Le Portugal, champion du gaz le plus cher d’Europe

gaz portugal

Alors que l’Union européenne enregistre une baisse généralisée des prix du gaz domestique au premier semestre 2025, une exception notoire attire l’attention : le Portugal. Le pays figure en tête des États membres où le coût du gaz, corrigé en parité de pouvoir d’achat, est le plus élevé. Une anomalie énergétique qui soulève des questions à la fois économiques, sociales et politiques.

Le prix du gaz chute en Europe, sauf au Portugal

Les chiffres publiés par Eurostat 1 sont clairs : entre janvier et juin 2025, le prix moyen du gaz domestique dans l’Union européenne a diminué de 8,1 %, atteignant 11,43 euros pour 100 kWh, contre 12,44 euros au semestre précédent. Cette tendance marque un retour aux fluctuations saisonnières pré-crise, semblables à celles observées avant le choc énergétique de 2022.

Mais cette moyenne cache des disparités frappantes. En Suède, au Portugal et aux Pays-Bas, les prix corrigés du niveau de vie (exprimés en parité de pouvoir d’achat ou PPS) restent parmi les plus élevés. Le Portugal occupe la deuxième position avec 15,34 euros/100 kWh, juste derrière la Suède (17,55 euros).

À l’autre bout de l’échelle, la Hongrie, la Croatie et le Luxembourg proposent les tarifs les plus bas, respectivement à 4,43, 6,47 et 7,04 euros/100 kWh. Une différence de près de 250 % entre les extrêmes, qui illustre à quel point les politiques nationales pèsent sur le coût final payé par les ménages.

Alors que la tendance européenne est à la normalisation, le Portugal continue donc d’afficher une exception coûteuse.

Un fardeau fiscal qui pèse sur les factures

La fiscalité indirecte en ligne de mire

Une des causes identifiées de ce maintien de prix élevé réside dans la structure fiscale du secteur énergétique. Selon Eurostat, la part des taxes et redevances dans le prix final du gaz au Portugal a atteint 31,1 % au premier semestre 2025, contre 30 % fin 2024. Cette hausse, loin d’être anodine, s’explique par la suppression progressive des subventions accordées après 2022 pour limiter la hausse des prix.

La fin des mesures fiscales exceptionnelles prises pendant la crise a pour effet mécanique de renchérir la facture pour le consommateur. Autrement dit, les prix avant taxes baissent, mais le soulagement ne se répercute pas immédiatement sur les factures. Le poids fiscal redevient donc un élément déterminant dans la perception d’un prix élevé par les ménages portugais.

Un pouvoir d’achat sous pression

Dans un pays où le salaire médian reste inférieur à la moyenne de l’Union européenne, ce niveau de prix constitue un réel problème de pouvoir d’achat. La question n’est pas seulement celle de la compétitivité énergétique ou de la stabilité des marchés : elle touche au quotidien des familles qui doivent arbitrer entre besoins fondamentaux.

Pour certains experts portugais, cette situation renforce les inégalités régionales et sociales, en affectant particulièrement les zones rurales et les foyers les plus modestes. La flambée des prix, combinée à une taxation rigide, amplifie les tensions déjà vives sur le front de l’énergie et du logement.

Une transition toujours incomplète

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Face à cette situation, le gouvernement portugais reste discret. Aucune annonce forte n’a encore été faite pour accompagner les ménages ou réformer la structure tarifaire. Pourtant, la transition énergétique, promue dans le cadre du Plan de relance européen, suppose un accès équitable à l’énergie, condition préalable à l’adhésion citoyenne aux efforts de décarbonation.

En parallèle, les prix de l’électricité, eux, semblent marquer une certaine stabilité. Le tarif moyen européen pour les ménages s’établit à 28,72 euros/100 kWh. Le Portugal reste légèrement au-dessus, avec 28,99 euros, mais l’écart reste modeste comparé à celui observé sur le gaz.

Cette asymétrie interroge : pourquoi une telle divergence entre électricité et gaz ? Est-ce le reflet d’une dépendance énergétique structurelle, ou le symptôme d’un modèle tarifaire obsolète ?

Quelle marge de manœuvre pour Lisbonne ?

À court terme, les marges d’intervention semblent limitées. Toute réforme sur la fiscalité énergétique s’inscrit dans un cadre budgétaire contraint, alors que le gouvernement tente déjà de réduire les déficits. Pourtant, une remise à plat semble inévitable si l’on souhaite éviter que le Portugal ne devienne un îlot tarifaire au sein d’une Europe de l’énergie de plus en plus intégrée.

Les prochains mois diront si cette alerte sur les prix du gaz pousse les autorités à réévaluer leur politique tarifaire. En attendant, les Portugais continueront à payer leur gaz au prix fort, dans un contexte économique et social déjà tendu.

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