Airbnb accuse les hôtels d’aggraver le surtourisme

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Airbnb a jeté un pavé dans la mare en accusant les hôtels d’être les principaux responsables du surtourisme dans les dix villes les plus visitées de l’Union européenne, parmi lesquelles figure Lisbonne. Selon la plateforme, près de 80 % des nuitées sont encore enregistrées dans des hôtels traditionnels. L’étude, s’appuyant sur les données d’Eurostat et de l’Organisation mondiale du tourisme, fait de cette majorité hôtelière le principal moteur de l’engorgement touristique des centres historiques, alors que nombre de détracteur ont plutôt tendance à accuser la plateforme de location collaborative.

Le contexte : la colère croissante des habitants face au surtourisme

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De Lisbonne à Barcelone, en passant par Venise ou Amsterdam, les manifestations d’habitants exaspérés par les effets du surtourisme se multiplient. Au Portugal, plusieurs rassemblements ont eu lieu au printemps à Lisbonne et Porto, dénonçant la hausse des loyers, la raréfaction du logement pour les résidents et la gentrification des centres historiques. Des pancartes comme « Lisbonne n’est pas à vendre » ou « Nous ne sommes pas des figurants » ont fleuri dans les cortèges.

Ces mouvements populaires reflètent un malaise profond, alimenté par l’explosion du tourisme post-pandémie, l’essor des locations touristiques et la pression constante sur les services urbains. En Espagne, des manifestations similaires ont été organisées aux Baléares ou en Andalousie, où les habitants réclament un changement de modèle. L’un des points régulièrement soulevés concerne la concentration des hôtels et des locations Airbnb dans les zones les plus sensibles, au détriment du tissu social local.

Dans ce climat de tensions croissantes, la dernière prise de position d’Airbnb, qui rejette la faute sur l’industrie hôtelière, ajoute une nouvelle dimension au débat. Elle soulève des questions sur les responsabilités respectives et les modèles d’aménagement touristique à repenser.

Des données portugaises mises en avant

À titre d’exemple, Airbnb met en avant le quartier de Santo António à Lisbonne, qui compterait à lui seul 3 chambres d’hôtel pour 5 résidents. Airbnb souhaite alors pointer une contradiction : alors que les villes européennes peinent à construire des logements, plus de 289 hôtels supplémentaires ont ouvert en Europe rien qu’en 2023. Lisbonne et Porto font partie des zones les plus concernées par cette prolifération.

Airbnb défend son modèle d’économie de partage en affirmant que chaque euro dépensé sur la plateforme par un hôte génère 2,5 € supplémentaires dans les commerces de proximité. Autre argument : 59 % des nuitées Airbnb se situent en dehors des centres-villes, contrairement aux hôtels, dont la densité reste très forte dans les zones historiques comme Alfama ou Baixa.

Par ailleurs, la plateforme rappelle que l’explosion du tourisme de croisière participe aussi à l’engorgement. Le port de Lisbonne ayant vu le nombre de croisiéristes bondir de 54 % entre 2022 et 2023, atteignant un record de 758.328 passagers en une année.

Un débat européen qui divise

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La réponse du secteur hôtelier

La réaction de l’industrie hôtelière ne s’est pas fait attendre. Le groupe TUI, l’un des principaux voyagistes européens, estime que le véritable problème réside dans les locations de courte durée, accusées de détourner le parc immobilier du résidentiel et d’accélérer la hausse des loyers. De son côté, la fédération HOTREC, qui regroupe les hôteliers européens, plaide pour que les plateformes de location soient soumises aux mêmes règles que les hôtels : déclarations, fiscalité, normes de sécurité, etc.

Ce double discours ravive un clivage ancien entre hôtellerie classique et hébergement dit collaboratif. Airbnb tente ici de retourner la critique souvent adressée à son modèle, en désignant les hôtels comme les moteurs réels du surtourisme.

Une pression croissante sur les villes portugaises

Lisbonne et Porto, toutes deux très exposées au tourisme international, cherchent encore à trouver un équilibre. Déjà, plusieurs mesures ont été prises pour limiter l’essor de l’hébergement touristique dans les quartiers historiques : quotas de licences, taxation spécifique, gel des nouvelles autorisations. Mais le débat reste ouvert sur le partage des responsabilités entre hôtels, locations de courte durée, croisières, et compagnies aériennes low cost.

Selon Airbnb, les villes devraient investir davantage dans le logement que dans de nouveaux complexes hôteliers. Un avis qui rejoint celui de nombreuses ONG locales dénonçant la gentrification des centres urbains portugais.

Un appel à repenser le tourisme

Airbnb appelle à une nouvelle approche, plus équilibrée, de la politique touristique en Europe. Pour Lisbonne comme pour d’autres capitales européennes, il ne s’agit plus seulement de répartir les flux, mais de repenser les usages de l’espace urbain et la place réservée aux habitants permanents. L’objectif est clair : trouver un modèle soutenable, qui ne sacrifie ni la vie locale ni l’accueil des visiteurs.

En dénonçant les hôtels, Airbnb tente surtout de déplacer le centre de gravité d’un débat devenu central dans le futur des villes portugaises : comment accueillir sans détruire ?

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