Le Portugal est un pays où les animaux de compagnie occupent une place de plus en plus importante dans la vie quotidienne des citoyens. Qu’il s’agisse de chiens, de chats, de furets ou d’autres espèces, les Portugais témoignent d’un attachement croissant à leurs compagnons à quatre pattes. Mais cette affection s’accompagne également d’un encadrement juridique rigoureux, notamment avec l’introduction du Système d’information des animaux de compagnie (SIAC), mis en œuvre en 2019. En plus de réglementer l’enregistrement des animaux, le SIAC a profondément modifié les habitudes en matière d’adoption, de suivi vétérinaire et de bien-être animal.
À travers des données actualisées, une mise en perspective européenne, et une analyse du contexte législatif, cet article fait le point sur ce que signifie, aujourd’hui, vivre avec un animal de compagnie au Portugal. Entre chiffres, obligations légales, évolutions numériques et comportements sociétaux, nous allons explorer tous les aspects essentiels à connaître pour tout résident ou futur adoptant.
Plus de 4 millions d’animaux de compagnie au Portugal

Le Portugal compte aujourd’hui plus de 4 millions d’animaux de compagnie officiellement enregistrés dans le SIAC 1. Cette base couvre environ 2,26 millions de foyers, soit une moyenne de 1,76 animal par propriétaire. Ces chiffres traduisent une évolution rapide du rapport des Portugais à leurs compagnons domestiques, notamment depuis la pandémie de COVID-19 qui a vu une explosion des adoptions.
Chiens, chats, furets et autres compagnons
En mai 2022, le SIAC recensait près de 2,9 millions de chiens, ce qui place le Portugal dans le top 10 des pays européens les plus « caniphiles ». Toutefois, pour la première fois, le nombre de chats enregistrés progresse plus rapidement. On comptait à la même date plus de 511.000 chats, contre environ 140.000 en 2020. Une tendance claire se dessine : les chats conquièrent progressivement les foyers portugais.
Les furets (mustélidés), bien que minoritaires, ne sont pas négligés : environ 1.928 d’entre eux sont enregistrés. On note aussi une catégorie « autres animaux », les fameux NAC, qui regroupe plus de 116.000 spécimens, incluant notamment lapins, reptiles, oiseaux exotiques et rongeurs. La diversification des espèces adoptées révèle l’évolution des goûts des adoptants urbains et leur appétence pour des animaux plus atypiques.
Évolution des adoptions depuis la pandémie
La pandémie a été un catalyseur. En 2020, 291.000 chiens ont été enregistrés, chiffre qui a légèrement baissé en 2021 (279.000), mais reste élevé. Du côté des chats, les chiffres ont bondi, avec une croissance annuelle des enregistrements supérieure à 8 %, témoignant de leur attrait croissant. Ces évolutions ne sont pas anodines : elles ont modifié les besoins en infrastructures vétérinaires et les politiques locales de soutien à l’adoption.
Les associations de protection animale bénéficient également d’aides renforcées : depuis que la tutelle des animaux a été confiée à l’Institut pour la Conservation de la Nature et des Forêts (Instituto da Conservação da Natureza e das Florestas) 2, près de 30 millions d’euros ont été investis. Ces fonds ont permis de créer de nouveaux centres d’accueil et de développer les campagnes de stérilisation, avec un impact direct sur la maîtrise de la population animale errante.
Le Portugal et la place des animaux dans la société

Les animaux de compagnie ne sont plus considérés comme de simples biens ou outils de travail. Ils ont désormais une place reconnue dans la société portugaise, bien que la législation reste perfectible selon plusieurs juristes. Par exemple, entre 2019 et 2022, 80 % des plaintes pour maltraitance animale ont été classées sans suite, ce qui montre l’insuffisance des moyens juridiques et législatifs dans la protection effective des animaux.
Une législation encore incomplète
Malgré l’entrée en vigueur de lois favorables, la répression des actes de maltraitance reste inégale. En l’état actuel, seul un acte ayant causé la mort ou des blessures graves à un animal peut faire l’objet de poursuites pénales. Des comportements violents, comme frapper un cheval ou un chien sans conséquence physique majeure, ne sont pas systématiquement réprimés. Cette lacune suscite une inquiétude croissante chez les défenseurs du bien-être animal.
L’Espagne a récemment modifié sa législation pour inclure la protection pénale de tous les animaux vertébrés. Une évolution que plusieurs associations portugaises appellent à suivre, afin d’harmoniser le droit européen et de garantir une protection juridique effective, quel que soit l’animal concerné.
Vers un changement de paradigme ?
La reconnaissance légale des animaux comme êtres sensibles reste une avancée récente au Portugal. Elle nécessite d’être accompagnée de mesures concrètes : formations spécifiques pour les magistrats, harmonisation des textes législatifs, et simplification des procédures de signalement. Un autre levier possible serait la sensibilisation de la population dès l’école, afin d’ancrer le respect des animaux dans l’éducation civique.
La création du SIAC, combinée à une meilleure visibilité de l’adoption, offre déjà des résultats encourageants. Mais sans un renforcement du cadre juridique et une mobilisation des pouvoirs publics, la maltraitance et l’abandon continueront de peser sur le système. Un chantier encore ouvert, qui appelle vigilance et engagement collectif.
Enregistrement obligatoire : le rôle du SIAC depuis 2019

Depuis octobre 2019, le Portugal a rendu obligatoire l’enregistrement de tous les animaux de compagnie dans la base nationale SIAC. Cette mesure concerne tout animal né au Portugal ou y résidant depuis plus de 120 jours. Le coût d’enregistrement est modeste (2,50 €) mais l’impact est significatif : il permet une identification centralisée, un meilleur contrôle sanitaire et une traçabilité accrue en cas de perte ou de changement de propriétaire.
Le SIAC, ou Sistema de Informação de Animais de Companhia, repose sur une base de données interconnectée avec les vétérinaires, permettant d’associer chaque animal à un numéro unique via une puce électronique. Cette dernière est obligatoire pour les chiens, les chats et les furets. Pour les autres espèces, elle reste facultative, mais recommandée dans une logique de protection animale.
Les fonctionnalités du SIAC ont récemment été élargies. Alors qu’auparavant, toute modification (adresse, décès, cession, adoption) nécessitait l’intervention d’un vétérinaire, les propriétaires peuvent désormais effectuer eux-mêmes ces démarches via l’application mobile « SIAC Titulares », accessible avec la clé numérique portugaise. Cette autonomie constitue une avancée majeure en matière de simplicité administrative.
Le système facilite également les adoptions, qu’elles soient issues d’un refuge ou d’un cercle privé. Il est désormais possible de remplir tous les formulaires nécessaires en ligne, ce qui simplifie considérablement les démarches pour les associations et les adoptants. Cette modernisation contribue aussi à fluidifier la gestion des animaux abandonnés ou transférés.
Comparaison européenne : où se situe le Portugal ?

Sur le plan européen, le Portugal occupe une place médiane en matière de possession d’animaux. Avec environ 32 % des foyers ayant au moins un animal de compagnie, le pays se classe derrière la France ou la Roumanie, véritable championne de la cohabitation homme-animal, mais devant des pays comme la Grèce ou la Turquie, où les chats domestiques sont rares malgré la présence massive de félins errants.
Pays | Chiens enregistrés | Chats en foyer |
---|---|---|
France | 7,6 millions | 15,1 millions |
Allemagne | 9,2 millions | 8,2 millions |
Royaume-Uni | 9,0 millions | 8,0 millions |
Portugal | 2,9 millions | 511 000 |
Roumanie | ND | ~5 millions |
Grèce | ND | ~1 million |
Un avenir connecté et plus responsable
Le Portugal progresse dans la modernisation de sa politique animale. En centralisant les données via le SIAC, en favorisant les démarches numériques, et en investissant dans les infrastructures d’accueil, le pays se dote des outils nécessaires pour faire face aux enjeux futurs. Mais cette dynamique devra s’accompagner d’une meilleure protection juridique et d’une sensibilisation accrue des citoyens.
Adoption, stérilisation, enregistrement : les trois piliers
L’adoption responsable reste le premier levier de lutte contre l’abandon. Le recours aux refuges est encouragé, tout comme la stérilisation, désormais subventionnée par certaines municipalités. L’enregistrement dans le SIAC devient le troisième pilier, garantissant une traçabilité et une protection des droits de l’animal. Ensemble, ces actions forment la base d’une politique de bien-être cohérente.
À terme, le SIAC pourrait aussi devenir un outil d’information proactive : campagnes de vaccination localisées, alertes sanitaires régionales ou messages personnalisés à destination des propriétaires enregistrés. Ces évolutions promettent de renforcer la prévention et le suivi vétérinaire à l’échelle nationale.
Les Portugais aiment leurs animaux, les chiffres le prouvent. Mais il reste encore à transformer cette affection en protection durable, équitable et moderne, pour que chaque chien, chat, furet ou lapin ait droit à une vie digne, sécurisée et respectée.
- SIAC (Sistema de Informação de Animais de Companhia) : https://www.siac.vet/ ↩︎
- ICNF : https://www.icnf.pt/ ↩︎