des retraités traduisent cette ligne d’équilibre : une attention aux plus fragiles, mais sans expansion massive de la dépense publique.

« Aucun aîné ne doit être laissé de côté », répète le texte du budget. Une phrase qui résonne bien dans un pays où le vieillissement n’est plus seulement une donnée statistique, mais un enjeu de société majeur. Reste à savoir si les 700 millions annoncés suffiront à changer la vie quotidienne des pensionnés les plus modeste, ceux qui, souvent, comptent chaque euro à la fin du mois.

Le défi d’une Europe sociale

Au-delà des frontières portugaises, la réforme s’inscrit dans une tendance européenne plus large : celle d’une revalorisation sociale de la vieillesse face à l’inflation, à la précarisation et au recul des solidarités familiales. La France, l’Espagne et l’Italie ont, elles aussi, adopté des mesures similaires pour compenser la perte de pouvoir d’achat des retraités. Lisbonne, en ce sens, ne fait pas exception, mais elle avance avec une contrainte supplémentaire : la taille réduite de son économie et la fragilité de son équilibre démographique.

À court terme, l’annonce offre au gouvernement un répit politique et une image d’écoute. À long terme, elle pose une question centrale : comment financer durablement la solidarité dans une société vieillissante ? Une question à laquelle le Portugal, comme beaucoup d’autres pays européens, devra bientôt répondre, avec ou sans croissance.

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