Au Portugal, de plus en plus de jeunes de la génération Z (nés entre 1997 et 2012) peinent à quitter le domicile familial. Contrairement aux idées reçues, ce phénomène n’est pas dicté par des raisons culturelles, mais par les difficultés croissantes d’accès au logement. Une étude menée par le projet « Housing4Z« met en lumière les nombreux obstacles qui empêchent les jeunes Portugais de réaliser leur désir d’autonomie, soulignant une crise aux dimensions économiques et sociales profondes.
Un accès au logement de plus en plus compliqué
Dans un contexte de crise du logement, le Portugal se distingue par un taux élevé de jeunes âgés de 18 à 34 ans vivant encore chez leurs parents. Selon l’enquête, le problème ne se résume pas à une simple difficulté à trouver un logement, mais reflète une relation déséquilibrée entre les revenus et les coûts liés à l’habitation. En effet, le poids des dépenses liées au logement a considérablement augmenté ces dernières années, transformant l’accès à une maison ou à un appartement en un défi majeur pour la jeune génération.
Alors que dans les pays d’Europe du Nord, les jeunes bénéficient de mesures de soutien qui facilitent leur transition vers l’autonomie, le Portugal accuse un retard important. Même les jeunes de classe moyenne, traditionnellement plus favorisés, rencontrent désormais des obstacles croissants pour accéder à la propriété ou à des baux stables. Ce phénomène reflète des inégalités intergénérationnelles de plus en plus marquées, accentuées par des transformations économiques et sociales rapides.
Le rôle limité des politiques publiques
Entre 2018 et 2024, le Portugal a adopté une vingtaine de politiques visant à améliorer l’accès au logement pour les jeunes, notamment via des mesures de soutien à la location et à l’achat. Cependant, ces initiatives restent insuffisantes pour répondre à l’ampleur du problème. Une exception notable est l’introduction de mesures spécifiques pour le logement étudiant, un domaine dans lequel le Portugal se démarque au sein du sud de l’Europe.
Malgré ces efforts, les chercheurs du projet « Housing4Z« 1 soulignent les limites des politiques actuelles, en grande partie dues à un manque de données comparatives. Cela complique l’évaluation de l’efficacité des initiatives et entrave la mise en œuvre de solutions adaptées aux besoins des jeunes Portugais.
Une crise aux multiples dimensions
La crise du logement au Portugal dépasse la simple question de l’habitat. Elle reflète des changements profonds dans la configuration de l’économie, de l’emploi et de la société. Pour la génération Z, qui a grandi dans un contexte de crises multiples (crise économique, conflit en Europe, changement climatique, crise énergétique), accéder à un logement stable signifie bien plus qu’avoir un toit au-dessus de la tête. C’est également une question de sécurité et de bien-être, ainsi qu’un levier essentiel pour construire une autonomie financière et personnelle.
La coordinatrice du projet, Romana Xerez, insiste sur l’importance de comprendre ces enjeux dans une perspective globale. Selon elle, « le problème du logement ne se limite pas à l’habitat : il s’agit d’un problème économique et social plus large, qui impacte directement la qualité de vie et les perspectives d’avenir des jeunes.«
Vers une justice sociale pour les jeunes générations
Alors que les résultats complets du projet « Housing4Z » sont attendus dans les mois à venir, les chercheurs espèrent fournir des preuves scientifiques pour guider les politiques publiques et privées vers des solutions plus équitables. Leur objectif est clair : améliorer les conditions de logement et promouvoir une justice sociale pour les jeunes générations au Portugal et dans les pays du sud de l’Europe.
En attendant, pour de nombreux jeunes Portugais, l’idée d’une autonomie résidentielle reste un rêve difficile à concrétiser, symbole d’une époque marquée par des inégalités croissantes et des défis toujours plus complexes.
- Housing4Z : Housing, Well-Being and Inequalities in Southern Europe : https://housing4z.iscsp.ulisboa.pt/ ↩︎