Coopération transfrontalière entre Algarve, Alentejo et Andalousie

pont guadiana

À l’heure où les enjeux climatiques, économiques et sociaux s’intensifient, les régions du sud-ouest de l’Europe unissent leurs forces. L’Algarve, l’Alentejo et l’Andalousie viennent d’initier une nouvelle dynamique de coopération, avec la proposition de créer des groupes de travail transfrontaliers d’ici l’été 2025. Une initiative ambitieuse, portée par la Commission de Coordination et de Développement Régional (CCDR) de l’Algarve, visant à approfondir les synergies entre ces trois territoires voisins, dans une logique de développement durable et de solidarité européenne.

Des priorités stratégiques : environnement, mobilité et économie

Le projet s’articule autour de plusieurs axes majeurs. En tête des priorités figure la gestion durable des ressources naturelles. L’eau, la biodiversité et la santé des sols deviennent des enjeux communs à l’Algarve, à l’Alentejo et à l’Andalousie, des régions marquées par la sécheresse, la pression touristique et la dégradation des écosystèmes. L’objectif est clair : assurer la résilience hydrique du sud-ouest de la péninsule Ibérique, mobiliser les financements européens pour des solutions innovantes (désalinisation, nouvelles sources d’eau, gestion intelligente), et protéger les espaces sensibles comme la vallée du Guadiana.

Parmi les sujets concrets envisagés, on retrouve la préservation des espèces menacées telles que le lynx ibérique, la lutte contre les espèces invasives, ou encore la promotion de pratiques agricoles favorables à la qualité des sols. Cette approche écologique se veut intégrée et participative, en impliquant non seulement les institutions publiques, mais aussi les chercheurs, les agriculteurs, les entreprises et les acteurs du territoire.

La mobilité et la connectivité transfrontalière constituent un autre volet prioritaire. Les régions souhaitent renforcer les liaisons ferroviaires et routières, notamment le projet de ligne ferroviaire Faro-Huelva-Séville, et soutenir la construction du futur pont international entre Alcoutim et Sanlúcar de Guadiana. Les pistes cyclables et les circuits touristiques transfrontaliers sont également au cœur des discussions, dans une logique de développement durable et d’attractivité économique.

Vers une économie bleue et des synergies innovantes

Le projet va plus loin que l’écologie et les infrastructures : il ambitionne de stimuler l’innovation économique à travers le concept de croissance bleue. La valorisation du fleuve Guadiana comme axe de développement, la recherche sur les algues, la désalinisation de l’eau, la protection des écosystèmes marins et côtiers figurent parmi les domaines clés identifiés. La coopération entre universités, centres de recherche et entreprises des trois régions sera essentielle pour donner corps à ces ambitions, avec un accent mis sur la recherche appliquée et l’accès aux financements européens.

Culture, tourisme et solidarité : un pont entre les peuples

La culture et le tourisme ne sont pas oubliés. La CCDR Algarve 1 propose de créer des événements culturels conjoints, comme la Mostra Espanha e Cultura Portugal, et d’encourager la mise en place d’un programme de mobilité transfrontalier pour les jeunes, inspiré du modèle Erasmus, mais spécifiquement axé sur les métiers de l’hôtellerie, du tourisme et de la culture.

Enfin, un groupe de travail spécifique sera consacré à l’échange de bonnes pratiques en matière de logement abordable et social, un enjeu crucial pour les régions confrontées à une forte pression immobilière. L’idée : mutualiser les expériences et les politiques publiques pour améliorer l’accès au logement dans un contexte de crise du logement et d’inégalités croissantes.

Une gouvernance partagée pour une vision commune

Cette coopération ambitieuse se veut inclusive. La création des groupes de travail est prévue pour juillet 2025, avec un plan d’action finalisé d’ici fin septembre 2025. La démarche associera institutions publiques, universités, centres de recherche, entreprises, associations locales, intercommunalités et municipalités, afin d’assurer une vision partagée et une mise en œuvre concrète des projets. L’enjeu : bâtir une Euroregion qui ne soit pas seulement une construction politique, mais un véritable laboratoire d’idées et d’actions pour le sud-ouest de l’Europe.

À travers cette initiative, l’Algarve, l’Alentejo et l’Andalousie affirment leur volonté de peser ensemble sur les grands enjeux du XXIe siècle, en démontrant que la coopération transfrontalière peut être un levier puissant pour relever les défis climatiques, économiques et sociaux. Reste à concrétiser ces ambitions par des projets tangibles, des financements adaptés et un engagement à long terme des acteurs de chaque territoire.


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