Vers un nouveau black-out ibérique ? L’Espagne en alerte, le Portugal en vigilance

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Depuis l’importante panne électrique du 28 avril dernier, qui a plongé la péninsule Ibérique dans l’obscurité pendant plusieurs heures, la question de la sécurité énergétique revient sur le devant de la scène. Ce lundi, la Red Eléctrica, opérateur du réseau espagnol, a signalé à son régulateur national des variations anormales de tension pouvant, à terme, compromettre l’équilibre du système électrique. Si aucun risque de nouveau black-out n’a été officiellement évoqué, l’épisode soulève des inquiétudes jusqu’au Portugal. Faut-il se préparer à un nouvel incident majeur ?

L’alerte, bien que circonscrite au territoire espagnol, fait ressurgir les fragilités structurelles d’un réseau interconnecté. Les autorités portugaises n’ont, à ce stade, émis aucun avertissement, mais surveillent de près l’évolution de la situation. En effet, la configuration du système ibérique, fortement interdépendant, signifie qu’une instabilité majeure sur le réseau espagnol peut, en cascade, affecter l’approvisionnement au Portugal, comme ce fut le cas il y a six mois.

Une instabilité électrique venue d’Espagne

Dans une note transmise à la Commission nationale des marchés et de la concurrence (CNMC), la Red Eléctrica a fait état de « variations brusques de tension » observées ces deux dernières semaines sur son réseau. Celles-ci seraient liées à une évolution rapide de la production renouvelable, difficile à anticiper et à contrôler en temps réel.

Bien que les valeurs enregistrées demeurent dans les seuils réglementaires, elles pourraient entraîner des déconnexions locales de production ou de consommation si des ajustements techniques urgents ne sont pas mis en œuvre. La REE a ainsi demandé l’adoption temporaire de plusieurs mesures opérationnelles destinées à renforcer la stabilité de l’ensemble du système, pour une durée initiale de 30 jours renouvelables.

Le ministère espagnol de la Transition écologique a appuyé la demande, insistant sur la nécessité de garantir la sécurité énergétique. Une consultation publique est en cours, ouverte jusqu’au 15 octobre, pour recueillir les observations des acteurs concernés. Cette transparence, saluée à Bruxelles, vise à rassurer les usagers sans pour autant occulter les tensions existantes dans la gestion d’un réseau en mutation.

Le recours croissant aux énergies renouvelables, dont la production est par nature variable, impose une refonte des mécanismes de régulation et de réponse rapide aux déséquilibres. La REE insiste : ces phénomènes sont nouveaux, mais appelés à se reproduire. Le réseau doit évoluer pour s’adapter à cette nouvelle donne.

Le Portugal est-il directement menacé ?

À ce jour, aucune alerte n’a été émise par REN, le gestionnaire du réseau portugais. Dans un communiqué laconique, l’entreprise précise suivre « avec attention » les évolutions techniques en Espagne. Les responsables assurent que l’incident d’avril a permis de renforcer certains protocoles de sécurité, notamment dans la coordination transfrontalière des flux électriques.

Néanmoins, plusieurs experts rappellent que la configuration du réseau ibérique, une quasi-île énergétique, implique un niveau de dépendance élevé entre les deux pays. Ainsi, un effondrement de fréquence ou de tension côté espagnol peut, sous certaines conditions, entraîner une désynchronisation ou une perte d’équilibre au Portugal.

« Il ne faut pas céder à l’alarmisme, mais il serait imprudent de penser que les événements en Espagne sont sans effet chez nous », prévient un ingénieur du secteur énergétique à Lisbonne. « Le réseau portugais est robuste, mais interconnecté : la surveillance, la coordination et la prévention sont essentielles. »

Le gouvernement portugais, tout en gardant un profil discret, a relancé plusieurs discussions internes sur la résilience des infrastructures critiques, notamment dans les transports et les télécommunications. Le souvenir du black-out d’avril reste vif, d’autant plus qu’il avait mis en évidence les failles logistiques en cas d’interruption prolongée de l’alimentation électrique.

Une vigilance renforcée, sans panique

À l’heure actuelle, aucune consigne officielle de préparation n’a été émise à l’intention des citoyens portugais. Contrairement à certaines publications relayées sur les réseaux sociaux, aucun ministère ne recommande de « préparer son kit de survie » de manière systématique. L’activation de ce type de mesures ne serait envisagée que dans le cadre d’une alerte formelle.

La Red Eléctrica espagnole a d’ailleurs tenu à rassurer la population. Dans une déclaration publiée jeudi soir, l’entreprise souligne que « les variations observées n’ont à aucun moment représenté un danger immédiat pour la continuité du service », ajoutant que les tensions mesurées restent « dans les limites admissibles » et que les mesures proposées visent à « renforcer la robustesse du système dans un contexte de transformation énergétique rapide ».

Du côté portugais, cette transformation est également en cours. Le pays investit massivement dans l’éolien offshore, le solaire et l’hydrogène vert, tout en développant des capacités de stockage d’énergie. Ces avancées, bien qu’encourageantes, nécessitent une infrastructure de contrôle et de distribution adaptée aux défis nouveaux de la flexibilité énergétique.

En cas de coupure d’électricité prolongée, la Commission européenne recommande de pouvoir tenir au moins 72 heures sans aide extérieure. Voici les éléments de base à stocker :

  • Eau potable : minimum 5 litres par personne
  • Aliments non périssables : conserves, biscuits, fruits secs
  • Radio à piles pour rester informé sans réseau
  • Lampe de poche et bougies
  • Batteries externes pour téléphone portable
  • Argent liquide (distributeurs hors service)
  • Couvertures, vêtements chauds, sac de couchage
  • Trousse de premiers secours + médicaments essentiels

Ce type de préparation est recommandé uniquement à titre préventif, notamment dans les zones rurales ou isolées.

Entre interconnexion et précaution

Le spectre d’un nouveau black-out généralisé n’est pour l’instant qu’une hypothèse. Mais les signaux techniques en Espagne rappellent que la transition énergétique ne va pas sans risques. Pour le Portugal, l’enjeu n’est pas tant de céder à l’alarmisme que de renforcer une culture de vigilance, de coordination et de résilience.

Les réseaux électriques modernes sont complexes, interdépendants et soumis à des contraintes croissantes. La sécurité d’approvisionnement ne se garantit plus seulement localement : elle dépend désormais d’une coopération étroite entre pays voisins, d’investissements continus et d’une information claire au public. Dans ce contexte, toute alerte sérieuse de l’un est aussi, potentiellement, l’affaire de l’autre.

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