Découvrez le pont suspendu de Lourido

Au cœur du Portugal septentrional, entre les districts de Braga et Porto, une structure d’apparence modeste dévoile un pan méconnu du patrimoine local. Le pont suspendu de Lourido, ou Ponte de Arame, est réouvert au public depuis cet été après une restauration minutieuse qui honore son siècle d’existence. Tendu au-dessus du Tâmega, à 50 mètres au-dessus de l’eau, ce pont de 55 mètres de long relie deux rives jadis isolées, et fait aujourd’hui le trait d’union entre passé agricole et avenir touristique.

Un vestige suspendu entre deux mondes

Construit entre 1926 et 1927, le pont de Lourido servait avant tout aux agriculteurs et aux habitants des hameaux d’Arnoia (Celorico de Basto) et Rebordelo (Amarante). Son architecture mêlant bois et câbles d’acier était alors une prouesse technique dans cette vallée encaissée. L’ouvrage facilitait les échanges commerciaux, la circulation des denrées, mais aussi les rencontres familiales entre deux territoires divisés par le relief.

Avec l’aménagement routier et la baisse de fréquentation du chemin de fer, le pont a perdu de son usage quotidien. Il est devenu, au fil du temps, une structure silencieuse, figée dans la brume des petits matins du Tâmega. Mais pour les riverains, il n’a jamais cessé d’être un repère : mémoire suspendue entre deux époques.

Une réhabilitation patrimoniale ambitieuse

En 2022, la décision est prise de réhabiliter le pont, dans le cadre d’un projet commun entre les communes d’Amarante et Celorico de Basto, coordonné par l’Association des municipalités du Douro et Tâmega ¹. L’enjeu : conserver l’identité de l’ouvrage tout en garantissant sa sécurité. Pour un coût de 324.000 euros, l’infrastructure a été renforcée, les éléments bois refaits, les ancrages métalliques consolidés.

Les autorités locales ne s’arrêtent pas là. Un belvédère panoramique est en cours de construction côté Celorico, tandis qu’un chemin d’accès et un petit parking sont prévus du côté d’Amarante. L’idée est claire : transformer la passerelle d’hier en point de départ pour des randonnées, des excursions familiales, voire un tourisme de mémoire et de paysages.

Un trait d’union entre nature et histoire

La Ponte de Arame incarne cette tension entre conservation et transformation. En la redonnant à voir et à vivre, les autorités la dotent d’une nouvelle mission : celle de relier les visiteurs au territoire. En lien direct avec l’Ecopista do Tâmega et la gare historique de Lourido, le pont devient un élément d’un maillage culturel et naturel plus vaste.

L’objectif n’est pas seulement d’attirer : il s’agit aussi de transmettre. Transmettre une mémoire rurale, un savoir-faire technique, et une façon de vivre en bord de rivière. En arpentant ses planches, les promeneurs foulent presque un siècle d’histoires locales, entre ombres de figuiers et cris d’oiseaux du matin.

Un pont pour demain

La requalification du Ponte de Arame de Lourido illustre l’émergence d’un tourisme portugais plus enraciné, plus doux, connecté aux territoires. Cette passerelle suspendue, modeste mais majestueuse, raconte bien plus que ce qu’elle montre. Elle porte la promesse d’un tourisme d’équilibre : entre mobilité douce et valorisation locale, entre attraction et respect. Un pont, littéralement et symboliquement, vers l’avenir.