Lisbonne, destination phare du tourisme européen, voit affluer chaque année des millions de visiteurs. Derriere cette attractivité se cache un outil fiscal discret mais redoutablement efficace : la taxe de séjour. Introduite en 2016, cette taxe municipale, prélevée sur chaque nuit d’hébergement, a permis à la capitale portugaise de récolter plus de 260 millions d’euros en moins de dix ans. D’abord modeste, elle a connu une hausse significative jusqu’à atteindre aujourd’hui le tarif le plus élevé du pays : 4 € par nuit. Retour sur un dispositif devenu essentiel au financement des infrastructures lisboètes.
Une taxe qui suit la courbe du tourisme
Instaurée en janvier 2016 à hauteur de 1 € par nuit (avec une limite de sept nuits par séjour et une exonération pour les moins de 13 ans), la taxe a immédiatement rapporté plus de 11,35 millions d’euros. Son produit a grimpé à 16,55 M€ en 2017 puis 18,55 M€ en 2018, reflet d’un tourisme en plein essor.
En 2019, l’augmentation à 2 €/nuit dope les recettes à 36,08 M€. Mais la crise sanitaire frappe : les années 2020 (12,11 M€) et 2021 (9,91 M€) enregistrent un net repli. Dès 2022, la reprise est tangible avec 33,06 M€ encaissés, puis 40,24 M€ en 2023. L’année 2024 marque un record historique : 49,51 M€.
Une hausse à 4 € depuis 2024 pour financer les besoins de la ville
Depuis septembre 2024, la taxe est passée à 4 €. Une mesure justifiée par la municipalité (dirigée par Carlos Moedas) par le coût croissant des services urbains. Les recettes servent à financer le nettoyage, la sécurité, les infrastructures publiques, la mobilité et le développement de l’offre culturelle et touristique. En octobre 2024, mois suivant l’augmentation, 8,16 M€ sont enregistrés, un nouveau record mensuel.
Parmi les investissements emblématiques figurent la rénovation du dock de la marine, la station Sud-Sud, le musée du Trésor royal et le centre d’interprétation du pont 25 Avril. Les autorités rappellent que les coûts du tourisme ne doivent pas peser sur les résidents lisboètes.
Lisbonne applique aussi une taxe spécifique de 2 € pour chaque passager de croisière en transit débarquant dans la ville. Déployée en avril 2024, cette taxe a généré 365 920 € la première année, et déjà 309 397 € en cinq mois sur 2025.
Au 31 mai 2025, Lisbonne a déjà collecté 32,76 millions d’euros, ce qui laisse prévoir une nouvelle année record. Le cap des 300 millions d’euros cumulés pourrait être franchi dès 2026.
Porto et d’autres villes adaptent aussi leur fiscalité touristique
La ville de Porto, de son côté, a introduit une taxe de 1€ en 2018, passée à 3€ en décembre 2024. Elle a généré 20,9 M€ en 2024 (+8,1% sur un an), et déjà 9,3 M€ au premier quadrimestre 2025 (+42%). Dans d’autres communes comme Póvoa de Varzim, la taxe atteint 500 000 € en 2024.
Des villes comme Cascais, Sintra ou encore les stations balnéaires d’Algarve ont adopté des systèmes similaires. Les tarifs varient selon la saison et les types d’hébergement, généralement entre 1 et 2 euros.
Le tourisme moteur du financement urbain
Lisbonne illustre comment une fiscalité bien calibrée peut transformer le tourisme en moteur de financement urbain. Avec une taxe qui passe de 1€ à 4€ en moins de 10 ans, la capitale portugaise conjugue dynamisme économique et amélioration du cadre de vie. Un modèle que d’autres villes portugaises adoptent, dans un souci croissant de durabilité et d’équilibre entre visiteurs et habitants.