Au Portugal, certaines locations partent en moins de 24 heures. C’est ce que révèle une étude récente du site immobilier Idealista, qui met en lumière un phénomène croissant de « locations express » sur le marché locatif portugais. Un indicateur révélateur d’une tension toujours plus forte sur le logement, où l’emplacement, le prix et la typologie déterminent désormais la rapidité de la transaction.
Une tension croissante sur les logements abordables
Au premier trimestre 2025, près de 9 % des logements mis en location sur Idealista ont été loués en moins de 24 heures. Ce chiffre monte à 19 % pour les biens affichés à moins de 750 €/mois, signe que la demande se concentre massivement sur les segments les plus accessibles du marché.
Les données sont claires : plus le loyer est élevé, moins la rotation est rapide. Ainsi, seuls 4 % des biens à plus de 1 500 €/mois sont loués en une journée. À l’inverse, les logements les plus économiques sont pris d’assaut, souvent dès leur mise en ligne.
Ce phénomène n’est pas homogène sur tout le territoire portugais. Certaines villes enregistrent des taux de locations express bien supérieurs à la moyenne nationale.
Funchal, Setúbal et Coimbra en tête des villes les plus dynamiques
Parmi les six capitales de district ou régions autonomes analysées, Funchal (capitale de l’île de Madère) domine largement, avec 25 % des locations finalisées en moins de 24 heures. Viennent ensuite Setúbal (14 %), Coimbra (11 %), Porto (8 %), Lisbonne (7 %) et Braga (6 %).
La part de logements abordables (<750 €) explique largement cette dynamique. À Setúbal, un quart des locations dans cette tranche de prix ont trouvé preneur en moins d’une journée. Le phénomène est similaire à Braga (18 %), Lisbonne (17 %) et Porto (15 %).
Les loyers entre 750 € et 1 000 € : Funchal confirme sa domination
Funchal se distingue aussi dans la tranche 750–1 000 € par mois, avec un impressionnant 50 % de locations finalisées en moins de 24 heures. Derrière, les capitales continentales peinent à suivre : Lisbonne (12 %), Coimbra (11 %), Porto et Setúbal (8 %), Braga (7 %).
Ce taux élevé sur une tranche de prix moyenne pourrait indiquer une concurrence particulièrement vive dans les zones insulaires où l’offre est plus restreinte et les alternatives de logement plus limitées.
Logements haut de gamme : des cas d’urgence malgré tout
Dans la catégorie des loyers entre 1 000 et 1 500 €, Funchal reste en tête avec 25 % de locations express, suivi de Setúbal (19 %), puis Lisbonne et Porto (11 %). Même dans les segments supérieurs, certains biens se louent très rapidement, confirmant une pression continue sur des produits spécifiques : vue mer, rénové, meublé, etc.
Pour les loyers supérieurs à 1 500 €, le phénomène s’atténue mais persiste : 20 % des locations à Setúbal ont été conclues en moins d’une journée, 17 % à Funchal. Lisbonne, Porto et Braga restent en retrait avec respectivement 4 %, 3 % et 3 %.
Pourquoi un tel engouement pour les locations express ?
Cette accélération des délais de location s’explique par plusieurs facteurs cumulatifs :
- Un déficit d’offre locative accessible : les biens à prix modérés sont rares, donc très recherchés.
- La pression démographique dans les zones urbaines et touristiques.
- L’inflation du marché immobilier depuis la pandémie, qui pousse de nombreux Portugais à accepter rapidement un bien par peur de ne rien trouver.
- La digitalisation des recherches, qui facilite les prises de contact instantanées dès la mise en ligne.
Vers une standardisation des locations express ?
Si ces données montrent une intensité particulière début 2025, elles confirment une tendance de fond : la rapidité est devenue une norme pour les locations les plus abordables. Les candidats locataires n’ont plus le luxe de la réflexion et doivent souvent visiter et signer dans la foulée.
Face à cela, les propriétaires adaptent leurs pratiques : dossier dématérialisé, pré-sélection rigoureuse, voire absence de visite physique. Du côté des locataires, la précarité s’accentue, notamment pour ceux ne pouvant présenter de garanties solides ou de revenus stables.
Un marché sous tension, mais inégal
Les chiffres démontrent une inégalité criante selon les territoires. À Funchal, l’exiguïté du marché amplifie la vitesse des transactions. À Setúbal ou Braga, c’est la rareté des petits loyers qui alimente l’urgence. À Lisbonne et Porto, la saturation croissante pousse les candidats vers des alternatives périphériques où les locations express s’intensifient également.
Reste à savoir si cette tendance est structurelle ou conjoncturelle. Mais une chose est sûre : en 2025, il faut être rapide pour se loger au Portugal.