Ce week-end, la paisible Praia de Quiaios, nichée entre les dunes et l’océan, à une vingtaine de kilomètres au nord de Figueira da Foz, dans le centre du Portugal, s’est métamorphosée en un immense théâtre céleste. Malgré une météo capricieuse, les organisateurs ont tenu bon, maintenant coûte que coûte la 4ᵉ édition du Festival international de cerf-volant de Quiaios. Dans un ballet silencieux, des raies géantes, des poissons volants, des méduses de tissu et des dragons ondulants ont dansé au-dessus du sable. Ce n’était pas un rêve d’enfant, mais bien un événement aussi spectaculaire que poétique, qui attire chaque année un public familial venu de toute la région. Entre ciel et terre, l’imaginaire prend son envol.
Un rendez-vous international qui en met plein les yeux
Avec pour devise « Cores no ar, magia no olhar » (des couleurs dans l’air, de la magie dans les yeux), le festival réunit des équipes venues de 6 pays – Portugal, France, Espagne, Croatie, Colombie et Thaïlande – pour un spectacle aérien aux mille nuances. Le ciel se peuple alors de formes fantastiques : créatures marines, insectes géants, étoiles flottantes. Certains cerfs-volants atteignent jusqu’à 50 mètres de long, défiant les lois de la gravité et de l’échelle humaine.
Certains cerfs-volants atteignent jusqu’à 50 mètres de long, défiant les lois de la gravité et de l’échelle humaine.
Parmi les temps forts, les vols synchronisés à deux ou quatre lignes impressionnent par leur précision chorégraphique, semblables à une danse orchestrée par les vents. À la tombée de la nuit, les cerfs-volants lumineux prennent le relais, transformant l’horizon en toile féerique. Le public, installé sur la plage, regarde le ciel s’illuminer dans un silence émerveillé, ponctué des rires d’enfants.
Une fête pensée pour les familles
Le festival 1 ne se contente pas d’un simple spectacle ; il invite à la participation. Les enfants peuvent construire leur propre papagaio lors d’ateliers, apprendre les techniques de Lourosa 2 – haut lieu de la tradition portugaise du cerf-volant – ou simplement jouer sur les structures gonflables disposées sur le sable. Accès gratuit, ambiance conviviale, c’est un rendez-vous à la fois populaire et poétique, pensé pour rassembler toutes les générations autour du plaisir simple de lever les yeux vers le ciel.
Il y a dans ce festival une nostalgie douce. Celle des après-midis venteux passés à faire voler des cerfs-volants sur la plage. Un souvenir qui s’estompe, mais que l’événement entend raviver. « Aujourd’hui, les enfants jouent moins dehors », constate Ricardo Santos. « Ici, ils découvrent une autre liberté ; ils apprennent à fabriquer, à tester, à rêver. » Et les adultes les accompagnent, les regardent, parfois avec une larme au coin de l’œil.
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Quand le ciel devient message
Pour les organisateurs, le ciel n’est pas qu’un terrain de jeu : c’est aussi un support de sensibilisation. Les animaux marins géants de l’équipe portugaise Cabeças no Ar…Te rappellent la richesse et la fragilité des océans. Le thème, récurrent dans les festivals de bord de mer, prend ici une dimension particulière : la mer est là, toute proche, et les figures flottantes deviennent des ambassadeurs aériens d’un écosystème menacé.
Pour les organisateurs, le ciel n’est pas qu’un terrain de jeu : c’est aussi un support de sensibilisation
« Le cerf-volant, c’est un art populaire mais exigeant, une affaire de précision et de passion », explique Renato Ramos, président de l’association. « Ce festival, c’est aussi une manière d’éveiller des vocations, de transmettre un savoir-faire, de créer du lien. »
Quiaios, un village tourné vers le ciel… et l’avenir
Blotti entre les collines boisées de la Serra da Boa Viagem et l’océan Atlantique, Quiaios est un petit village côtier rattaché à la municipalité de Figueira da Foz, à une vingtaine de kilomètres au nord de cette dernière. Moins connu que les grandes stations balnéaires de la région, ce hameau à l’âme tranquille se situe aussi à 1h de route de Coimbra, haut lieu universitaire et culturel du centre du Portugal. Une localisation stratégique, entre mer et montagne, qui en fait une escapade idéale en famille.
Le succès du festival témoigne d’un attachement fort des habitants. « Ce festival, on l’a voulu, on l’a fait grandir », affirme Ricardo Santos, président de la Junta de Freguesia de Quiaios 3. Pensé pour revitaliser l’économie locale et faire de la Praia de Quiaios un destination touristique à part entière, l’événement attire aujourd’hui bien au-delà du district. Les visiteurs viennent de tout le centre du Portugal, parfois même de la région de Lisbonne, pour profiter de ce week-end hors du commun. Les commerçants en bénéficient, les hôtels se remplissent, les enfants courent sur le sable, les regards s’élèvent vers le ciel — et les sourires se partagent.
Un événement à suivre dans les airs… et sur la carte
À la croisée des vents et des imaginaires, le Festival international de cerf-volant de Quiaios s’impose comme un événement unique au Portugal. Une expérience visuelle et émotionnelle, où la légèreté se fait engagement, et où chaque vol devient une invitation à prendre de la hauteur. Un rendez-vous à ne pas manquer pour tous ceux qui ont gardé, quelque part, une âme d’enfant.
- Festival Internacional de Papagaios de Quiaios ↩︎
- Lourosa est une localité du nord du Portugal, proche de Santa Maria da Feira. Elle est connue, entre autres, pour certaines pratiques culturelles transmises de génération en génération, dont la construction artisanale de cerfs-volants en papier de soie et en canne.
Sont utilisés pour fabriquer les cerf-volants :
– la structure en roseau ou en canne (caniço) pour la légèreté ;
– l’usage de papier coloré ou papier de soie collé à la farine ou à la colle faite maison ;
– un équilibrage minutieux au niveau de la queue et des points de tension du fil ;
– et parfois des motifs décoratifs peints à la main, très typiques et uniques. ↩︎ - Junta de Freguesia de Quiaios : https://www.jf-quiaios.pt/ ↩︎
