Le cinéma portugais

Cinéma portugais

L’histoire du cinéma portugais est une aventure fascinante qui mérite d’être explorée. Depuis ses débuts modestes au début du XXe siècle jusqu’à sa transformation significative au cours des six dernières décennies, le cinéma portugais a évolué pour devenir une force artistique majeure. Pour en savoir plus, plongeons dans les origines du cinéma portugais, ses réalisateurs emblématiques, et les films qui ont marqué son évolution.

Les débuts du cinéma portugais

Le cinéma portugais a vu le jour à une époque où le cinéma en général en était encore à ses balbutiements. Le premier film portugais, « Os Crimes de Diogo Alves », a été réalisé en 1896. Ce court métrage muet était une œuvre simple mais significative.

Os Crimes de Diogo Alves

Les premiers réalisateurs ont souvent emprunté des techniques et des styles à leurs homologues français, tout en cherchant à créer une identité cinématographique propre au Portugal. Cependant, le manque de financement et de ressources a souvent entravé le développement du cinéma dans le pays.

Malgré ces défis, les années 1930 ont vu l’émergence de quelques figures importantes. Parmi elles, António Lopes Ribeiro et José Leitão de Barros ont joué un rôle crucial dans la définition du cinéma portugais. Leur travail a contribué à établir une identité cinématographique distincte pour le Portugal, enracinée dans sa culture et son histoire.

Manoel de Oliveira

L’un des réalisateurs les plus influents du cinéma portugais est sans aucun doute Manoel de Oliveira. Né en 1908, il est considéré comme l’un des plus grands cinéastes du XXe siècle. Son œuvre est caractérisée par une profonde réflexion sur la nature humaine et la condition existentielle.

Manoel de Oliveira

Manoel de Oliveira a commencé sa carrière en 1931 avec le film « Douro, Faina Fluvial », un documentaire sur la vie le long du fleuve Douro. Son style unique, mêlant réalisme et poésie, a rapidement attiré l’attention. Il a continué à réaliser des films jusqu’à sa mort en 2015, à l’âge de 106 ans, ce qui en fait l’un des réalisateurs les plus longtemps en activité de l’histoire du cinéma.

Des films et une longévité remarquables

Le cinéma portugais a produit un certain nombre de films qui ont eu un impact significatif, tant au niveau national qu’international. Parmi eux, « Aniki-Bóbó » de Manoel de Oliveira est souvent cité comme un chef-d’œuvre. Sorti en 1942, ce film est une étude poignante de l’enfance et de la pauvreté dans la ville de Porto.

En 2008, lors du Festival de Cannes et à l’occasion de son centenaire, Manoel de Oliveira se voit décerner sa toute première Palme d’or, un honneur qui célèbre l’ensemble de sa carrière cinématographique.

Manoel de Oliveira était un phénomène unique dans le monde du cinéma, réalisant plus de 50 films au cours de sa vie. Sa longévité en tant que réalisateur en activité est sans équivalent. Après une pause due à la dictature de Salazar, il a marqué son retour avec des œuvres notables comme « Actes de printemps« , « Amour de perdition » et « Le Soulier de Satin« . Son héritage, riche et diversifié, continue d’inspirer les cinéastes et les amateurs de cinéma, faisant de lui une légende incontestée du cinéma mondial.

Retrouvez ses plus grandes oeuvres plus bas

Les années 1960 : une période de transition

Les années 1960 ont été une période de transition pour le cinéma portugais. Malgré les restrictions imposées par le régime de Salazar, certains réalisateurs ont réussi à créer des œuvres marquantes. Paulo Rocha, avec son film « Os Verdes Anos » (1963), a introduit un nouveau langage cinématographique, influencé par la Nouvelle Vague française.

Os Verdes Anos

Le cinéma de cette époque était souvent un moyen de critiquer subtilement le régime en place. Les réalisateurs utilisaient l’art comme une forme de résistance, en créant des œuvres qui remettaient en question les normes sociales et politiques.

Le Novo Cinema, une révolution silencieuse

De cette époque est né le Novo Cinéma, ou « Nouveau Cinéma », émergeant comme une brise rafraîchissante dans un paysage cinématographique alors stérile. Influencé par des mouvements internationaux tels que la Nouvelle Vague française et le Néoréalisme italien, ce courant a été le catalyseur d’une transformation radicale du septième art au Portugal.

Les réalisateurs tels que Paulo Rocha et António Reis, ont rompu avec les conventions narratives et esthétiques de l’époque. Leurs films, souvent tournés avec des budgets serrés et des équipes réduites, ont mis en avant des thèmes sociaux et politiques, tout en expérimentant avec la forme et le langage cinématographiques.

Impact et héritage

L’impact du Novo Cinéma ne s’est pas limité à la sphère artistique. Il a également servi de plateforme pour des discussions plus larges sur la culture et la société portugaises, en particulier dans le contexte de la dictature de Salazar. Les films de cette période ont souvent été censurés ou interdits, mais ils ont néanmoins réussi à atteindre un public international, mettant ainsi le cinéma portugais sur la carte mondiale.

La révolution des œillets et ses conséquences

La révolution des œillets de 1974 a marqué un tournant dans l’histoire du Portugal et de son cinéma. La fin de la dictature a ouvert la voie à une nouvelle génération de réalisateurs, tels que João César Monteiro et António-Pedro Vasconcelos, qui ont apporté une nouvelle vitalité au cinéma portugais.

Le cinéma militant

Torre Bela

Après la révolution, le cinéma est devenu un outil de militantisme. Des documentaires comme « Torre Bela » de Thomas Harlan ont capturé l’esprit révolutionnaire de l’époque. Ces films étaient souvent produits avec des budgets limités, mais ils avaient un impact social et politique considérable.

João César Monteiro

João César Monteiro

João César Monteiro est indéniablement un des grands réalisateurs portugais ! Ayant émergé à l’orée de la révolution des oeillets, il est connu pour son style avant-gardiste et souvent controversé. Ses films, comme « Recollections of the Yellow House », sont des œuvres d’art complexes qui défient les conventions narratives traditionnelles.

Le cinéma portugais au XXIe siècle

Le XXIe siècle a apporté une nouvelle vague de talents dans le cinéma portugais. Des réalisateurs comme Miguel Gomes et João Pedro Rodrigues ont reçu des éloges pour leur originalité et leur audace.

Des films comme « Tabu » de Miguel Gomes et « O Fantasma » de João Pedro Rodrigues ont été acclamés pour leur originalité et leur audace narrative. Ils ont également reçu de nombreux prix dans des festivals internationaux, confirmant la place du Portugal sur la scène cinématographique mondiale.

Les films marquants

O fantasma

Longtemps resté dans l’ombre de ses voisins européens, le cinéma portugais a connu ces dernières années une véritable renaissance. Avec des films comme « Tabu » et « O Fantasma », il ne se contente plus de captiver le public local. Ces œuvres, réalisées par de jeunes talents, ont réussi à pénétrer les festivals internationaux, brisant ainsi les frontières géographiques et culturelles. La nouveauté et l’originalité des thèmes abordés sont autant d’éléments qui attirent l’attention du public.

L’essor est également dû à une meilleure disponibilité des ressources financières. Les fonds d’aide au cinéma et les coproductions internationales ont joué un rôle non négligeable dans cette montée en puissance. Par ailleurs, le paysage du cinéma au Portugal se diversifie. On assiste à une multiplication des genres, allant du drame social à la comédie romantique.

Les grands films du cinéma portugais

meilleurs films portugais
FilmAnnéeRéalisateur
Aniki-Bobo1942Manoel de Oliveira
Le Pain, 1re version1959Manoel de Oliveira
Actes de printemps1962Manoel de Oliveira
Benilde ou la vierge mère1974Manoel de Oliveira
L’Etrange affaire Angélica2010Manoel de Oliveira
Singularités d’une jeune fille blonde2008Manoel de Oliveira
Christophe Colomb, l’énigme2007Manoel de Oliveira
Belle toujours2006Manoel de Oliveira
Le Miroir magique2005Manoel de Oliveira
Le Cinquième empire2004Manoel de Oliveira
A fleur de mer1986Joao César Monteiro
Amour de perdition1978Manoel de Oliveira
Freedom1999Sharunas Bartas
Inquiétude1997Manoel de Oliveira
Porto de mon enfance2001Manoel de Oliveira
La Religieuse portugaise2008Eugène Green
Le Jour du désespoir1992Manoel de Oliveira
Francisca1981Manoel de Oliveira
Un Adieu portugais1985João Botelho
Le Dernier Plongeon1992Joao César Monteiro
Mystères de Lisbonne2010Raoul Ruiz
L’Épée et la rose2010João Nicolau
Bonsái2011Cristian Jimenez
Três irmaos1994Teresa Villaverde
Os Mutantes1998Teresa Villaverde
Le Sang1982Luis Ospina
La Divine comédie1991Manoel de Oliveira
Dans la chambre de Vanda2000Pedro Costa
Souvenirs de la maison jaune1989Joao César Monteiro
Va et vient2002Joao César Monteiro
Les Noces de Dieu1999Joao César Monteiro
La Comédie de Dieu1995Joao César Monteiro
Promenade avec Johnny Guitar1995Joao César Monteiro
Celui qui attend des souliers du defunt meurt pieds nus1969Joao César Monteiro
Qui court apres les souliers d’un mort meurt nu-pieds1971Joao César Monteiro
André Valente2004Catarina Ruivo
La Maison de lave1994Pedro Costa
El Caso Almería1984Pedro Costa
Le Sang1989Pedro Costa
Ossos1997Pedro Costa
Où gît votre sourire enfoui ?2001Pedro Costa
En avant, jeunesse2006Pedro Costa
Ne change rien2009Pedro Costa
Dans la ville blanche1983Alain Tanner
L’Oeil qui ment1993Raoul Ruiz
Odete2005João Pedro Rodrigues
O Fantasma2000João Pedro Rodrigues
Non ou la Vaine Gloire de commander1990Manoel de Oliveira
Nha fala2002Flora Gomes
Water and Salt2001Teresa Villaverde

La nouvelle génération du cinéma portugais

Le paysage cinématographique portugais est actuellement en pleine effervescence, porté par une nouvelle génération de cinéastes audacieux et inventifs. João Nicolau, par exemple, a captivé l’attention avec ses courts-métrages originaux, notamment « Rapace« , qui brille par son audace formelle et stylistique. À l’opposé, João Salaviza, le « golden boy » du cinéma portugais, a été récompensé par des distinctions internationales pour ses œuvres poignantes sur la pauvreté en périphérie de Lisbonne.

Mais l’innovation ne s’arrête pas là. Patrick Mendes, un passionné du format Super 8, a créé un univers cinématographique perturbant qui rappelle l’horreur corporelle de Cronenberg. Son œuvre « Synchrotron » est particulièrement marquante dans ce registre. Gabriel Abrantes, quant à lui, a pris d’assaut la scène des festivals avec ses films socialement engagés, qui offrent une perspective différente du réalisme social de Salaviza.

Carlos Conceição

Carlos Conceição se distingue comme un véritable agent provocateur, abordant des sujets controversés avec une mise en scène rigoureuse et élégante. Ses œuvres, comme « Carne » et « O Inferno« , sont des allégories subtiles qui jouent avec des archétypes culturels. Gonçalo Tocha, un cinéaste indépendant, explore des réalités éloignées dans ses documentaires uniques, tandis que Claudia Varejao, une styliste autoproclamée du silence, crée des drames familiaux chargés d’une tension imminente.

Leonor Noivo et Basil da Cunha apportent également leur propre touche unique. Noivo excelle dans la création de personnages simples mais profonds, tandis que da Cunha est le nom le plus récent à émerger dans la tendance du réalisme social, ayant déjà été reconnu dans des festivals importants. Enfin, Salomé Lamas travaille à la croisée des arts visuels et du cinéma, remportant des prix dans des festivals comme IndieLisboa et Doclisboa.

Cette nouvelle vague de talents diversifiés promet un avenir brillant pour le cinéma portugais, chacun apportant sa propre vision et son propre style pour enrichir un paysage cinématographique déjà riche.

Les nouvelles techniques de production et post-production

L’avènement de techniques de production plus abordables a rendu le cinéma plus accessible aux jeunes réalisateurs au XXIème siècle. Des logiciels de montage sophistiqués aux caméras de haute qualité, la barrière à l’entrée s’est amenuisée, ouvrant les portes à une nouvelles générations de passionnés portugais du 7 Arts.

Les défis et les opportunités

Malgré les succès, le cinéma portugais fait face à des défis, notamment en termes de financement et de distribution. Cependant, l’essor des plateformes de streaming offre de nouvelles opportunités pour atteindre un public plus large.

Un long chemin parcouru

De ses humbles débuts à la fin du XIXe siècle à son évolution impressionnante au XXIe siècle, le cinéma portugais a parcouru un long chemin. Il a produit des œuvres qui ont non seulement captivé le public portugais, mais qui ont également reçu une reconnaissance internationale. Avec une nouvelle génération de réalisateurs et l’adoption de technologies modernes, l’avenir du cinéma portugais semble prometteur.

Chaque époque a laissé sa marque indélébile, de la période de la dictature à la révolution des œillets, jusqu’à l’ère contemporaine. Le cinéma portugais est un domaine riche et diversifié qui a beaucoup à offrir. Il est une fenêtre fascinante sur la culture et l’histoire de ce pays européen.


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