Le secteur oléicole portugais traverse une saison difficile. La production d’huile d’olive devrait chuter d’environ 20 % en 2025 par rapport à la campagne précédente, selon les estimations de l’association nationale des producteurs et moulins Olivum. En cause : des conditions climatiques extrêmes, marquées par une absence quasi totale de précipitations au cours des quatre derniers mois et des températures exceptionnellement élevées. Le phénomène touche toutes les régions productrices, avec des disparités selon les variétés et les zones géographiques, mais une tendance générale à la baisse.
Des conditions climatiques défavorables pendant la phase critique de maturation
« Nous avons connu un scénario très difficile pendant les mois cruciaux pour la formation de l’huile d’olive, avec pratiquement aucune précipitation », alerte Susana Sassetti, directrice exécutive d’Olivum. Selon elle, la conjonction de chaleur extrême et de sécheresse prolongée a compromis le développement normal des fruits, même dans les oliveraies bénéficiant d’un système d’irrigation.
Dans plusieurs régions, la phase de maturation des olives a été marquée par une déshydratation précoce, affectant directement la productivité des arbres. « Même dans les exploitations irriguées, la demande en eau a été plus importante cette année, et son absence a eu un impact clair sur la production finale », précise-t-elle.
Cette situation renforce les inquiétudes d’un secteur déjà fragilisé par la volatilité climatique, les coûts de production élevés et les incertitudes liées à la gestion des ressources hydriques à long terme. Elle illustre également les limites du modèle d’extension des oliveraies intensives dans le sud du pays, particulièrement vulnérables à la pénurie d’eau.
Des disparités régionales mais une tendance générale à la baisse

Si l’impact de la sécheresse varie d’une région à l’autre, toutes les zones productrices sont concernées par une baisse des volumes. Dans certaines zones de l’Alentejo, cœur de la production industrielle d’huile d’olive au Portugal, les rendements devraient être inférieurs de 15 à 25 % par rapport à l’année dernière. Dans des régions plus septentrionales, où l’agriculture reste plus traditionnelle, les pertes pourraient être moindres, mais sont néanmoins sensibles.
« La campagne est marquée par une forte variabilité entre les régions et les variétés d’oliviers, mais toutes enregistrent une réduction de productivité », souligne la directrice d’Olivum. Cette baisse de rendement pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble de la chaîne de valeur, du petit producteur local aux grands exportateurs.
Des conséquences économiques à surveiller
Le Portugal est le 4ème producteur européen d’huile d’olive, derrière l’Espagne, l’Italie et la Grèce. L’oléiculture représente une filière stratégique pour plusieurs régions du pays, notamment l’Alentejo, où elle contribue significativement à l’emploi rural et à la balance commerciale agroalimentaire.
Une baisse de 20 % de la production pourrait peser sur les exportations, qui avaient atteint 670 millions d’euros en 2024. Elle risque également d’accentuer la pression sur les prix, dans un marché européen déjà tendu en raison de conditions climatiques similaires dans d’autres pays méditerranéens. Le cours de l’huile d’olive a déjà connu des hausses significatives ces derniers mois sur les marchés de gros.
Un signal d’alerte pour l’agriculture méditerranéenne
Au-delà du cas portugais, la situation reflète les défis croissants auxquels est confrontée l’agriculture méditerranéenne face au changement climatique. La dépendance à l’eau, la variabilité interannuelle accrue et la fréquence des événements extrêmes obligent les filières à repenser leurs modèles de production. Au Portugal, plusieurs voix appellent à une gestion plus efficiente de l’irrigation, à une meilleure valorisation de l’eau disponible et à l’adaptation des variétés cultivées.
« Il ne suffit plus de compter sur l’irrigation pour sécuriser les rendements. L’urgence est désormais d’investir dans des systèmes résilients, durables et économes en ressources », conclut Susana Sassetti.
Alors que la prochaine campagne se profile sous des auspices incertains, les producteurs portugais attendent désormais des mesures de soutien ciblées, notamment sur la modernisation des infrastructures hydrauliques et l’accompagnement des transitions agroécologiques.







