Le Portugal est aujourd’hui l’un des pays d’Europe où le secteur des jeux d’argent est le plus encadré et le plus transparent. Encadré par le SRIJ (Serviço de Regulação e Inspeção de Jogos), ce marché attire à la fois des opérateurs locaux et des acteurs internationaux soucieux de se développer en Europe. Ce guide complet propose une exploration du paysage légal, économique et réglementaire des jeux d’argent au Portugal en 2025, en mettant en perspective les différences avec la France et les enjeux actuels du secteur.
Un marché aux racines anciennes, aujourd’hui sous contrôle strict
Les jeux de hasard au Portugal ont une longue histoire qui remonte au XVIème siècle. Introduits par les navigateurs portugais de retour des colonies, ces jeux se sont progressivement diffusés dans les tavernes et les cercles privés. L’apparition de structures plus organisées date du XVIIIème siècle avec les premières loteries officielles.

Le tournant législatif majeur intervient en 1927 avec la promulgation d’une loi encadrant les activités de jeux et l’ouverture du Casino Estoril, encore actif aujourd’hui. D’autres jalons suivent : création de la loterie nationale en 1955, premières réflexions sur les jeux en ligne dans les années 2000, puis l’adoption en 2015 du Régime Juridique des Jeux et Paris en Ligne (Decreto-Lei nº 66/2015) 1.
Ce texte fondateur consacre la légalisation et l’encadrement strict des plateformes en ligne. En comparaison, la France a attendu 2010 pour ouvrir son marché à la concurrence avec l’ARJEL (aujourd’hui ANJ), mais en limitant les types de jeux autorisés en ligne.
Cadre réglementaire : ce que dit la loi
En 2025, les jeux d’argent sont parfaitement légaux au Portugal, tant en ligne qu’en présentiel, à condition d’obtenir une licence d’exploitation délivrée par le SRIJ 2. Les joueurs doivent être majeurs (18 ans révolus), et les gains ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu, contrairement à d’autres pays européens.
Trois entités principales assurent le contrôle du secteur :
- SRIJ : octroi des licences, contrôle de l’activité, protection des joueurs.
- Comissão de Jogos : assistance juridique et technique au SRIJ.
- ASAE 3 : inspections sur le terrain, lutte contre le jeu illégal.
Le cadre portugais est souvent cité en exemple pour sa cohérence et sa rigueur. Il garantit une activité durable et responsable, tout en assurant une fiscalité claire pour les opérateurs.
Conditions d’obtention d’une licence au Portugal

Procédure et exigences
Les opérateurs souhaitant entrer sur le marché portugais doivent présenter un dossier complet incluant :
- Des informations juridiques et financières solides.
- Des plans techniques et commerciaux détaillés.
- Un dépôt de garantie de 500.000 € minimum.
Les demandes doivent être soumises en portugais, sur papier, et font l’objet d’une vérification par des auditeurs indépendants. Des frais d’homologation sont requis pour valider les logiciels et systèmes de jeu.
Normes techniques et obligations permanentes
Les plateformes doivent se conformer à des standards techniques stricts : sécurité des données, audits réguliers, intégrité des jeux, accessibilité des outils d’auto-exclusion. Toute entorse peut entraîner la suspension de la licence.
Le Portugal se distingue aussi par ses exigences en matière de jeu responsable : limites de dépôts, messages de prévention, signalement des comportements à risque, etc.
Fiscalité des jeux d’argent au Portugal
La fiscalité des jeux est structurée selon le type d’activité et sont relativement important par rapport aux autres pays européens. Les taux suivants s’appliquent aux opérateurs :
- Paris sportifs : 8 % sur le chiffre d’affaires (turnover).
- Casinos en ligne et bingo : 25 % sur les revenus bruts de jeu (GGR).
- Bourses de paris : 35 % sur les commissions.
Ces taux sont parmi les plus élevés d’Europe, ce qui explique en partie la présence d’un nombre limité d’opérateurs. Toutefois, les gains des joueurs ne sont pas imposables, contrairement à la France où certains gains peuvent être soumis à l’impôt sous conditions.
Contraintes et opportunités pour les opérateurs

Un accès réglementé mais sélectif
Entrer sur le marché portugais reste coûteux : licence d’ouverture à 12.000 €, caution importante, audits réguliers. Ces coûts assurent un niveau d’exigence élevé, réservant le marché aux opérateurs solides financièrement et techniquement.
Une réglementation publicitaire renforcée
Depuis 2024, les règles publicitaires ont été durcies : interdiction de cibler les mineurs ou les personnes vulnérables, mentions obligatoires de prévention, encadrement des horaires de diffusion. Le Portugal suit une tendance proche de celle de la France où l’ANJ a également renforcé les contraintes sur les publicités de paris.
Un marché porteur à forte rentabilité
Avec plus de 300 millions d’euros de recettes annuelles, un intérêt marqué des joueurs pour les plateformes en ligne, et un environnement européen stable, le Portugal demeure un marché attractif. Son régime fiscal clair, la non-imposition des joueurs, et sa position géographique en font une base stratégique pour toute expansion sur le continent.
Le Portugal s’affirme comme un modèle européen de régulation des jeux d’argent : transparent, sécurisé, mais exigeant. Son cadre juridique mature attire les opérateurs les plus rigoureux, tout en protégeant efficacement les consommateurs. Par comparaison, la France dispose d’un modèle plus restrictif, notamment sur les types de jeux autorisés et la fiscalité appliquée aux gains. Pour les joueurs comme pour les investisseurs, le Portugal reste une destination fiable, à la fois exigeante et prometteuse.
- Decreto-Lei nº 66/2015 : https://diariodarepublica.pt/dr/detalhe/decreto-lei/66-2015-67098359 ↩︎
- SRIJ : https://www.srij.turismodeportugal.pt/ ↩︎
- ASAE : https://www.asae.gov.pt/ ↩︎