Au lendemain des élections législatives anticipées de mai 2025, le Premier ministre portugais, Luís Montenegro, a salué les résultats comme un « vote de confiance » envers sa personne, son gouvernement et le projet politique porté par la coalition Aliança Democrática (AD). Fort de 86 députés et d’un score de 32,7 % des voix, le dirigeant du centre-droit affirme que le peuple a envoyé un message clair : le soutenir dans la poursuite de son mandat, tout en exigeant de l’opposition qu’elle fasse preuve de responsabilité.
Une progression mesurable et une opposition fragmentée
Par rapport aux élections de 2024, l’AD gagne 6 sièges supplémentaires (les votes de la diaspora restent encore à comptabiliser) et environ 50 000 voix. En termes d’équilibre parlementaire, le contraste est marquant : alors que PSD et PS étaient à égalité l’année précédente (78 sièges chacun), la coalition AD devance désormais le PS et Chega, tous deux bloqués à 58 députés. Une reconfiguration majeure des rapports de force à l’Assemblée de la République.
Le Premier ministre insiste : « Le peuple veut ce Premier ministre, il ne veut pas un autre. Il souhaite un gouvernement capable de dialoguer avec l’opposition, mais attend aussi de celle-ci qu’elle respecte et coopère avec l’exécutif« .
Un refus clair de gouverner avec Chega
Interrogé sur la possibilité d’ouvrir les portes du pouvoir à Chega, Luís Montenegro a réaffirmé avec fermeté sa ligne rouge : « non, c’est non ». Une déclaration répétée durant toute la campagne, qui constitue un pilier de sa stratégie politique. Même si mathématiquement une alliance Chega-PS serait possible, il la juge « ni crédible, ni admissible ». L’objectif reste de gouverner dans le cadre d’une alliance entre PSD et CDS-PP, avec le soutien potentiel de l’Iniciativa Liberal, sans négociation formelle annoncée à ce jour.
Sur les capacités de dialogue, Montenegro s’est dit « sûr que le sens des responsabilités prévaudra pour garantir un fonctionnement stable de la législature sur quatre ans« .
Une victoire territoriale très large
La coalition AD s’est imposée dans 15 des 20 circonscriptions déjà comptabilisées, regagnant des bastions symboliques comme Lisbonne, Coimbra, Santarém et Castelo Branco, qu’elle avait perdus en 2024. Elle renforce aussi ses positions dans les districts de Porto, Viana do Castelo, Vila Real, Viseu et aux Açores, avec un député supplémentaire dans chacun.
Les seules zones où l’AD échoue à l’emporter sont les districts du sud : Faro, Beja, Évora, Portalegre et Setúbal. Cette carte du vote conforte la lecture d’un centre et nord du pays majoritairement acquis au centre-droit, face à un sud davantage ancré à gauche.
Une posture d’équilibre face à la crise politique
Face aux questions sur l’affaire Spinumviva (entreprise liée à sa famille, à l’origine de la crise ayant débouché sur ces élections anticipées), Montenegro a renvoyé les journalistes à l’essentiel : la motion de confiance avait été rejetée au Parlement, provoquant automatiquement la dissolution. Il appelle aujourd’hui à « respecter la volonté du peuple portugais« .
Quant à la possibilité d’une révision constitutionnelle (qui pourrait théoriquement se faire sans le PS, grâce à une majorité des deux tiers avec Chega et IL), il refuse pour l’instant d’ouvrir ce débat. Même prudence sur la succession de Pedro Nuno Santos à la tête du PS.
Vers une gouvernabilité sous haute tension
Le Premier ministre désigne ces résultats comme un mandat de quatre ans, validant son programme et sa légitimité personnelle. Mais dans un Parlement fragmenté, sans majorité absolue, il devra composer avec une opposition plurielle, parfois hostile, et une pression constante pour former des majorités ponctuelles.
Le centre-droit gouverne, mais sans répit. Le Portugal entre dans une nouvelle phase d’observation, où stabilité politique et clarté des lignes rouges seront mises à l’épreuve. Le dialogue sera nécessaire, mais sa portée reste encore incertaine.