L’énergie solaire au Portugal : entre essor et exaspération

L’énergie solaire a longtemps été perçue comme une solution idéale pour la transition énergétique au Portugal. Avec un ensoleillement exceptionnel et un fort engagement vers les énergies renouvelables, le pays s’est positionné comme un acteur clé en Europe. Pourtant, l’installation massive de méga-centrales photovoltaïques commence à susciter de vives préoccupations, notamment dans la région d’Évora, où la population s’inquiète de l’impact environnemental et paysager.

Une multiplication des projets solaires à Évora

Dans la municipalité d’Évora, trois immenses projets solaires sont actuellement à l’étude. Ils totalisent à eux seuls près de 1 560 000 modules photovoltaïques, couvrant une superficie de plus de 1 300 hectares. Un chiffre qui représente 1 % de la superficie totale de la municipalité.

Les projets en question sont :

• Newcon40 : 800 100 panneaux photovoltaïques
• Hyperion Renewables Évora : 394 500 panneaux, avec une révision pour limiter l’impact paysager
• IncognitWorld 3 : 362 076 panneaux

Face à ces chiffres impressionnants, la plateforme citoyenne Juntos pelo Divor ¹ exprime ses inquiétudes quant aux effets cumulatifs de ces installations sur l’environnement, la biodiversité et le patrimoine local.

Une contestation citoyenne qui s’organise

Si l’association Juntos pelo Divor affirme être favorable aux énergies renouvelables, elle pointe du doigt un manque de concertation locale et un défaut de planification à long terme.

Elle s’inquiète notamment de plusieurs éléments :

• L’absence de consultation technique approfondie sur l’implantation des panneaux
• Une logique d’implantation basée avant tout sur la proximité des infrastructures électriques existantes, au détriment d’une étude d’impact global
• L’absence de réglementation claire et participative permettant de garantir un équilibre entre développement énergétique et préservation du paysage

L’association estime qu’il existe des alternatives pour limiter l’impact de ces projets massifs. Plutôt que de concentrer ces installations dans le nord et le nord-est d’Évora, elle propose de diversifier l’implantation et d’optimiser le réseau de transport d’électricité, notamment en créant de nouvelles sous-stations le long des lignes à haute tension.

Énergie renouvelable et préservation du territoire : un dilemme

Le débat autour du solaire à Évora illustre un dilemme grandissant au Portugal. D’un côté, la nécessité d’accélérer la transition énergétique est évidente. De l’autre, les populations locales craignent de voir leur territoire transformé en une mer de panneaux solaires, sans réelle prise en compte des aspects environnementaux et culturels.

L’association Juntos pelo Divor appelle donc à une pause et une réflexion collective avant d’aller plus loin dans ces projets de grande envergure. Pour elle, il est essentiel d’établir un cadre réglementaire plus structuré, afin de garantir un équilibre entre les impératifs énergétiques et la préservation des paysages et de la biodiversité.

Ce débat est-il révélateur d’un ras-le-bol généralisé face à l’implantation massive de centrales solaires au Portugal ? Ou bien s’agit-il simplement d’un ajustement nécessaire pour encadrer un développement plus harmonieux ? L’avenir de l’énergie solaire au Portugal devra nécessairement trouver un équilibre entre progrès écologique et respect du territoire.