L’intelligence artificielle au service du vote éclairé au Portugal

Alors que les élections législatives anticipées du 18 mai 2025 approchent au Portugal, deux initiatives technologiques novatrices, Vota AI et AntónIA, offrent aux électeurs des outils inédits pour comparer les programmes politiques. Ces deux assistants conversationnels s’appuient sur l’intelligence artificielle pour rendre la politique plus compréhensible, accessible et transparente. Portées par des étudiants et chercheurs de l’Université de Porto, ces plateformes incarnent une nouvelle forme d’engagement civique à l’ère numérique.

Vota AI : une IA créée par deux étudiants pour promouvoir la littératie politique

Filipe Barros et João Barão, étudiants en Intelligence Artificielle et Science des Données à la Faculté des Sciences et à la Faculté d’Ingénierie de l’Université de Porto, sont les créateurs de Vota AI ¹. Cette plateforme gratuite permet aux citoyens de poser des questions sur des thèmes clés comme l’habitation, la santé, l’éducation ou les impôts. En retour, l’utilisateur reçoit une réponse fondée sur les programmes électoraux officiels des partis.

Le projet a été conçu comme un pont entre la complexité des documents politiques et le droit de chacun à un vote informé. Il utilise des technologies de pointe en Natural Language Processing (NLP), pour garantir la clarté, la précision et la vérifiabilité des réponses. « L’intelligence artificielle ne remplace pas le jugement critique, elle le facilite », affirme Filipe Barros.

Entièrement développé dans le cadre universitaire, Vota AI est supervisé par les professeurs Luís Paulo Reis et André Restivo et bénéficie du soutien du Laboratoire d’Intelligence Artificielle de l’Université de Porto.

AntónIA : une initiative citoyenne pour une démocratie plus informée

Parallèlement à Vota AI, une autre IA baptisée AntónIA ² a vu le jour, conçue par Rui Peixoto Lira, designer et étudiant en master de Philosophie, Politique et Économie. Contrairement à Vota AI, AntónIA ne dépend d’aucune institution universitaire ou politique, et ne reçoit aucun financement externe. Elle s’inscrit dans une démarche totalement indépendante.

Accessible via un site web ainsi que sur Instagram et Facebook, AntónIA permet de poser des questions en langage naturel et d’explorer les programmes électoraux selon des thèmes clés : environnement, fiscalité, santé, éducation, logement, entre autres. Le système s’appuie sur les données officielles disponibles et affine ses réponses au fil des interactions des utilisateurs.

Pour Rui Lira, cette IA est avant tout une initiative civique. « La démocratie ne fonctionne que si les citoyens sont informés. Tout le monde n’a pas le temps ou l’énergie de lire 200 pages de PDF. Un assistant comme AntónIA permet de commencer quelque part », explique-t-il.

Des outils gratuits pour un accès égal à l’information politique

Les deux assistants dopés à l’intelligence artificielle ont en commun leur gratuité et leur volonté d’égaliser l’accès à l’information électorale. Que ce soit Vota AI ou AntónIA, les concepteurs insistent sur le fait que personne ne devrait être privé d’un choix éclairé faute de temps, de formation ou de moyens.

Leur déploiement intervient dans un contexte de numérisation accrue de la vie politique, où la méfiance envers les sources traditionnelles d’information pousse de nombreux citoyens vers des canaux alternatifs. En ce sens, ces IA constituent aussi des réponses créatives aux enjeux de la transparence et de la participation démocratique.

Vers un futur électoral plus interactif ?

Avec des outils comme Vota AI et AntónIA, le Portugal se positionne à l’avant-garde d’une nouvelle forme de démocratie augmentée par la technologie. Loin de remplacer les débats ou le contact humain, ces IA cherchent à les compléter intelligemment, en facilitant la compréhension des enjeux, en rapprochant les citoyens des programmes, et en stimulant un vote plus conscient.

Reste à savoir si ces innovations sauront conquérir un public plus large et s’inscrire durablement dans le paysage électoral portugais. Mais une chose est certaine : elles ouvrent une voie prometteuse pour une participation civique plus informée, plus libre et plus active.