Si le projet de budget 2026 1 présenté par le gouvernement portugais prévoit une série de mesures sociales positives comme la hausse du salaire minimum, la revalorisation des retraites, des baisses d’impôts, il repose aussi sur une augmentation significative des recettes issues des redevances, amendes et taxes sectorielles. Tour d’horizon de ces hausses qui alimenteront les finances publiques.
Des amendes plus rentables pour l’État
Les recettes issues des amendes et pénalités devraient progresser de 43,2 % en 2026, pour atteindre près de 466 millions d’euros. À elles seules, les infractions au code de la route devraient générer plus de 113 millions d’euros, en hausse de 13 % par rapport aux prévisions de 2025.
Cette croissance notable contribue à l’équilibre budgétaire recherché, mais soulève aussi des interrogations. Certaines organisations redoutent un usage excessif des sanctions à des fins strictement financières, au détriment de leur vocation pédagogique ou dissuasive.
Des redevances accrues dans plusieurs secteurs
Le gouvernement table également sur une hausse globale de 6,5 % des recettes issues des redevances et frais, pour un total estimé à 3,79 milliards d’euros. Cette augmentation s’appuie sur plusieurs évolutions sectorielles :
- +14,3 % pour les frais de licences et autorisations délivrées aux entreprises ;
- +10,8 % pour les frais judiciaires ;
- et un volume de redevances diverses atteignant à lui seul 1,84 milliard d’euros.
Ces hausses renforcent les capacités de financement de l’État, sans toucher directement l’impôt sur le revenu ou les charges classiques.
Tabac, alcool, sodas : des hausses ciblées
Dans une logique de fiscalité comportementale, le gouvernement prévoit également des hausses ciblées sur certains produits à forte externalité négative :
- La taxe sur le tabac augmentera de 4,4 %, pour atteindre 1,676 milliard d’euros ;
- Les droits sur les boissons alcoolisées et sucrées (IABA) contribueront également à une recette supplémentaire estimée à près de 79 millions d’euros par rapport à 2025.
Ce choix permet de générer de nouvelles recettes tout en envoyant un signal sanitaire clair, notamment en période post-pandémie où les enjeux de santé publique restent prioritaires.
Mais aussi quelques allègements
Toutes les lignes budgétaires ne sont pas orientées à la hausse. Le gouvernement prévoit notamment :
- Une baisse de 61 % des redevances sur l’énergie ;
- Une réduction de 22,5 % des frais modérateurs dans la santé, pour un total estimé à 20,7 millions d’euros.
Ces allègements ciblés viennent contrebalancer partiellement les hausses prévues et s’inscrivent dans une stratégie budgétaire plus fine que ne le laisse penser le seul accroissement des recettes.
Entre diversification des recettes et pression fiscale indirecte
Ce projet de budget confirme une orientation : celle d’une diversification maîtrisée des leviers de financement, mis au service d’une rigueur budgétaire assumée. Mais il soulève aussi une question essentielle : celle de la pression fiscale indirecte exercée sur les citoyens et les entreprises via des canaux moins visibles que les impôts classiques.
Reste à savoir si cette stratégie saura préserver l’équilibre entre efficacité financière et justice sociale, alors que le pays s’apprête à débattre du budget au Parlement jusqu’à fin novembre.







