Luís Montenegro reconduit à la tête du gouvernement

Luis montenegro

À peine trois semaines après les élections législatives anticipées, le Portugal s’est doté d’un nouveau gouvernement. Le président Marcelo Rebelo de Sousa a donc reconduit Luís Montenegro au poste de Premier ministre, malgré une absence de majorité absolue et un climat politique toujours fragile.

La nomination du leader du Parti social-démocrate (PSD), arrivé en tête du scrutin du 18 mai sans pour autant franchir le seuil des 116 sièges, s’inscrit dans une logique de continuité institutionnelle, mais aussi de compromis. Ironie du calendrier, c’est une affaire le mettant en cause qui avait conduit à la dissolution de l’Assemblée en mars dernier. Aujourd’hui, Luís Montenegro revient au pouvoir à la tête d’un gouvernement remanié, avec un équilibre plus resserré et des promesses de réformes à la clé. Reste à savoir s’il saura gouverner dans un Parlement divisé, où les équilibres sont précaires et les alliances, incertaines.

Une reconduction sous surveillance

La scène se joue au palais national d’Ajuda, à Lisbonne. Dix-huit jours après les élections législatives anticipées du 18 mai, le président de la République portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa, a officiellement intronisé Luís Montenegro, leader du Parti social-démocrate (PSD), au poste de Premier ministre. Jeudi 5 juin, le chef de l’État a également nommé les 16 ministres du 25e gouvernement constitutionnel, deuxième exécutif formé par la coalition de centre droit AD (PSD/CDS-PP).

Ce retour rapide aux affaires n’efface pas les turbulences récentes. C’est en effet une affaire impliquant indirectement le chef du gouvernement qui avait précipité la chute du précédent exécutif en mars, après l’échec d’un vote de confiance. Dans ce contexte, la légitimité du nouveau gouvernement reste à consolider, d’autant plus qu’il devra gouverner sans majorité absolue.

Une victoire sans majorité, un pouvoir à négocier

Lors du scrutin du 18 mai, l’Alliance démocratique menée par le PSD est certes arrivée en tête, mais elle ne compte que 91 sièges sur les 230 que comprend le Parlement. Un score insuffisant pour gouverner seule, le seuil de la majorité absolue étant fixé à 116 élus. Face à cette configuration fragmentée, Luís Montenegro a déclaré vouloir dialoguer avec « toutes les formations politiques », tout en excluant explicitement la formation d’un accord de gouvernance permanent.

Le nouveau Premier ministre devra composer avec une chambre basse recomposée : le parti d’extrême droite Chega, mené par André Ventura, s’impose comme la première force d’opposition, tandis que le Parti socialiste (PS), relégué à la troisième place, a promis une « attitude constructive ». Des équilibres précaires, donc, que le chef de l’État avait anticipés en exigeant des « garanties de stabilité » avant toute reconduction.

Une équipe resserrée, des choix stratégiques

Le gouvernement nouvellement constitué compte un ministre de moins que le précédent (16 contre 17), conséquence d’une réorganisation interne de plusieurs portefeuilles. Des départs notables sont à signaler : Pedro Duarte, aux Affaires parlementaires, quitte ses fonctions pour briguer la mairie de Porto ; Margarida Blasco, à l’Administration intérieure, aurait, selon des sources concordantes, demandé à quitter ses fonctions.

Le portefeuille de la Culture disparaît en tant que tel, désormais intégré à celui de la Jeunesse et du Sport, confié à Margarida Balseiro Lopes. La ministre de la Santé, Ana Paula Martins, pourtant évoquée parmi les sortants, conserve finalement son poste. À noter aussi la création d’un ministère délégué à la Réforme de l’État, confié à Gonçalo Saraiva Matias, signalant une volonté affichée de modernisation de l’appareil administratif.

Une opposition vigilante, un président arbitre

En marge de la cérémonie d’investiture, le positionnement des principales forces d’opposition s’est précisé. André Ventura, chef de file de Chega, a promis une « opposition responsable » tout en assurant ne pas souhaiter une nouvelle crise politique. Du côté du PS, Carlos César et José Luis Carneiro, ce dernier pressenti pour reprendre la direction du parti fin juin, ont tous deux reconnu la légitimité de la nomination de Luís Montenegro, tout en promettant une collaboration vigilante.

Présent à Munich aux côtés du Premier ministredès ce week-end pour célébrer la fête nationale portugaise (mardi 10 juin) et assister à la finale de la Ligue des Nations, le président Rebelo de Sousa n’entend toutefois pas se désengager. Son rôle de garant de la stabilité pourrait à nouveau être mis à contribution si les tensions parlementaires devaient s’exacerber.

Un mandat placé sous le signe de la prudence

Luís Montenegro repart pour un second mandat qui s’annonce complexe. Le contexte international reste incertain, notamment sur le plan économique et commercial. Sur le plan intérieur, la pression est forte pour réformer sans heurter. Le Premier ministre a assuré vouloir poursuivre le travail amorcé, mais il devra faire preuve de doigté pour composer avec une Assemblée fragmentée, une opposition plurielle, et des attentes élevées, notamment sur les dossiers sociaux et budgétaires.

Plus que jamais, ce gouvernement devra avancer à pas mesurés. Sans majorité absolue, sans pleine confiance de la population, mais avec l’obligation de gouverner. Le pragmatisme, la négociation et l’écoute s’imposeront comme les maîtres mots de cette nouvelle législature, dans un pays où la stabilité politique reste un exercice délicat.


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