Nouveau musée à Lisbonne : le Pavilhão Julião Sarmento

Pavilhão Julião Sarmento

Le 4 juin 2025, Lisbonne inaugure un nouveau lieu dédié à l’art contemporain : le Pavilhão Julião Sarmento. Situé sur l’Avenida da Índia, à deux pas du Centre Culturel de Belém, ce musée vient honorer l’œuvre prolifique et l’héritage de l’un des artistes portugais les plus internationaux du XXe siècle. À travers près de 1 200 pièces, le musée promet d’élargir encore le paysage artistique lisboète, déjà riche mais en constante évolution.

Installé dans un ancien entrepôt du XIXe siècle, autrefois connu sous le nom de Pavilhão Azul, le bâtiment a été réhabilité par l’architecte João Luís Carrilho da Graça. Trois niveaux d’expositions, une direction artistique confiée à la curatrice Isabel Carlos, une ambition claire : faire de ce lieu un espace de rencontre, d’expérimentation et de mémoire. L’ouverture de ce musée était un projet personnel de Julião Sarmento lui-même, disparu en 2021, qui souhaitait donner à la ville son fonds d’atelier. Ce souhait posthume devient aujourd’hui réalité.

Une collection intime et polyphonique

Julião Sarmento

Le cœur du Pavilhão Julião Sarmento, ce sont ses œuvres. Et elles sont nombreuses. Environ 1200, créées entre les années 1960 — alors que l’artiste entamait sa carrière — et les décennies plus récentes. On y retrouve des peintures, sculptures, vidéos, installations, mais aussi des projets hybrides, inclassables, qui témoignent de la démarche expérimentale constante de Sarmento. L’ensemble forme une cartographie personnelle de la création contemporaine, entre l’introspection, l’érotisme, le silence et l’inquiétude du visible.

Mais le musée ne s’arrête pas à son fondateur. Le parcours intègre également des œuvres d’artistes majeurs avec lesquels Julião Sarmento entretenait une proximité intellectuelle ou affective : Andy Warhol, Marcel Duchamp, Nan Goldin, Marina Abramović, Cindy Sherman, ou encore Pedro Cabrita Reis, Jorge Molder, Bruce Nauman… autant de figures incontournables du XXe siècle. Ce dialogue entre œuvres et artistes donne au lieu une portée à la fois autobiographique et internationale.

Une architecture entre mémoire industrielle et lumière contemporaine

Pavilhão Julião Sarmento

Le choix du site n’est pas anodin. Ancien entrepôt situé dans la zone portuaire historique de Belém, le bâtiment portait en lui une charge patrimoniale et symbolique forte. Son volume généreux, ses lignes sobres, sa proximité avec d’autres institutions majeures (comme le CCB ou le MAAT), en font un site idéal pour accueillir un projet muséal contemporain.

Le travail de réhabilitation, mené par l’architecte Carrilho da Graça, ne cherche pas à effacer les traces du passé, mais à les sublimer. Les trois étages d’exposition s’organisent autour d’un parcours fluide, baigné de lumière naturelle, dans un dialogue subtil entre les œuvres et le bâti. C’est une architecture qui respecte l’esprit du lieu tout en le projetant dans le présent.

Un centre vivant pour l’art de demain

musee azul

Au-delà de la conservation, le Pavilhão Julião Sarmento se veut un lieu de programmation vivante. Expositions temporaires, performances, projections, lectures… l’équipe dirigée par Isabel Carlos entend activer l’espace comme un centre de création et de réflexion. La programmation à venir mettra en avant l’interdisciplinarité, les croisements entre art visuel, cinéma, écriture, musique et performance, dans la continuité de l’œuvre de Sarmento.

Le musée sera ouvert du mardi au dimanche, de 11h à 19h, avec des billets prochainement disponibles.
L’inauguration officielle est prévue pour le mardi 4 juin 2025.
L’adresse exacte : Avenida da Índia 172, Belém, Lisbonne.

Ouverture au public à partir du 4 juin 2025. Plus d’informations à venir prochainement sur les expositions inaugurales et la billetterie.

Julião Sarmento : l’international portugais

Né en 1948 à Lisbonne, Julião Sarmento est sans doute l’un des artistes portugais les plus exposés et collectionnés à l’international. Son œuvre, profondément marquée par la littérature, le cinéma, l’architecture et le désir, explore les frontières du visible, du corps et de l’identité. Entre abstraction et figuration, entre le blanc du vide et l’intensité du trait, son art invite à la contemplation lente, à la rupture des évidences, à l’instabilité des récits.

Le Pavilhão qui porte désormais son nom n’est pas un mausolée. C’est un espace de vie artistique. Une promesse de continuité dans l’expérimentation. Et un hommage à celui qui, toute sa vie, a brouillé les lignes entre œuvre et expérience.


Article écrit par
Retour en haut