Expérimentation de la semaine de 4 jours aux Açores

semaine de 4 jours

À partir du 1er janvier 2026, une transformation inédite du temps de travail débutera dans l’administration publique régionale des Açores. Le gouvernement autonome a annoncé un projet-pilote qui testera la semaine de 4 jours, une mesure ambitieuse qui pourrait bouleverser durablement l’organisation du travail au Portugal.

Une expérimentation de six mois pour concilier performance et bien-être

Le projet, présenté lors des VI Jornadas de Direito do Trabalho à Ponta Delgada, s’inspire des expériences menées dans plusieurs pays d’Europe, notamment en Islande, en Belgique ou encore en Espagne. Les premières études internationales tendent à démontrer que la réduction du temps de travail peut accroître la productivité, tout en améliorant l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

Aux Açores, ce modèle innovant sera mis à l’épreuve pendant une période de six mois. Les services concernés seront sélectionnés en novembre 2025, et la participation se fera sur la base du volontariat, à travers un accord entre chaque agent et sa hiérarchie. Aucune modification salariale n’est prévue : le temps de travail diminue, mais pas la rémunération.

Un signal fort adressé à la fonction publique

« Ce que nous expérimentons, c’est une nouvelle façon de concevoir le service public, plus agile, plus humain et potentiellement plus performant », a expliqué José Manuel Bolieiro, président du gouvernement régional. Selon lui, l’enjeu n’est pas simplement social : il s’agit de s’adapter à une nouvelle ère du travail, marquée par la digitalisation et la mobilité professionnelle accrue.

Un modèle en rupture avec la logique horaire

Dans cette optique, le gouvernement mise sur une évolution du paradigme de gestion. « Il ne s’agit plus de compter les heures, mais de mesurer les résultats », a insisté Bolieiro. Le discours tranche avec les pratiques conventionnelles de la fonction publique portugaise, encore largement structurée autour de la présence physique et du décompte du temps.

L’un des objectifs affichés est aussi de redonner de l’attractivité à la fonction publique dans une région marquée par la fuite des jeunes diplômés vers le continent ou l’étranger. Si les résultats s’avèrent concluants, l’initiative pourrait être étendue à d’autres secteurs publics, voire inspirer un débat national.

Un encadrement strict, sans aide financière directe

Concernant le secteur privé, le gouvernement régional prévoit d’accompagner également les entreprises souhaitant tester ce modèle. L’aide apportée sera exclusivement technique, sans subventions directes. Elle consistera en des diagnostics de processus et des évaluations indépendantes, dans le respect des dispositions prévues par le Code du travail.

Le gouvernement régional prévoit d’accompagner également les entreprises souhaitant tester ce modèle

Ce soutien encadré vise à éviter les dérives et à garantir la réversibilité des projets. Le message est clair : la flexibilité doit rester volontaire, sans distorsion économique. À ce titre, le projet pilote ne concerne pour l’instant que la fonction publique régionale.

Les syndicats et juristes en appui du processus

Le projet bénéficie du soutien des syndicats régionaux et de plusieurs experts en droit du travail. Lors de la conférence de lancement, le président du Tribunal constitutionnel, José João Abrantes, a rappelé les nouveaux risques psychosociaux induits par les technologies numériques, notamment la difficulté à se déconnecter hors temps de travail. Il a salué cette expérimentation comme un moyen de « remettre l’humain au centre ».

« Le droit à la déconnexion n’est pas une abstraction. Il impose de repenser l’organisation du travail, y compris dans les administrations », a-t-il souligné. Cette déclaration souligne un tournant dans les politiques publiques de gestion des ressources humaines, longtemps focalisées sur la stricte observance des horaires.

Les Açores comme laboratoire social pour le Portugal ?

Ce projet n’est pas sans rappeler les expérimentations pionnières menées ailleurs en Europe, comme celle de la société 4 Day Week Global ou les initiatives en cours au Royaume-Uni. Toutefois, l’enjeu est ici plus large : il s’agit de tester un changement de culture dans une région autonome au sein d’un État encore marqué par une logique centralisée et prudente.

Dans le contexte portugais, où les réformes du marché du travail ont souvent été imposées depuis Lisbonne ou sous pression extérieure, voir une région prendre l’initiative d’un tel bouleversement représente une inflexion notable. Reste à savoir si cette audace insulaire déclenchera un effet domino.

Des défis à anticiper, des indicateurs à surveiller

  • Productivité mesurée : les gains seront-ils suffisants pour compenser la journée manquante ?
  • Satisfaction des agents : quel sera l’impact sur le moral et l’engagement au travail ?
  • Continuité du service public : comment garantir une couverture optimale des services essentiels ?
  • Effets d’entraînement : les autres régions ou l’administration centrale suivront-elles l’exemple ?

Un test à suivre de près en 2026

Si cette initiative insulaire réussit à conjuguer qualité de service, satisfaction des agents et efficacité économique, elle pourrait faire figure de cas d’école. Dans une époque où les attentes autour du bien-être au travail s’intensifient, les Açores pourraient bien devenir un catalyseur d’une nouvelle réflexion nationale sur le temps de travail.

La semaine de quatre jours n’est plus un tabou. Elle devient un objet d’expérimentation pragmatique. Et c’est peut-être depuis l’Atlantique que soufflera le vent du changement pour la fonction publique portugaise.

Résumer l'article avec l'IA 👉 ChatGPT Perplexity Grok Google AI

Article écrit par
Retour en haut