Le tourisme religieux est une dimension essentielle de l’économie de nombreux pays européens, et le Portugal n’échappe pas à cette réalité. Entre Lourdes en France et Fátima au Portugal, des millions de pèlerins se déplacent chaque année pour des raisons spirituelles, apportant avec eux une véritable industrie du tourisme qui dynamise les économies locales. Le Vatican, en approuvant ces pèlerinages a mis en lumière non seulement l’importance spirituelle de ces lieux, mais aussi leur impact économique. Le Portugal, avec son sanctuaire de Fatima, est un acteur majeur de ce marché florissant, où la foi et l’économie se rencontrent.
Fatima : un lieu de foi et de rassemblement
Fátima est sans conteste l’un des principaux sites de pèlerinage en Europe, aux côtés de Lourdes et de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce sanctuaire attire des millions de croyants chaque année, venus pour se recueillir là où, selon la tradition catholique, la Vierge Marie serait apparue à trois enfants en 1917. Ces apparitions ont transformé cette petite ville du centre du Portugal en un haut lieu de dévotion catholique.
Les pèlerinages à Fátima ont lieu principalement entre mai et octobre, avec des rassemblements importants le 13 de chaque mois. Les plus grandes affluences se produisent les 13 mai et 13 octobre, dates marquant les apparitions principales. Lors de ces journées, la ville peut accueillir près d’un million de visiteurs en quête de guérison spirituelle ou physique, ou cherchant des bénédictions pour des projets futurs.
Ce flux constant de pèlerins a transformé Fatima en un moteur économique pour la région, avec une multitude d’hôtels, de restaurants et de boutiques de souvenirs qui ont vu le jour autour du sanctuaire.
Lourdes : un modèle économique autour de la foi
À l’image de Fatima, Lourdes en France, célèbre pour ses eaux réputées miraculeuses, est un autre exemple frappant de l’importance du tourisme religieux pour l’économie locale. Chaque année, comme à Fátima, près de six millions de personnes visitent cette petite ville des Pyrénées. Lourdes est ainsi devenue la deuxième ville de France en capacité hôtelière, juste après Paris. Cette affluence de pèlerins, notamment des malades espérant une guérison, alimente une économie prospère basée sur l’hôtellerie, les services de santé et la vente d’articles religieux.
Comme l’écrivait Vanessa J. Panaligan dans son article sur le tourisme religieux à Lourdes, « la foi stimule la migration de millions de personnes chaque année et, avec cela, un substantiel entrepreneuriat commercial« . La pandémie de Covid-19 a cependant mis en lumière la dépendance économique de Lourdes et de Fátima, vis-à-vis de ce type de tourisme, lorsque les pèlerinages ont été interrompus. Pour se remettre de cette crise, la ville a entrepris de diversifier son offre touristique, en proposant notamment des expériences plus durables et en investissant dans des infrastructures modernes comme le vélo électrique et des zones piétonnes.
Fátima : une manne financière pour le Portugal
En 2023, le sanctuaire de Fátima a accueilli un nombre record de pèlerins, avec 6,8 millions de visiteurs, soit une augmentation de 39 % par rapport à 2022. Ce chiffre dépasse même de 9 % les niveaux de 2019, avant la pandémie. Parmi ces millions de pèlerins, 1,1 million de jeunes (soit 17 % du total) ont participé aux célébrations, en partie grâce aux Journées mondiales de la jeunesse et à la visite du Pape François en août 2023.
Cette affluence record s’est accompagnée d’une hausse significative des revenus du sanctuaire, qui ont atteint 21,73 millions d’euros, tandis que les dépenses, qui ont aussi augmentées, se sont élevées à 21,62 millions d’euros. Le recteur du sanctuaire, le père Carlos Cabecinhas, a souligné que le sanctuaire n’a pas pour objectif de générer des profits, mais plutôt de maintenir un équilibre financier. « Si nous parvenons à avoir un solde neutre chaque année, c’est parfait« , a-t-il déclaré aux journalistes, précisant que l’année 2023 s’était soldée par un léger excédent positif.
Les dépenses, qui ont augmenté de plus de 23 % par rapport à l’année précédente, s’expliquent en grande partie par l’augmentation des coûts liés au personnel, qui se sont élevés à environ 7 millions d’euros. Le sanctuaire emploie désormais près de 350 personnes, un chiffre en hausse par rapport à 2022. Les coûts liés aux services externes, comme l’énergie et les fournitures, ont également augmenté, atteignant près de 4,5 millions d’euros, reflétant les défis économiques mondiaux et l’inflation.
En termes de fréquentation internationale, les groupes de pèlerins provenaient de 94 pays, majoritairement européens, représentant 54 % des visiteurs. Les pèlerins en provenance d’Amérique constituaient 29 % du total, tandis que 15 % venaient d’Asie, soulignant la portée mondiale du sanctuaire de Fátima.
Grâce à ces chiffres impressionnants, Fátima reste une véritable locomotive pour l’économie portugaise, dynamisant non seulement le secteur du tourisme religieux mais aussi l’ensemble de l’industrie locale, avec des retombées considérables pour les hôtels, restaurants, commerces de souvenirs et services de transport. Le sanctuaire de Fátima, en constante croissance, continue de jouer un rôle central dans la vie économique et spirituelle du Portugal.
Les autres grands lieux de pèlerinage en Europe
Parmi les grands lieux de pèlerinage en Europe, Međugorje, en Bosnie-Herzégovine, et Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, occupent une place croissante aux côtés des sanctuaires traditionnels de Lourdes et de Fatima. En 2019, le Vatican a officiellement approuvé les pèlerinages à Međugorje, même si les apparitions mariales qui y ont été rapportées depuis les années 1980 n’ont pas encore été authentifiées par l’Église. Cela n’a pas empêché des foules de pèlerins d’affluer depuis des décennies, faisant de ce petit village un centre d’activité économique notable grâce au tourisme religieux.
À l’instar de Fátima, les commerçants de Međugorje ont su tirer parti de cette affluence massive de croyants venus du monde entier. Des hôtels, restaurants, boutiques de souvenirs et fermes locales bénéficient largement de cet afflux, contribuant à transformer la ville en un pôle économique régional. La reconnaissance officielle du Vatican ne fera qu’amplifier cet engouement, consolidant Međugorje comme un point de rassemblement incontournable pour les pèlerins catholiques.
De son côté, Saint-Jacques-de-Compostelle continue d’être l’une des destinations de pèlerinage les plus importantes et anciennes d’Europe, attirant chaque année des centaines de milliers de pèlerins parcourant le célèbre Chemin de Saint-Jacques. En 2022, malgré les effets de la pandémie, plus de 400 000 pèlerins ont reçu la Compostela, le certificat délivré aux marcheurs ayant accompli au moins 100 kilomètres à pied. Comme à Fatima, l’économie locale profite largement de cet afflux de visiteurs, avec des retombées directes pour l’hôtellerie, la restauration et le commerce local.
Saint-Jacques-de-Compostelle est un exemple frappant de la façon dont un pèlerinage peut ancrer une ville dans une dynamique économique de long terme. Chaque année, le Chemin de Compostelle attire des marcheurs venus du monde entier, désireux de vivre une expérience spirituelle profonde tout en découvrant la culture et le patrimoine espagnols. À l’image de Međugorje et Fatima, cette destination réussit à allier spiritualité et développement économique local.
Le tourisme religieux : au-delà de la spiritualité
Si les pèlerinages ont une forte composante spirituelle, ils s’accompagnent également d’un volet financier significatif. Les visiteurs, en quête d’une expérience religieuse authentique, sont aussi des consommateurs. Bien que les pratiques religieuses telles que l’assistance à la messe ou l’accès aux sanctuaires soient gratuites, l’économie locale prospère grâce aux services payants entourant ces lieux de culte.
Les boutiques de souvenirs et les hébergements, en particulier, constituent une source de revenus stable pour les régions accueillant ces pèlerinages. À Fátima, comme à Lourdes, la demande pour les hébergements dépasse largement l’offre pendant les grands événements religieux. Les boutiques de souvenirs, qui vendent statues, cierges et autres objets de piété, sont elles aussi particulièrement florissantes.
Un avenir post-pandémique pour le tourisme religieux
La pandémie de Covid-19 a eu un impact sans précédent sur le tourisme mondial, y compris le tourisme religieux. À Fatima et Lourdes, l’arrêt brutal des pèlerinages a mis à mal les économies locales, et la reprise s’annonce progressive. Néanmoins, les perspectives restent positives, car la demande pour ce type de voyages spirituels reste forte.
Le tourisme religieux continue de jouer un rôle essentiel dans la revitalisation économique des petites villes et régions d’Europe. Fatima, en particulier, est un pilier de cette industrie au Portugal, attirant non seulement des pèlerins, mais aussi des touristes curieux de découvrir l’histoire et la culture de ce lieu emblématique. En 2024, alors que le monde se remet des défis imposés par la pandémie, le tourisme religieux à Fatima, comme à Lourdes et ailleurs, promet de retrouver sa vigueur économique et spirituelle.
Fatima, un sanctuaire au carrefour de la foi et de la modernité
Fatima reste l’un des hauts lieux du tourisme religieux au Portugal, attirant chaque année des millions de pèlerins en quête de spiritualité et de guérison. Ce sanctuaire, marqué par les apparitions mariales de 1917, n’a cessé de croître en importance, à la fois comme destination religieuse et moteur économique pour la région. En plus des pèlerinages traditionnels, de nouveaux événements surprenants continuent d’enrichir l’histoire de Fátima, comme la désormais célèbre Bénédiction des Casques, qui attire des milliers de motards chaque année. En 2024, ce rassemblement a battu tous les records avec près de 180 000 participants venus recevoir la bénédiction de leurs casques, un symbole puissant de protection et de foi.
Fátima se distingue par sa capacité à mêler tradition et modernité. Si les pèlerins viennent avant tout pour des raisons spirituelles, le sanctuaire de Fatima est aussi un espace d’expression pour des événements contemporains qui rassemblent des publics diversifiés, comme cette surprenante bénédiction des motards. Cette capacité à s’adapter et à accueillir des manifestations variées fait de Fatima une destination dynamique, capable de répondre aux attentes des croyants tout en restant ancrée dans son temps.
Pour le Portugal, le tourisme religieux à Fatima représente non seulement une richesse spirituelle mais aussi un pilier économique majeur. En accueillant un public international tout au long de l’année, Fatima contribue au rayonnement du pays et à la vitalité de son économie locale. Alors que le monde émerge lentement de la pandémie, Fatima continue d’offrir un refuge de paix et de foi, attirant des pèlerins de plus en plus nombreux, qu’ils soient en quête de miracles ou simplement de réconfort. Le sanctuaire de Fatima, en perpétuelle évolution, incarne ainsi un pont entre le passé, le présent et l’avenir du Portugal.