Lisbonne prolonge la suspension de nouvelles « licences Airbnb »

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La municipalité de Lisbonne a décidé de prolonger, pour une durée supplémentaire de six mois, la suspension de l’octroi de nouvelles licences de location touristique de courte durée, notamment celles exploitées via des plateformes comme Airbnb. Cette mesure, portée par le Parti socialiste (PS), intervient dans un contexte de tension croissante autour de la crise du logement, sur fond de divergences politiques au sein du conseil municipal. Elle reflète également une volonté affirmée de réguler un secteur accusé de contribuer à la raréfaction du logement accessible pour les Lisboètes.

Un vote majoritaire pour une mesure controversée

La décision a été adoptée lors d’une réunion à huis clos du conseil municipal. Bien que la coalition PSD/CDS-PP, qui gouverne sans majorité absolue, ait proposé une mesure similaire, c’est celle du PS qui a été retenue, avec le soutien des élus du PCP, de Livre, du Bloco de Esquerda et des Cidadãos Por Lisboa.

Le maire Carlos Moedas, pourtant historiquement favorable à la libéralisation de la location touristique, a créé la surprise en facilitant le vote

Le maire Carlos Moedas, pourtant historiquement favorable à la libéralisation de la location touristique, a créé la surprise en facilitant le vote, bien que son parti se soit abstenue. Une volte-face politique notée par l’opposition, qui rappelle que Moedas s’était opposé en 2021 à une mesure similaire limitée à 11 paroisses historiques de la ville.

Limiter les « AL » pour protéger le logement permanent

probleme AL au portugal

Les autorités locales justifient cette suspension par la nécessité de réviser le Règlement municipal sur l’hébergement local (« Alojamento Local » ou AL), alors même que la législation nationale pourrait provoquer un afflux massif de demandes de licences. Le PS redoute en effet une « ruée » vers les autorisations avant l’entrée en vigueur de règles plus strictes.

Cette suspension concerne toutes les nouvelles demandes dans les 20 des 24 paroisses de Lisbonne, où le rapport entre hébergements touristiques et logements permanents atteint déjà des seuils critiques : 7,2 % à l’échelle municipale et 2,5 % dans les paroisses ciblées.

Une tension croissante entre intérêts économiques et droit au logement

La croissance fulgurante de l’hébergement touristique à Lisbonne depuis la dernière décennie a entraîné une flambée des loyers et la conversion de milliers de logements en meublés de courte durée. Si le secteur touristique représente un apport majeur pour l’économie locale, il est aussi pointé du doigt pour avoir fragilisé l’accès à un logement abordable pour les résidents.

La municipalité tente d’équilibrer ces deux réalités en mettant en place des mesures temporaires de régulation, tout en préparant un nouveau cadre juridique. La période de consultation publique sur la réforme du règlement AL s’est achevée le 15 avril dernier, avec 71 contributions écrites et trois sessions dédiées.

Quelle suite pour le règlement AL ?

La prochaine étape consistera à analyser les propositions issues de la concertation publique, avant de soumettre un nouveau texte à l’approbation du conseil municipal. Cette future réglementation pourrait instaurer des zones de restriction permanentes, des quotas de logements touristiques par quartier, ou encore des conditions plus strictes pour l’obtention ou le renouvellement des licences.

En attendant, cette prolongation marque un tournant important dans la gouvernance de Lisbonne, où la priorité semble peu à peu se déplacer vers la résidence durable et la protection du tissu social urbain. Le bras de fer avec les acteurs de l’hébergement touristique ne fait peut-être que commencer.


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