Elle est la voix du Portugal, la mémoire chantante d’un peuple et l’incarnation la plus universelle du fado. Vingt-cinq ans après sa disparition, Amália Rodrigues renoue avec la scène à Lisbonne, non pas par le miracle de la musique, mais grâce aux technologies immersives. L’exposition Ah Amália – Living Experience, installée à Marvila, propose bien plus qu’un hommage : elle réinvente l’acte même de raconter une vie, entre hologrammes, fresques à 360º et réalité virtuelle.
Une exposition comme un opéra de lumière et de mémoire

Dans le quartier post-industriel de Marvila, au cœur d’un vaste espace de 700 m², le visiteur entre dans un parcours sensoriel déployé sur huit salles. Le dispositif évoque davantage un spectacle vivant en fragments qu’une exposition figée : sons, images mouvantes, installations interactives et reconstitutions sonores accompagnent le regard et l’émotion à chaque pas.
Tout commence avec une galerie du monde, où l’on retrouve les affiches et documents des concerts d’Amália à travers plus de 70 pays. Le voyage continue vers les rues populaires de Lisbonne et les maisons de fado, entrecrôtant le réel et la mémoire collective. La voix d’Amália, enregistrée lors de concerts historiques, accompagne le visiteur comme une présence fantomatique, familière et poignante.
La salle 360º : un poème audiovisuel

Point d’orgue de cette traversée biographique, la salle à 360º enveloppe le spectateur dans une projection immersive sur les murs et le sol, où défilent les saisons d’Amália Rodrigues : le printemps de sa naissance en 1920, l’été des scènes internationales, l’automne de la maturité artistique, et l’hiver de la reconnaissance posthume. Ce montage, à la fois lyrique et cinématographique, est porté par les titres emblématiques de son répertoire, dont « Estranha forma de vida » et « Rasga o Passado ».
Une autre salle, dite « des miroirs infinis », invite à la contemplation et au partage visuel, mêlant effet kaléidoscopique et selfie contemporain. On y mesure l’étendue du culte voué à l’artiste, tout en se confrontant à la solitude de sa voix, si présente qu’elle semble presque humaine.
Technologie et émotion au service de la mémoire

Mais c’est dans l’ que la magie atteint son sommet. Sur scène, un hologramme grandeur nature d’Amália interprète l’un de ses titres phares, reconstituant un concert mythique à l’Olympia de Paris. L’illusion est parfaite : les spectateurs se taisent, absorbés, certains émus aux larmes.
Cette prouesse technologique, réalisée par SP Entertainment, est le fruit de recherches minutieuses dans les archives sonores et visuelles. Selon Sofia Moura, directrice générale de la société, « l’objectif est de faire vivre Amália avec un langage contemporain, accessible à tous, en particulier aux jeunes générations ».
Une biographie sensorielle, au-delà du fado

L’exposition rappelle qu’Amália n’était pas uniquement la « reine du fado ». Elle fut aussi actrice, poète, femme libre et cosmopolite, bien en avance sur son temps. Dans l’espace dédié à sa vie personnelle, les objets, extraits de journaux intimes, lettres, et enregistrements rares viennent rendre tangible une personnalité complexe, souvent réduite à son statut de mythe.
La réalité virtuelle, qui permet de survoler Lisbonne et la plage de Brejão (dans l’Alentejo, où elle reposera), renforce cette sensation d’intimité réinventée. L’effet est saisissant : on passe de la contemplation historique à la fusion sensorielle, entre voix, espace et lumière.
Marvila, nouveau pôle culturel de Lisbonne

Choisir Marvila pour accueillir une telle exposition n’est pas anodin. Ce quartier en pleine mutation, mêlant friches industrielles, street art, cafés design et galeries alternatives, devient peu à peu un nouveau centre de gravitation culturelle à Lisbonne. Avec Ah Amália, il s’offre une figure tutélaire, reliant la tradition à l’innovation, la mémoire à l’avenir.
L’exposition est ouverte tous les jours, de 11 h à 20 h, à la Praça David Leandro da Silva. Les billets, à partir de 20 € (17€ / enfants, personnes âgées …), sont disponibles ci-dessous. Une visite qui n’est pas une simple sortie culturelle, mais une véritable expérience, où le passé chante encore au présent.
Comment aller à Marvila depuis le centre de Lisbonne
Adresse : 8 Marvila, Abel Pereira da Fonseca Praça David Leandro da Silva, Armazém 15 e 16, 1950-064, Lisbonne
Mode de transport | Départ / Arrivée | Durée | Tarif | Fréquence | Remarques |
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Train | Santa Apolónia → Braço de Prata | 6 min + 5–7 min à pied | Environ 1–2 € | Toutes les 20 à 30 min | Rapide et direct, idéal si proche de la gare |
Bus (728) | Santa Apolónia → Palácio Mitra | 9–12 min + 3–5 min à pied | Environ 3 € | Fréquent (≈ toutes les 20 min) | Bonne option si pas de gare proche |
Autres bus | Différents arrêts selon la ligne | Variable selon trafic | ≈ 3 € | Fréquent | Lignes 718, 755, 782, 742, 759, 793 |
Taxi / VTC | Centre-ville → Marvila | 7 à 10 min | ≈ 7 à 9 € | À toute heure | Pratique, mais dépend du trafic |
À pied | Depuis Baixa ou Alfama | Environ 55 min | Gratuit | — | Pour les amateurs de longues balades urbaines |