Face aux défis démographiques et économiques, le Portugal envisage sérieusement d’adopter la semaine de travail de quatre jours. Inspiré par les expériences menées dans d’autres pays, et porté par les résultats prometteurs de projets pilotes, le gouvernement explore de nouvelles voies pour améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle de ses citoyens.
Un contexte démographique préoccupant
Comme d’autres pays développés, le Portugal est confronté à une baisse continue de son taux de natalité. En 2024, seulement 84.631 bébés sont nés, soit une diminution par rapport à l’année précédente. Bien que le premier trimestre 2025 montre une légère reprise, les autorités restent prudentes quant à la pérennité de cette tendance. Ce contexte démographique pousse les décideurs à repenser les conditions de travail pour favoriser un meilleur équilibre familial et professionnel.
Le Portugal rejoint ainsi le Japon, également concerné par le vieillissement de la population, dans l’exploration de solutions innovantes comme la réduction du temps de travail hebdomadaire.
Des essais déjà prometteurs au Portugal
En 2023, en partenariat avec l’organisation 4 Day Week Global 1, le gouvernement portugais a lancé un projet pilote impliquant 41 entreprises. Parmi elles, 21 ont coordonné un test de six mois basé sur le modèle « 100:80:100™ » : 100 % du salaire, 80 % du temps de travail, 100 % de productivité 2.
Les résultats ont été significatifs : l’épuisement professionnel a diminué de 19 %, les difficultés à équilibrer vie personnelle et professionnelle sont passées de 46 % à seulement 8 %, et une écrasante majorité des employés ne reviendraient à la semaine de cinq jours que contre une augmentation de salaire substantielle.
Encouragés par ces chiffres, les responsables politiques envisagent désormais d’étendre l’expérience au secteur public, à commencer par les Açores, qui testeront la formule en 2025.
Une dynamique mondiale en faveur de la semaine de 4 jours

À l’international, les résultats des tests de la semaine de quatre jours confirment une tendance de fond. En Espagne, notamment à Valence, les salariés ont rapporté moins de stress, plus de bien-être et une meilleure productivité. De nombreuses entreprises européennes, comme Awin en Allemagne, ont constaté une croissance de leurs résultats tout en adoptant des horaires plus flexibles.
Le modèle séduit de plus en plus car il propose une réponse concrète aux enjeux contemporains : amélioration de la santé mentale, réduction du burn-out, plus grande implication des pères dans la vie familiale, et même réduction de l’empreinte carbone liée aux déplacements professionnels.
Quels défis pour le Portugal ?
Malgré l’enthousiasme général, certains experts appellent à la prudence. Dans certains cas, les essais ont montré que comprimer les heures de travail pouvait augmenter la charge et le stress journalier si la réorganisation n’était pas maîtrisée. Des secteurs très opérationnels pourraient rencontrer plus de difficultés à adapter leur modèle sans affecter la qualité ou la rentabilité.
Le gouvernement portugais devra donc établir un cadre souple, permettant des adaptations selon les secteurs et les réalités locales. Le succès d’une généralisation dépendra aussi de la collaboration active entre employeurs, syndicats et salariés.
Une révolution du travail en marche ?
Si les résultats des premiers tests se confirment à plus grande échelle, le Portugal pourrait rejoindre les pionniers européens en matière d’innovation sociale. En offrant plus de temps libre sans perte de salaire, le pays renforcerait non seulement le bien-être de sa population, mais aussi son attractivité pour les talents étrangers en quête d’un meilleur équilibre de vie.
Reste à suivre de près les expériences en cours et les annonces du gouvernement dans les prochains mois.
- 4 Day Week Global : https://www.4dayweek.com/ ↩︎
- 100:80:100 : https://www.creationdesociete.com/la-semaine-de-quatre-jours-une-revolution-en-perspective/ ↩︎