Le projet de train à grande vitesse (TGV) reliant Lisbonne à Porto constitue l’un des investissements ferroviaires les plus ambitieux du Portugal. Il vise à moderniser le transport ferroviaire et à renforcer la connectivité entre les deux principales métropoles du pays. Avec une longueur totale de 290 km, cette ligne offrira une liaison rapide et efficace, réduisant considérablement les temps de trajet.
Le tracé prévoit une voie ferrée en double voie, construite en plusieurs phases. Le premier tronçon, entre Porto-Campanhã et Soure, devrait être opérationnel d’ici 2028. La seconde phase, entre Soure et Carregado, est prévue pour 2030, et la troisième, entre Carregado et Lisbonne-Oriente, sera développée après cette date.
La nouvelle ligne empruntera un écartement ibérique (1 668 mm), tout en assurant une interconnexion avec le réseau ferroviaire conventionnel, notamment aux gares de Aveiro, Coimbra et Leiria. De plus, une nouvelle station sera aménagée à Vila Nova de Gaia (Santo Ovídeo) pour répondre aux besoins des passagers.
Un gain de temps significatif sur les trajets
Avec la mise en service de cette ligne, les voyageurs bénéficieront d’une réduction drastique des temps de parcours. Actuellement, un train classique met près de 3 heures pour effectuer la liaison Lisbonne-Leiria, un temps qui sera ramené à 36 minutes grâce au TGV. Pour un trajet complet entre Lisbonne et Porto, la durée de voyage passera à seulement 1 heure et 15 minutes sans arrêts.

Les bénéfices pour les voyageurs et l’économie
Le projet de TGV apportera une amélioration considérable de l’offre ferroviaire. Il contribuera notamment à :
- Augmenter la capacité ferroviaire, permettant une meilleure fluidité du trafic.
- Réduire la congestion routière en encourageant le report modal vers le train.
- Renforcer la compétitivité des transports face à l’avion et à la voiture.
- Diminuer l’empreinte carbone du secteur des transports, en s’inscrivant dans les objectifs climatiques de l’Union européenne.
Une connexion renforcée avec l’Europe
Ce projet s’inscrit dans un plan ferroviaire national ambitieux qui prévoit également une future liaison TGV entre Lisbonne et Madrid. À terme, le Portugal souhaite connecter son réseau à grande vitesse avec le réseau ferroviaire espagnol et européen, renforçant ainsi son intégration au sein du continent.
Les défis du financement et des normes européennes
Le coût estimé du projet pour le corridor Atlantique (Lisbonne-Galice) oscille entre 7 et 8 milliards d’euros. Le Portugal bénéficie d’un soutien financier à hauteur de 813 millions d’euros de fonds européens pour la première phase et d’environ 3 milliards d’euros de la Banque européenne d’investissement (BEI) 1.
La question de la compatibilité des infrastructures
La Commission européenne 2 impose toutefois des ajustements : bien que la ligne soit initialement construite en écartement ibérique, elle devra être convertie à la norme européenne (1 435 mm) avant 2030. Cette adaptation s’accompagne également d’une harmonisation des systèmes de signalisation et d’alimentation électrique, en coordination avec l’Espagne.
Impacts et préoccupations environnementales
La construction de la ligne à grande vitesse entre Lisbonne et Porto entraînera des modifications significatives du paysage et de l’environnement, notamment en raison des travaux de terrassement, de la construction de viaducs et de tunnels, ainsi que des expropriations nécessaires à son implantation. Parmi les principaux défis identifiés, l’occupation des sols agricoles et forestiers est un enjeu majeur, car elle risque d’affecter des écosystèmes sensibles et des terres productives.
En outre, le projet aura un impact sur la biodiversité locale, en modifiant les habitats naturels de certaines espèces et en fragmentant des corridors écologiques. Des solutions d’atténuation, comme la construction de passages pour la faune et la reforestation de certaines zones, sont envisagées pour minimiser ces effets.
Le bruit et les vibrations liés au passage des trains à grande vitesse constituent également une source d’inquiétude pour les riverains, en particulier à proximité des gares et des zones urbaines traversées. Des écrans acoustiques et des technologies ferroviaires avancées seront mis en place pour réduire ces nuisances.
Enfin, l’étude d’impact souligne que, malgré ces défis, la réduction des émissions de CO₂ grâce au report modal du transport routier et aérien vers le rail compensera une partie des effets négatifs du chantier. Une mise en œuvre rigoureuse des mesures de compensation sera essentielle pour assurer un équilibre entre développement ferroviaire et préservation environnementale.
Un projet structurant pour l’avenir
Le TGV Lisbonne-Porto représente une révolution pour la mobilité au Portugal, offrant un service moderne, rapide et compétitif. Son impact s’étendra bien au-delà des grandes villes, favorisant le développement économique et territorial, tout en répondant aux défis climatiques. Malgré les obstacles techniques et financiers, ce projet s’impose comme un levier stratégique pour l’avenir des transports ferroviaires portugais et européens.
- BEI : https://www.eib.org/fr/index ↩︎
- Commission européenne : https://commission.europa.eu/index_fr ↩︎