Municipales au Portugal : le PSD s’impose à Lisbonne et Porto, le PS se replie

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Le centre-droit portugais a remporté une victoire politique majeure lors des élections municipales du 12 octobre. Le Parti social-démocrate (PSD), seul ou en coalition, a pris le contrôle des cinq plus grandes villes du pays, dont Lisbonne et Porto. Un coup dur pour le Parti socialiste (PS), qui résiste néanmoins dans plusieurs capitales de district. L’émergence partielle de Chega à l’échelle locale et la recomposition discrète des forces secondaires dessinent une carte électorale à double teinte, entre enracinement et incertitudes nationales.

Lisbonne et Porto : deux bascules symboliques

lisbonne

À Lisbonne, le maire sortant Carlos Moedas (PSD) a été reconduit avec 40,84 % des suffrages, surpassant Alexandra Leitão, candidate du PS alliée à Livre, BE et PAN, qui a obtenu 34,37 %. Cette victoire conforte le positionnement du PSD dans la capitale, alors que la coalition de gauche espérait reprendre la mairie après une campagne centrée sur les enjeux sociaux et le logement.

Porto

À Porto, Pedro Duarte (PSD-CDS-IL) a succédé à Rui Moreira en rassemblant 37,29 % des voix, contre 35,54 % pour Manuel Pizarro (PS). Ce passage de témoin illustre un transfert de leadership sans rupture idéologique forte, tout en consolidant le pôle libéral-conservateur dans la deuxième ville du pays. Fait notable : Chega s’y installe en troisième force, avec 8,23 %, une percée symbolique mais circonscrite.

Une carte électorale redessinée

Au niveau national, le PSD (seul ou allié au CDS-PP et à l’Initiative libérale) est arrivé en tête dans un nombre record de municipalités, notamment dans les centres urbains les plus peuplés comme Sintra, Gaia et Cascais. Le parti revendique ainsi, selon son leader Luís Montenegro, « le statut de première force politique du pays« , soulignant qu’il s’agit de la première victoire simultanée dans tous les districts depuis la Révolution des Œillets.

Le PSD est arrivé en tête dans un nombre record de municipalités

Le Parti socialiste, battu dans les grands centres, conserve cependant une assise territoriale solide. Il a repris certaines villes symboliques : Viseu, bastion historique de la droite, Bragança après 28 ans de domination PSD, et Faro 16 ans après l’avoir perdue. José Luís Carneiro, secrétaire général du PS, se félicite d’avoir « repris 5 capitales de district » et y voit la preuve d’un « électorat urbain plus exigeant ».

José Luís Carneiro, secrétaire général du PS, se félicite d’avoir « repris cinq capitales de district »

Présenté comme l’arbitre possible d’une recomposition à droite, Chega obtient des résultats contrastés. S’il décroche 3 mairies : Albufeira, Entroncamento et Santana, son implantation reste hétérogène et inférieure aux ambitions affichées par son président André Ventura. Ce dernier reconnaît une « bonne soirée » mais concède : « Ce n’est pas la victoire que nous voulions. » Le parti, bien que renforcé, échoue à imposer une dynamique capable de menacer l’axe PS/PSD à l’échelle locale.

Oppositions internes et premières conséquences

La soirée électorale a laissé place à de premiers ajustements politiques. Le leader du PS-Madeira, Paulo Cafôfo, a démissionné dès l’annonce des résultats dans la région autonome, où le parti a perdu plusieurs bastions au profit de Chega. À gauche, les revers du Bloc de gauche (BE) et de la CDU (coalition incluant les communistes) confirment leur effacement progressif du paysage municipal. La perte de Setúbal et Évora pour la CDU illustre une érosion désormais structurelle.

Du côté du centre-droit, le CDS-PP sauve sa représentation grâce à ses alliances, notamment dans les grandes villes. L’Initiative libérale (IL) s’ancre également dans les coalitions victorieuses, sans pour autant faire émerger de leadership autonome à l’échelle locale.

Participation, stabilité et avertissements politiques

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Malgré un contexte marqué par l’usure des partis traditionnels au niveau national, la participation électorale a été en légère hausse, saluée comme un signal positif de vitalité démocratique. Elle témoigne aussi de la centralité durable des partis historiques au niveau local. Comme l’éditorial du Correio da Manhã l’a résumé : « Les annonces de la fin du bipartisme étaient prématurées. »

La victoire du PSD dans les principales villes ne garantit pas une translation mécanique de ce rapport de force sur le plan national. Mais elle constitue un socle stratégique fort pour Luís Montenegro, dans la perspective des élections législatives de 2026. Pour le PS, ces résultats exigent une introspection et une recomposition de l’offre politique locale, face à un électorat urbain en mutation rapide.

Une recomposition à surveiller

  • Lisbonne : Carlos Moedas (PSD) réélu avec 40,84 % – large avance sur Alexandra Leitão (PS – 34,37 %).
  • Porto : Pedro Duarte (PSD/CDS/IL) élu avec 37,29 %, devant Manuel Pizarro (PS – 35,54 %).
  • Chega : 3 mairies gagnées, mais résultats inférieurs aux projections.
  • Viseu, Bragança, Faro : conquêtes symboliques pour le PS, qui compense partiellement ses pertes.
  • Gaia : retour remarqué de Luís Filipe Menezes (PSD), 12 ans après son dernier mandat.

Un pays divisé mais stabilisé

Les élections municipales portugaises de 2025 montrent un duopole PS-PSD toujours dominant, malgré les percées ponctuelles de nouvelles forces. La carte du pouvoir local reste teintée de rouge et d’orange, reflet d’un pays partagé entre continuité institutionnelle et aspirations au changement. Pour le gouvernement AD, c’est un signal de soutien renforcé. Pour l’opposition socialiste, un appel à la refondation. Pour Chega, un avertissement : sans ancrage local, la conquête nationale restera une ambition suspendue.

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