Guimarães, une ville historique fascinante

À deux pas de Porto, au nord-ouest du Portugal, se cache un joyau médiéval au riche passé : Guimarães. Cette cité pittoresque, au charme inchangé depuis le Moyen Âge, incarne bien plus qu’une carte postale du patrimoine portugais : elle est le lieu où est née l’identité nationale. Ses ruelles pavées, ses remparts, ses places animées et son château dressé sur la colline racontent, à chaque pas, une histoire fondatrice qui mêle mythe, mémoire et modernité. De la bataille d’Ourique à la restauration de ses monuments, Guimarães se dévoile comme un livre d’histoire à ciel ouvert.

Guimarães, là où le Portugal a vu le jour

C’est à Guimarães que l’on attribue la naissance politique du Portugal. Cette ville fut le théâtre de l’émergence d’un royaume indépendant, mené par Alphonse Henriques, né ici même. Appelé « le Conquérant » ou encore « le Fondateur », il remporta la célèbre bataille d’Ourique en 1139 contre les Maures, avant de faire reconnaître, en 1143, l’indépendance du Portugal par le roi de León et Castille. C’est donc à partir de Guimarães que le Portugal est devenu nation.

Cette filiation historique se lit encore sur les pierres de la ville : sur un pan de l’ancienne muraille, une inscription en lettres blanches proclame fièrement : « Aqui nasceu Portugal » (ici naquit le Portugal). Ce n’est pas une formule rhétorique, mais une vérité enracinée dans les chroniques du XIIe siècle. Le château, bâti au Xe siècle par la comtesse Mumadona Dias, servait déjà de refuge contre les incursions vikings et maures. Aujourd’hui, il en impose encore, dressant ses murailles sur la colline de Latito, face à la vallée du temps.

À quelques pas, l’église de São Miguel conserve une mémoire plus intime : c’est là, dans ce modeste édifice roman, que le futur roi aurait été baptisé. Guimarães conjugue ainsi la grande Histoire et les traces sensibles de l’enfance d’un pays.

Un patrimoine vivant entre passé et avenir

La ville de Guimarães n’est pas un musée figé. Elle est au contraire un organisme urbain vivant, où l’ancien cohabite avec la création contemporaine. Le palais des ducs de Bragance ¹, situé tout près du château, incarne cette continuité. Restauré avec soin, il offre aujourd’hui aux visiteurs une immersion dans le Portugal du XVe siècle. Ses 39 cheminées de brique émergent au-dessus de sa toiture, comme les tours d’un conte. Monument national depuis 1910, il accueille également certaines cérémonies officielles.

Plus bas, dans la ville basse, la rua de Santa Maria, l’une des plus anciennes artères de Guimarães, relie les différents quartiers. Cette voie pavée conserve un rythme médiéval, ponctué de pierres d’angle, de balcons en fer forgé et de maisons à colombages. On y croise l’hôtel de ville, une boutique d’azulejos et quelques pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle ². L’esprit du lieu reste perceptible, entre ferveur patrimoniale et art de vivre.

La place Santiago, avec ses terrasses animées, ses maisons en pierre aux balcons de bois, illustre à merveille cette douceur de vivre. On y déguste des bolinhos de bacalhau, de la salade de poulpe et des verres de vinho verde, entre deux clochers. Guimarães vibre, écoute, se réinvente.

Un centre historique d’exception inscrit à l’Unesco

Depuis 2001, le centre historique de Guimarães est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco ³. Cette reconnaissance internationale met en valeur une stratification urbaine unique, où mille ans d’histoire sont encore lisibles. L’ensemble urbain, remarquablement préservé, se distingue par sa cohérence architecturale, sa richesse typologique et l’usage constant de matériaux traditionnels, comme le granit et le bois.

La zone du Couros, en particulier, illustre cette dimension sociale et artisanale : autrefois cœur du tannage du cuir, elle conserve des tanneries, maisons ouvrières et cours intérieures typiques. Cette mémoire du travail, associée aux traces de la ville médiévale, constitue un paysage culturel exceptionnellement harmonieux.

Guimarães est également un modèle de gestion du patrimoine. Protégée par plusieurs lois, dotée d’un plan de sauvegarde révisé en 2015, la ville est suivie par une division municipale dédiée. Les enjeux de réhabilitation, notamment dans le Couros, sont réels, mais la stratégie de conservation urbaine y est globalement exemplaire.

Et pour prendre la pleine mesure de cette ville bijou, rien ne vaut une montée vers la montagne de la Penha. Accessible par téléphérique, elle offre un panorama saisissant sur la ville et les collines environnantes. Au sommet, le sanctuaire de Monte da Penha, érigé dans un style art déco des années 1930, rappelle que Guimarães sait aussi marier élégance et spiritualité. En granit local, bien sûr.

Guimarães n’est pas qu’un lieu historique : c’est une mémoire vivante nichée au nord du Portugal, une pierre fondatrice, un miroir où le pays contemple ses origines.