Macao – Portugal : l’absence de vols directs qui interroge

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Malgré un lien historique unique et des décennies d’échanges humains, économiques et culturels, il n’existe aujourd’hui aucun vol direct entre Macao et le Portugal. Une situation qui soulève incompréhension et frustration, tant chez les citoyens que parmi les responsables politiques. À l’heure où les infrastructures de Macao s’agrandissent et où la demande se fait plus pressante, cette absence interroge sur la place réelle de l’ancienne enclave portugaise dans les connexions euro-asiatiques du XXIe siècle.

Un héritage portugais fort, mais un lien aérien inexistant

L’histoire de Macao est profondément liée au Portugal. Ancienne colonie européenne jusqu’en 1999, la ville conserve aujourd’hui encore des traces tangibles de ce passé commun : dans l’architecture, la langue, le droit et même dans les patronymes. Pourtant, les voyageurs souhaitant relier Macao à Lisbonne doivent transiter par Hong Kong, Pékin ou d’autres hubs asiatiques. Une anomalie pour beaucoup, à commencer par José Pereira Coutinho, député portugais représentant Macao, qui défend ardemment l’ouverture de liaisons directes entre les deux territoires.

Il y eut pourtant une époque, certes brève, où TAP Air Portugal exploitait une liaison entre Macao et son réseau européen. En avril 1996, la compagnie lançait une liaison Lisbonne – Macao via Bruxelles à bord d’un Airbus A340, en coopération avec Sabena. Mais le service fut interrompu en 1997, déplacé vers Bangkok, puis abandonné à cause de déficits financiers et de difficultés de coordination avec Air Macau.

Cet épisode démontre que la liaison directe n’est pas une utopie technique. Aujourd’hui, c’est précisément ce manque que déplore le député José Pereira Coutinho. Selon lui, rétablir et pérenniser une liaison sans escale servirait à la fois les intérêts culturels et sociaux des deux territoires : plus de confort pour les retraités portugais, une image renforcée de Macao comme plateforme euro-asiatique, et un lien aérien en phase avec l’histoire partagée.

Une demande relayée au plus haut niveau politique

Un plaidoyer pour plus de justice et de connectivité

Dans un récent discours prononcé à l’occasion de la présentation du programme de son parti Nova Esperança, José Pereira Coutinho a réitéré la nécessité stratégique d’ouvrir des vols directs entre Macao et le Portugal. Selon lui, cette connexion est essentielle non seulement pour renforcer les échanges bilatéraux, mais aussi pour soulager les nombreux retraités vivant désormais au Portugal après avoir travaillé toute leur vie à Macao. Il dénonce un déséquilibre criant : « Devons-nous encore passer par Hong Kong pour rejoindre notre foyer en Europe ? »

La situation devient d’autant plus préoccupante que des aides financières attribuées aux résidents de Macao sont désormais restreintes. Une mesure pénalisante, en particulier pour les anciens fonctionnaires portugais expatriés, désormais installés au Portugal pour leurs vieux jours.

Un aéroport prêt, mais encore contraint

L’aéroport international de Macao est déjà en mesure d’accueillir les plus grands avions long-courriers. Toutefois, un obstacle demeure : le manque de places de stationnement pour ces appareils. Un chantier d’extension d’envergure a été lancé en novembre, avec la création d’un remblai de 129 hectares. À l’horizon 2030, l’aéroport devrait voir sa capacité passer de 9,6 à 13 millions de passagers annuels. Une avancée nécessaire, qui pourrait enfin permettre l’ouverture de lignes transcontinentales directes.

Entre frustrations individuelles et enjeux diplomatiques

Derrière la question des liaisons aériennes, c’est un autre sujet sensible qui touche directement les anciens résidents de Macao aujourd’hui installés au Portugal : l’aide financière annuelle accordée par les autorités locales de Macao. Cette subvention, versée traditionnellement aux citoyens disposant du statut de résident permanent, vise à redistribuer une partie des excédents budgétaires de la région et à améliorer le bien-être social.

retraité portugais

En 2024, une modification des conditions d’éligibilité a toutefois introduit une restriction importante : seules les personnes ayant résidé au moins 183 jours dans la région au cours de l’année sont désormais éligibles à cette aide. Bien que des exceptions existent, notamment pour les étudiants ou les habitants des villes chinoises de la Grande Baie, les retraités partis vivre à l’étranger ne sont plus pris en compte. Une décision que José Pereira Coutinho qualifie d’injuste et discriminatoire, en particulier pour les anciens fonctionnaires portugais ayant travaillé pendant des décennies à Macao.

Il cite le cas d’un ancien policier portugais, aujourd’hui âgé de près de 90 ans, qui a servi pendant quarante ans dans la région avant de rentrer au Portugal pour vivre auprès de sa fille après le décès de son épouse. Malgré sa longue carrière au service de Macao, il ne bénéficie plus de l’aide, simplement parce qu’il n’y réside plus. « Est-ce juste ? », interroge avec force le député, mettant en lumière le fossé croissant entre l’attachement historique des personnes et la rigidité administrative actuelle.

À travers ces cas individuels, c’est toute la complexité du lien post-colonial entre Macao et le Portugal qui ressurgit. Entre solidarité intergénérationnelle, reconnaissance des parcours de vie et appartenance symbolique à deux mondes, la question ne se limite plus à des chiffres ou à des règlements. Elle touche à la mémoire, à l’affection et au sentiment d’injustice d’une communauté qui a longtemps servi de pont entre deux continents.

Une opportunité à saisir pour renforcer les ponts

À l’heure où l’Union européenne multiplie les partenariats stratégiques en Asie, la connexion directe entre Macao et le Portugal pourrait aussi revêtir une dimension géopolitique. Elle incarnerait un lien tangible entre l’Europe et la région de la Grande Baie, en plein essor. Cela donnerait également un nouvel élan à Macao en tant que plateforme d’échanges entre la Chine et les pays lusophones, mission qui lui est souvent attribuée sans moyens concrets pour la remplir.

Pour l’heure, aucun calendrier précis n’est annoncé concernant l’ouverture d’une liaison directe. Tout dépendra des avancées des travaux d’extension de l’aéroport, mais aussi de la volonté des compagnies aériennes et des autorités des deux côtés. Reste que l’aspiration à voyager sans escale entre Macao et Lisbonne symbolise une volonté de renouer les fils d’une histoire commune encore très vivace dans les esprits. Et de faire en sorte que ce pont aérien, longtemps resté un rêve, devienne enfin une réalité.

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