À Lisbonne, la sécurité devient une priorité affichée. La municipalité et le gouvernement portugais ont décidé de s’allier pour élaborer un plan d’action spécifique à la capitale, dont les contours sont encore en cours de définition. Ce projet, fruit d’une réunion jugée « excellente » par le maire Carlos Moedas, témoigne d’un changement de ton au sommet de l’État, à l’heure où la ville, carrefour démographique et touristique, fait face à des défis croissants en matière de tranquillité publique.
Une approche coordonnée pour une capitale aux réalités singulières
Lisbonne n’est pas une ville comme les autres. Capitale du Portugal, elle accueille quotidiennement plus d’un million de personnes, bien au-delà de ses 570 000 résidents. Cette intensité impose une vigilance accrue. C’est dans ce contexte que Carlos Moedas, maire élu sous la bannière de la coalition Novos Tempos, a rencontré la ministre de l’Administration interne, Maria Lúcia Amaral, afin d’impulser une dynamique commune. L’objectif : établir un plan de sécurité adapté aux spécificités lisboètes, articulé autour de plusieurs axes.
Le premier concerne les effectifs policiers. Un état des lieux sera mené pour déterminer les besoins réels, tant pour la PSP (Police de sécurité publique) que pour la Police municipale. « Il est important de reconnaître que Lisbonne a des caractéristiques particulières », a souligné le maire, appelant à une stratégie différenciée par rapport aux autres municipalités portugaises.
Gardes nocturnes et vidéo-surveillance : les nouvelles armes de la prévention

Parmi les mesures envisagées figure le renforcement des patrouilles nocturnes. Le projet des gardes de nuit, lancé par la mairie, prévoit la formation et la mise en service de 56 agents spécialement dédiés à la surveillance urbaine après la tombée du jour. « C’est une question de sécurité, mais aussi de justice sociale », a commenté Carlos Moedas, soulignant que la présence régulière de ces agents contribuerait à la tranquillité des habitants dans les quartiers sensibles.
En parallèle, le plan prévoit une accélération de la mise en œuvre du système de vidéo-surveillance, déjà amorcé depuis 2009. Actuellement, 64 caméras sont en fonctionnement, notamment dans les zones de Cais do Sodré et du Campo das Cebolas. Mais de nombreuses autres installations restent à finaliser. Le maire a évoqué l’extension du dispositif à des lieux aujourd’hui jugés plus problématiques, comme le Martim Moniz, la Mouraria, ou encore l’Avenida da Liberdade.
Vers une montée en compétences de la Police municipale ?

Une autre revendication portée de longue date par la mairie concerne l’évolution des prérogatives de la Police municipale. Carlos Moedas souhaite qu’elle puisse, dans certaines conditions, procéder à des interpellations, même si elle ne constitue pas un organe de police judiciaire. « Il y a un consensus sur la nécessité de renforcer l’efficacité de notre police locale », a déclaré l’édile, qui entend aller plus loin dans la coopération entre services municipaux et étatiques.
Sur ce point, la ministre Maria Lúcia Amaral s’est montrée ouverte au dialogue, tout en rappelant que toute extension de compétence devra se faire dans un cadre légal rigoureux. Le maire, de son côté, s’est dit prêt à en assumer les coûts et la responsabilité, y voyant une condition indispensable à l’ancrage durable de la sécurité dans la capitale.
Un plan encore sans calendrier mais politiquement stratégique
À ce jour, aucun calendrier de mise en œuvre n’a été communiqué. Le projet n’en est encore qu’à ses prémices, mais le signal politique est fort. À l’approche des élections municipales d’octobre, Carlos Moedas, qui n’a pas encore officialisé sa candidature, entend marquer son engagement sur un thème central aux yeux des électeurs : la sécurité dans l’espace urbain.
Lisbonne reste une ville largement perçue comme sûre à l’échelle européenne, mais le sentiment d’insécurité progresse dans certains quartiers. Le plan en gestation pourrait ainsi constituer une réponse à la fois opérationnelle et symbolique, dans une capitale qui cherche à conjuguer ouverture, attractivité et sérénité urbaine.







