Les eaux portugaises abritent environ 250 épaves contenant des trésors, réparties entre les côtes continentales, les Açores et Madère. Cette information provient d’Alexandre Monteiro, archéologue sous-marin, qui a recensé 8 620 navires dans sa base de données. Ces épaves, pour la plupart postérieures à 1500, représentent un patrimoine historique inestimable.
Une richesse sous-marine encore méconnue
Parmi les navires identifiés, on dénombre environ 7 500 épaves le long des côtes continentales, 1 000 autour des Açores et 120 près de Madère. Ces chiffres reflètent des siècles de commerce maritime et de naufrages tragiques. Pourtant, ce patrimoine reste largement inexploité.
Un exemple marquant est celui du Nossa Senhora da Luz, un navire perdu en 1615 près de Faial, dans les Açores. Après quatre ans de recherches dans divers archives, Alexandre Monteiro 1 a localisé le site de l’épave dès sa première plongée, mettant en lumière l’immense potentiel des fouilles sous-marines.
Des trésors menacés par l’inaction
Malgré la richesse de ces découvertes potentielles, les épaves portugaises restent exposées. Monteiro souligne qu’aucun plan de protection n’a été mis en place pour préserver ces trésors historiques, malgré la publication de ses travaux. Les chasseurs de trésors et les projets maritimes représentent une menace directe.
- Ces épaves sont souvent enfouies sous le sable, les rendant difficiles à localiser sans expertise.
- L’absence de réglementation spécifique rend ces trésors vulnérables à l’exploitation illégale.
- Les projets d’infrastructure portuaire pourraient endommager irrémédiablement ces sites.
Un potentiel économique et culturel
Protéger ces épaves ne servirait pas seulement à préserver l’histoire, mais aussi à valoriser le patrimoine portugais. Voici quelques pistes :
- Créer des plans de contingence pour les découvertes accidentelles.
- Encourager la recherche scientifique et archéologique sous-marine.
- Développer des musées pour exposer les artefacts récupérés.
- Promouvoir le tourisme culturel autour de ces épaves.
Un exemple fascinant est le trésor du Nuestra Señora de Guia dont nous avons déjà parlé, un navire perdu près des Açores. Ces trésors attirent autant les chercheurs que les amateurs d’histoire maritime.
Un autre trésor oublié : le galion São Jorge
Une découverte exceptionnelle a été réalisée au large de Malindi, au Kenya. Selon l’archéologue Alexandre Monteiro, il s’agit très probablement du galion São Jorge 2, un navire perdu en 1524 lors de la troisième expédition de Vasco da Gama vers l’Inde. Ce naufrage marque un tournant dans l’histoire maritime portugaise et représente le plus ancien navire portugais découvert et fouillé à ce jour.
Les recherches ont débuté en 2007, après que des pêcheurs locaux ont signalé la présence de débris sous-marins. Les premiers artefacts identifiés incluaient du marbre, du cuivre, des céramiques chinoises du XVIe siècle et des pierres de ballast, caractéristiques de la construction navale portugaise de l’époque. Ces éléments, combinés aux archives historiques, ont permis d’identifier le São Jorge avec une quasi-certitude.
Será mesmo o galeão São Jorge, naufragado há 500 anos? Saiba mais:…
Une structure ensevelie mais préservée
Le site du naufrage est protégé par des couches de sable et de sédiments accumulés au fil des siècles. Cette configuration naturelle a créé une barrière empêchant les pillages massifs, bien que certains artefacts aient été récupérés de manière informelle. Parmi les vestiges découverts figurent 27 meules à grain destinées à produire du pain en Inde, témoins du commerce colonial portugais.
Les fouilles archéologiques sont encore en cours, mais leur financement repose principalement sur des institutions locales kenyanes, avec une participation limitée du Portugal. Alexandre Monteiro souligne que ce site recèle encore de nombreux trésors archéologiques enfouis sous la ligne de flottaison du navire, incluant potentiellement une grande partie de sa cargaison.
Une opportunité unique de préserver un héritage culturel et historique
Les épaves au large du Portugal offrent une opportunité unique de préserver un héritage culturel et historique. Cependant, sans efforts concertés pour leur protection, ce patrimoine pourrait être perdu à jamais. Le Portugal a tout à gagner à valoriser ces trésors, tant pour enrichir ses connaissances historiques que pour stimuler son économie touristique.
- Tout savoir sur Alexandre Monteiro : https://fcsh-unl.academia.edu/AlexandreMonteiro ↩︎
- Galion São Jorge : https://www.rtp.pt/noticias/cultura/galeao-de-vasco-da-gama-pode-ter-sido-encontrado-ao-largo-do-quenia_a1623307 ↩︎