Lisbonne s’apprête à alourdir la fiscalité sur les produits dits « à risque« . Le projet de loi de finances pour 2026, présenté par le gouvernement portugais, prévoit une hausse des recettes issues des taxes sur le tabac et l’alcool, dans un contexte de reprise de la consommation. Cette mesure, qui s’inscrit dans une stratégie de rendement fiscal, pourrait rapporter à l’État près de 79 millions d’euros supplémentaires l’an prochain.
Alors que la pression fiscale globale reste stable, le gouvernement choisit de cibler les produits à externalités négatives pour optimiser ses recettes indirectes. Le tabac et les boissons alcoolisées, mais aussi les sodas et produits sucrés, verront ainsi leur fiscalité renforcée dès janvier 2026.
Une hausse des recettes portée par la consommation
Selon le rapport annexé au projet de budget, la taxation du tabac (IT – Imposto sobre o Tabaco) devrait rapporter 1,67 milliard d’euros en 2026, soit une hausse de 4,4 % par rapport à l’année précédente. Cela représente un gain de 71 millions d’euros, expliqué par une projection de hausse de la consommation privée.
Du côté de l’IABA (Imposto sobre o Álcool, as Bebidas Alcoólicas e as Bebidas Adicionadas de Açúcares ou outros Edulcorantes), la progression sera plus modeste : les recettes attendues s’élèvent à 326 millions d’euros, en hausse de 2,5 %, soit 8 millions d’euros supplémentaires. Le gouvernement impute cette évolution par la hausse continue de la consommation d’alcool et de boissons sucrées observée en 2025, notamment dans les secteurs de la grande distribution et de la restauration.
Au total, les recettes issues de ces deux taxes atteindront 1,99 milliard d’euros en 2026. Cela représentera environ 5,3 % des recettes fiscales indirectes du pays, et un peu moins de 3 % du total des recettes fiscales.
Un levier budgétaire ciblé, sans impact sur les dépenses liées au tabac
Dans sa note explicative, l’exécutif précise que la fiscalité du tabac ne génère aucune dépense fiscale dans le périmètre de l’État. Autrement dit, il n’existe ni exonération ni réduction spécifique pour ce poste, ce qui renforce son rôle de « taxe-rendement« .
En revanche, l’IABA mobilise des dépenses fiscales estimées à 72,2 millions d’euros, en hausse de 2,2 % sur un an. Ces allègements fiscaux concernent notamment l’alcool à usage thérapeutique ou sanitaire, ainsi que certaines boissons non alcoolisées bénéficiant de régimes d’exonération. Ces postes représenteront, à eux seuls, 86,7 % des dépenses fiscales de l’IABA.
Le gouvernement justifie ce traitement différencié par les objectifs de santé publique, tout en soulignant que ces dépenses fiscales ne remettent pas en cause la trajectoire haussière des recettes associées à ces produits.
Un choix budgétaire prudent, mais politiquement sensible
Dans un contexte de ralentissement modéré de l’activité économique et d’inflation contenue, le gouvernement portugais reste prudent dans sa stratégie fiscale. Plutôt que de modifier les taux de TVA ou d’accroître l’imposition directe, il opte pour un ajustement ciblé sur des produits à forte fiscalité comportementale. Cette approche vise à maintenir un rendement budgétaire élevé, sans affecter directement les revenus des ménages.
Cependant, cette décision pourrait être critiquée par les industriels du tabac, les distributeurs de boissons et certains acteurs de l’hôtellerie-restauration. Le gouvernement se défend en invoquant un alignement avec les standards européens en matière de taxation de produits nuisibles à la santé.
Un ajustement fiscal au rendement maîtrisé
La hausse annoncée des taxes sur le tabac et l’alcool au Portugal en 2026 s’inscrit dans une logique de rendement budgétaire, plus que dans une véritable réforme fiscale. Le gouvernement capitalise sur une consommation stable, voire croissante, pour augmenter ses recettes sans provoquer de rupture.
En ciblant les produits à taxation comportementale, l’exécutif joue une carte classique mais efficace. Reste à mesurer l’élasticité réelle de la consommation et l’impact sur les revenus des acteurs économiques concernés. Une stratégie à rendement immédiat, mais dont les effets à moyen terme devront être suivis de près.







