Le Portugal conserve, pour la deuxième année d’affilée, une position plus favorable que l’Espagne dans le classement mondial de la compétitivité publié par l’Institut international pour le développement managérial (IMD). En 2025, le pays se classe 37e sur 69 pays évaluées, tandis que son voisin ibérique atteint la 39e place, malgré une légère remontée. La France, quant à elle, figure en 32e position, poursuivant une progression modeste mais stable.
Cette hiérarchie, encore impensable il y a quelques années, souligne les efforts continus déployés par Lisbonne pour stabiliser son environnement macroéconomique, améliorer ses infrastructures et renforcer la transparence de sa gouvernance. En dépit d’un recul d’une place par rapport à 2024, le Portugal confirme ainsi son installation dans le groupe des économies intermédiaires compétitives, en tirant parti de plusieurs atouts structurels.
Un classement fondé sur des indicateurs multidimensionnels
Le classement IMD 1 repose sur une méthode combinant 164 indicateurs statistiques et les résultats d’une enquête menée auprès de plus de 6000 cadres dirigeants dans le monde. 4 grands axes structurent l’analyse : la performance économique, l’efficacité gouvernementale, l’efficacité des entreprises et la qualité des infrastructures. Chaque critère est pondéré et synthétisé afin d’établir une hiérarchie annuelle entre les États étudiés.
En 2025, le classement est dominé par la Suisse, qui reprend la tête au détriment de Singapour. Le podium est complété par Hong Kong, qui progresse fortement. Le top 10 est composé majoritairement de pays européens ou asiatiques disposant d’infrastructures robustes, d’administrations efficaces et d’une orientation forte vers la transition numérique.
Une dynamique contrastée entre Lisbonne et Madrid
Le Portugal, classé 36e en 2024, recule d’un rang mais maintient son avance sur l’Espagne, qui remonte légèrement après une chute plus marquée en 2023. L’écart entre les deux pays reste faible mais significatif : il illustre une divergence de trajectoire en matière de compétitivité, en particulier sur des volets comme l’éducation, les infrastructures numériques, ou encore la rigueur budgétaire.
Si l’Espagne reste une économie plus volumineuse, elle souffre de fragilités récurrentes dans la gouvernance, la stabilité institutionnelle et la réactivité des politiques économiques. À l’inverse, le Portugal bénéficie d’une relative cohérence stratégique, appuyée par des excédents budgétaires, un système universitaire performant, et une ouverture croissante aux investissements étrangers.
La France reste stable dans le peloton européen
Classée 32e, la France conserve une position intermédiaire parmi les économies développées. Malgré un recul d’un rang par rapport à 2024, elle reste devant le Portugal et l’Espagne, mais loin des standards des pays du nord de l’Europe ou des champions asiatiques. Le rapport pointe une efficacité gouvernementale perfectible et une complexité fiscale persistante, en dépit d’une base industrielle solide et d’un potentiel technologique reconnu.
Les forces et faiblesses du modèle portugais
Le classement IMD 2025 ne détaille pas encore les sous-indices spécifiques comme en 2024, mais les tendances antérieures permettent d’identifier les leviers sur lesquels le Portugal s’appuie. Les meilleurs résultats concernent l’éducation, les infrastructures technologiques et le système de santé. La stabilité budgétaire, renforcée par une gestion rigoureuse des finances publiques, constitue également un facteur différenciant.
À l’inverse, le pays reste pénalisé par des faiblesses structurelles : faible productivité, marché du travail rigide, dépendance sectorielle (notamment au tourisme), et un rythme d’adoption technologique encore inégal. Le « brain drain », c’est-à-dire la fuite des talents vers des économies plus dynamiques, continue d’être un sujet de préoccupation, tout comme les disparités régionales persistantes.
Des enjeux d’investissement et de diversification
L’un des défis soulignés par les analyses de compétitivité récentes concerne la nécessité pour le Portugal de diversifier davantage son tissu économique et de renforcer son attractivité pour les industries à forte valeur ajoutée. Cela passe notamment par des réformes structurelles dans l’administration publique, une meilleure articulation entre formation et marché de l’emploi, ainsi qu’un climat d’investissement stable.
Les politiques publiques devront également favoriser l’innovation dans les PME, accélérer la transition énergétique et améliorer la justice administrative, autant d’éléments qui influencent la perception des investisseurs internationaux et l’efficacité du cadre entrepreneurial.
Un signal encourageant mais fragile
Le fait que le Portugal dépasse l’Espagne pour la deuxième année consécutive dans un classement de référence comme celui de l’IMD est plus qu’anecdotique. Il témoigne d’une résilience économique relative et d’un cadre de gouvernance qui séduit, dans une Europe en mutation. Mais cette position reste précaire : la compétitivité est un équilibre mouvant, tributaire de réformes constantes et d’une capacité à anticiper les transformations technologiques et sociétales.
Pour Lisbonne, le maintien dans la première moitié du tableau mondial passe désormais par une accélération des mutations internes et une stratégie de croissance qualitative, appuyée sur l’éducation, l’innovation, et l’équité territoriale. À défaut, l’écart avec les économies les plus dynamiques pourrait rapidement se creuser à nouveau.







