La détection de métaux, bien que fascinante pour certains, pose des problèmes sérieux pour le patrimoine culturel et historique du Portugal. Les archéologues sont de plus en plus préoccupés par les actes de vandalisme sur les sites archéologiques, souvent perpétrés par des personnes armées de détecteurs de métaux. Dans cet article, nous examinerons les défis auxquels sont confrontés les archéologues et les mesures envisagées pour protéger le patrimoine culturel du pays.
Un vandalisme silencieux mais destructeur
Depuis plusieurs années, les archéologues portugais tirent la sonnette d’alarme face à une recrudescence de violations sur des sites historiques classés. Ce vandalisme ne se manifeste pas par des tags ou des destructions visibles, mais par un phénomène plus discret et insidieux : l’usage illégal de détecteurs de métaux 1. Ces pratiques, souvent nocturnes et clandestines, perturbent des couches archéologiques entières, rendant impossible toute lecture scientifique des sites.

Le cas du Castelo de Noudar, dans l’Alentejo, est emblématique. Ce château médiéval, déjà fragile, a été envahi à deux reprises par des personnes armées de détecteurs, provoquant des dommages irréparables. Des trous creusés à la hâte, des artefacts extraits sans aucun enregistrement : chaque intervention de ce type détruit à jamais des pans entiers de notre compréhension du passé.
Face à ces attaques, les professionnels du patrimoine dénoncent une forme d’impunité alimentée par la lenteur des autorités à réagir. L’absence de contrôle sur le terrain et de sanctions visibles encourage les récidives. Loin d’être des actes isolés, ces intrusions se multiplient, souvent coordonnées via des groupes en ligne ou des forums de passionnés agissant en marge de la légalité.
Plus grave encore, ce type de vandalisme est difficilement réversible. Ce qui est perdu l’est définitivement : contexte archéologique, datation, localisation précise, autant d’éléments essentiels que même un artefact retrouvé ne permet plus de reconstituer. Pour les chercheurs, c’est une mémoire en morceaux qu’ils doivent affronter, avec une frustration croissante face à l’indifférence générale.
Les conséquences pour le patrimoine
Les actes de vandalisme ont des conséquences graves sur le patrimoine culturel et historique du Portugal. Les objets trouvés lors de ces fouilles illégales sont souvent vendus en ligne, ce qui rend difficile leur récupération et leur étude. De plus, les dommages causés aux sites archéologiques sont souvent irréversibles, ce qui compromet la recherche et la préservation du patrimoine.
La réaction des autorités

Face à la recrudescence des actes de détection illégale, les autorités portugaises commencent à réagir, mais de manière encore trop sporadique selon les professionnels du secteur. La Guarda Nacional Republicana (GNR) a ouvert plusieurs enquêtes, notamment en Alentejo, après des signalements sur des fouilles clandestines dans des zones classées. La Direction régionale de la culture de l’Alentejo (DRCAlentejo) 2 suit également certains dossiers de près, en lien avec les musées locaux.
Cependant, les archéologues regrettent une certaine passivité institutionnelle. Peu d’interventions sont menées en temps réel, les sanctions restent rares, et les contrevenants ne sont que très rarement poursuivis. Selon plusieurs experts, cette inertie crée un sentiment d’impunité qui encourage les récidives. La législation portugaise est claire, mais son application effective reste encore trop timide.
En parallèle, quelques municipalités commencent à prendre conscience de la fragilité de leur patrimoine. Certaines ont initié des campagnes de sensibilisation auprès des habitants et des agriculteurs, souvent les premiers témoins des intrusions sur les sites historiques. Mais ces initiatives locales demeurent encore insuffisantes à l’échelle nationale.
Les mesures proposées
Pour endiguer ce fléau, plusieurs archéologues et spécialistes du patrimoine préconisent un durcissement du cadre législatif, mais aussi une révision des priorités nationales en matière de protection culturelle. L’une des propositions les plus discutées est la mise en place d’un système de surveillance électronique sur les principaux sites sensibles, à l’aide de drones ou de capteurs discrets.

Certains acteurs plaident également pour la création d’une unité spécialisée au sein des forces de l’ordre, à l’image de celles existant dans d’autres pays européens, qui agirait de manière ciblée sur les infractions patrimoniales. Une meilleure coordination entre les polices municipales, les musées et les services du ministère de la Culture permettrait d’accélérer les interventions et d’assurer un suivi judiciaire efficace.
Autre piste évoquée : l’incitation légale. Plusieurs experts suggèrent de mettre en place un cadre encadrant la déclaration volontaire de découvertes fortuites, avec des primes symboliques ou des reconnaissances publiques pour les citoyens agissant dans le respect de la loi. Cette approche vise à canaliser les pratiques amateurs vers une logique de collaboration avec les archéologues, et non de prédation.
Enfin, un consensus semble émerger autour de l’idée d’un plan national d’inventaire et de cartographie des sites connus et à risque. Un tel outil, mis à la disposition des communes et des services de protection civile, permettrait d’anticiper les menaces, de prioriser les interventions, et de mieux sensibiliser les populations locales à la richesse qui dort sous leurs pieds.
Les suggestions des archéologues pour avancer
Luís Raposo 3, archéologue et président de l’ICOM Europe 4, suggère que les réglementations soient renforcées. Il propose également que les municipalités élaborent des cartes archéologiques pour mieux protéger les sites. Cependant, avec plus de 37.000 sites archéologiques au Portugal, la tâche est immense.
Il est clair que la protection du patrimoine culturel et historique nécessite une action collective. Les autorités, les archéologues et le grand public doivent travailler ensemble pour trouver des solutions durables à ce problème croissant.
Le public a également un rôle à jouer dans la protection du patrimoine. En étant plus conscients des conséquences de leurs actions et en signalant toute activité suspecte, ils peuvent contribuer à la préservation des sites archéologiques.
La détection de métaux au Portugal est un sujet de préoccupation croissante pour les archéologues et les autorités. Les actes de vandalisme sur les sites archéologiques mettent en péril le patrimoine culturel et historique du pays. Des mesures plus strictes et une action collective sont nécessaires pour aborder ce problème de manière efficace.
- Détecteurs de métaux : https://detectopia.fr/ ↩︎
- DRCAlentejo : https://www.gov.pt/entidades/direcao-regional-de-cultura-do-alentejo ↩︎
- Luís Raposo : https://icom.museum/wp-content/uploads/2022/09/Pages-de-Elections_EB_2022-2025_FR_web_VF-9.pdf ↩︎
- ICOM Europe : https://icom.museum ↩︎
Image à la une : Castelo de Noudar







