Suite aux élections législatives, début mars, le gouvernement portugais a basculé à droite. Luis Montenegro, nommé Premier ministre, a annoncé jeudi 28 mars la liste des membres de son gouvernement. Cette nouvelle équipe, caractérisée par une solide expérience politique, fait face à un défi majeur dès le départ, du fait de l’absence d’une majorité stable au Parlement, Monténégro ayant délibérément refusé d’intégrer le parti d’extrême droite Chega à son gouvernement. Souhaitant toutefois affirmer son identité et néanmoins ne pas occulter les 18% de votes nationalistes, dans un mouvement symbolique fort, le Conseil des Ministres portugais a annoncé le 3 avril 2024, une révision notable de son logotype officiel. Cette modification, loin d’être superficielle, marque un retour aux sources et souligne une volonté de renouer avec les symboles historiques et culturels de la nation.
Un retour aux origines pour le logo du Gouvernement Portugais
La décision de Luis Montenegro, le nouveau Premier ministre portugais, de restaurer le logo traditionnel du gouvernement, marquant ainsi un retour aux symboles historiques tels que l’escudo, les quinas et la sphère armillaire, constitue une réaffirmation forte de l’identité nationale. Cette initiative survient après une période brève mais significative durant laquelle le gouvernement précédent avait opté pour un logotype modernisé et simplifié, éloigné des emblèmes traditionnels portugais. Ce changement, réalisé sous l’égide d’António Costa en 2023, visait à adapter la communication gouvernementale à l’ère numérique, mais a soulevé des questions quant à la conservation des symboles nationaux dans l’identité visuelle du pays.
À peine le nouveau gouvernement installé, la réintroduction de l’ancien logotype a été mise en œuvre sur toutes les plateformes officielles, signalant une rupture nette avec l’approche précédente. Cette décision a été saluée par des experts en communication et en branding, tels que João Tocha et Carlos Coelho, soulignant une volonté de préserver le patrimoine visuel et symbolique du Portugal.
João Tocha, spécialiste en communication, voit dans cette restauration un geste de sobriété qui résonne positivement avec le public, notant que de telles modifications symboliques ne requièrent pas d’approbation budgétaire ni de contrôle juridique, mais peuvent néanmoins avoir un impact profond sur l’identité collective. Carlos Coelho, critique de la refonte précédente et défenseur des symboles traditionnels, applaudit le choix du gouvernement de revenir sur une décision jugée erronée, mettant en lumière l’importance de ne pas s’éloigner légèrement des valeurs et de l’histoire nationales.
Cette décision met en relief la distinction cruciale entre la modernisation de la communication et la préservation des symboles nationaux, un équilibre délicat à maintenir dans un monde qui semble parfois avoir de plus en plus de mal à se positionner entre les velléités mondialistes, modernistes et le retour en force des aspirations nationalistes. La tentative de modernisation sous le gouvernement d’António Costa, bien qu’orientée vers l’avenir, a suscité une réflexion plus large sur ce que signifie maintenir une connexion avec le passé tout en naviguant dans le présent numérique.
La décision de Luis Montenegro et de son gouvernement, sans pour autant établir de compromis explicites avec les dirigeants du parti Chega, semble néanmoins adresser avec subtilité les attentes des 18% d’électeurs nationalistes. Ce geste, dans le contexte de la réaffirmation de l’identité visuelle traditionnelle du Portugal, illustre comment certaines traditions, même à l’ère moderne, sont stratégiquement valorisées pour renforcer le sentiment d’appartenance et assurer la continuité culturelle dans un paysage politique complexe.
La controverse autour de la modernisation du logo en 2023
En 2023, le Gouvernement portugais précédent avait pris l’initiative de rafraîchir son identité de marque, introduisant un logo marqué par sa simplicité géométrique et un changement de dénomination vers “Republica Portugesa”. Cette démarche, visant à aligner le Portugal avec les standards de modernité visuelle de ses homologues européens, s’est toutefois heurtée à une vive polémique en fin d’année 2023. Des voix se sont élevées pour critiquer ce qu’elles perçoivent comme une trahison des valeurs nationales, une ressemblance non souhaitée avec le drapeau du Mali, et une décision prise sans une légitime consultation publique. La polémique a gonflé lors de la campagne électorale pour les élections de mars 2024, largement utilisée contre le gouvernement socialiste.
Ce dernier, de son côté, a toujours défendu ce choix en le qualifiant d’inclusif, écologique et fonctionnel, tout en affirmant que ce renouvellement préservait l’intégrité du drapeau national comme symbole suprême du pays. Cette controverse a soulevé une question fondamentale sur l’importance de l’identité de marque dans la représentation de la nation portugaise, illustrant peut-être donc le défi de concilier modernisation et respect des traditions dans un monde en constante évolution.
Le drapeau Portugais, couleurs et symboles
Le logo remis au goût du jour s’inspire directement du drapeau national portugais, riche en histoire et en signification. Le drapeau, tel que nous le connaissons aujourd’hui, se compose de deux bandes verticales de couleur verte et rouge, avec le vert occupant le flanc du mât. Cette répartition des couleurs est souvent interprétée comme symbolisant l’espoir (vert) et le sang versé par ceux qui ont défendu la nation (rouge).
Au centre de la bande rouge, se trouve l’emblématique sphère armillaire, qui fut un instrument de navigation crucial durant l’ère des découvertes portugaises. Elle représente non seulement le rôle pionnier du Portugal dans l’exploration mondiale mais aussi son ouverture et son engagement envers la connaissance et la découverte.
Surmontant la sphère, le bouclier portugais avec ses cinq quinas (petits boucliers bleus ornés de points blancs) évoque les victoires des premiers rois du Portugal et les miracles de la foi chrétienne. Les sept châteaux qui entourent le bouclier rappellent les fortifications défensives historiques du pays et symbolisent les territoires conquis durant la Reconquista.
Ces éléments, réunis dans le logo du gouvernement, ne sont pas de simples ornements. Ils incarnent la fierté nationale, le respect des traditions et la continuité d’un héritage qui a façonné le Portugal moderne. Suite à la simplification de son design en 2023, la disparitions des symboles nationaux avaient créé une forte polémique dans le pays. Ce retour en arrière reflète la volonté du gouvernement de s’ancrer dans des valeurs symboliques et potentiellement rallier une partie des électeurs du parti Chega.
La décision de rétablir ces symboles dans la communication officielle du gouvernement est évidemment profondément politique et semble être un instrument nécessaire pour envisager la suite et gouverner alors que le parti de Luis Montenegro est minoritaire à l’assemblée. Même si peut y voir une volonté de rapprochement dans le sens des électeurs d’extrême droite, on peut aussi dire que plus globalement diront cela témoigne de l’importance donnée à une recherche de réconciliation nationale autour de la mémoire collective et des symboles historiques du pays