Le cannabis au Portugal

cannabis Portugal

Le Portugal s’est distingué en matière de politique des drogues, notamment avec la dépénalisation de toutes les drogues en 2001. Le pays a également fait des avancées significatives dans la réglementation du cannabis et du chanvre. Cet article explore ces aspects, de la culture du chanvre industriel à l’utilisation médicinale du cannabis, sans oublier les débats actuels sur la légalisation à des fins récréatives.

Le chanvre industriel au Portugal : une filière encadrée mais en tension

Au Portugal, la culture du chanvre industriel (Cannabis sativa) est légale, à condition que les plants ne dépassent pas un taux de THC de 0,2 %, conformément aux normes de l’Union européenne. Cette activité agricole, longtemps marginale, connaît un regain d’intérêt dans le contexte du développement des marchés du CBD, de la santé naturelle et de l’alimentation durable. Pourtant, malgré son potentiel, la filière reste confrontée à de nombreuses restrictions administratives.

chanvre industriel portugal

Réglementations et licences

La Direção-Geral de Alimentação e Veterinária (DGAV) 1 est l’autorité responsable de l’autorisation de culture de chanvre à des fins industrielles, notamment pour la production de fibres, de graines alimentaires ou de fourrages. Le processus d’autorisation est encadré par plusieurs textes, dont le Décret n.º 61/94 2 et les plus récents Décret-Loi 8/2019 3 et Portaria 14/2022 4. Les demandeurs doivent remplir un formulaire spécifique, se conformer à des critères stricts et justifier d’une surface minimale de 0,5 hectare pour être éligibles.

Ces conditions ont suscité de vives critiques de la part des petits producteurs. Selon plusieurs agriculteurs, la réglementation en vigueur favorise les grandes exploitations et freine l’entrée des structures familiales ou des jeunes porteurs de projets. La complexité du processus, les retards dans les autorisations et l’obligation d’analyses de laboratoire pour vérifier le taux de THC sont souvent cités comme des obstacles majeurs.

Plusieurs professionnels appellent aujourd’hui à une révision du cadre légal, notamment une simplification du Décret-Loi 8/2019, afin de mieux soutenir les petits producteurs et encourager une filière durable, à la fois respectueuse de la loi et bénéfique pour l’économie locale. Car au-delà de la fibre ou des graines, c’est aussi la question du rôle du chanvre dans la transition agricole et écologique qui est en jeu.

Cannabis médicinal au Portugal

Depuis 2018, le Portugal autorise l’usage médical du cannabis, dans un cadre strictement encadré par la loi. Cette législation permet aux médecins de prescrire du cannabis ou ses dérivés à des patients atteints de maladies chroniques ou de symptômes résistants aux traitements classiques : douleurs neuropathiques, spasticité liée à la sclérose en plaques, nausées dues à la chimiothérapie, épilepsie pharmaco-résistante, entre autres.

cannabis medical

La production, la transformation, la distribution et la vente de cannabis médicinal sont encadrées par l’INFARMED 5, l’autorité nationale du médicament. Toute entreprise souhaitant cultiver du cannabis à usage médical doit obtenir une licence délivrée par cette agence, qui en supervise également la conformité, de la graine à la délivrance du produit en pharmacie. Le Décret-loi n.º 8/2019 constitue la pierre angulaire de ce cadre législatif, précisant les conditions de culture, de prescription et de mise sur le marché des médicaments à base de cannabis.

Le Portugal a également légalisé l’usage médicinal du cannabis. Les patients munis d’une ordonnance médicale peuvent consommer du cannabis ou des produits dérivés de la plante. À l’heure actuelle, 3 médicaments à base de cannabis, sont disponibles sur le marché : Le SATIVEX, Hexacan, Tilray Oral Solution et Satalliv.

Production locale et opportunités économiques

Le Portugal s’est rapidement imposé comme un acteur stratégique de la production de cannabis thérapeutique en Europe, grâce à son climat favorable, à une main-d’œuvre qualifiée et à un cadre réglementaire clair. Plusieurs entreprises, nationales et internationales, y ont implanté des serres à grande échelle. Ces cultures, souvent biologiques et tracées, visent à fournir à la fois le marché national et les marchés d’exportation, notamment l’Allemagne, l’Italie ou Israël. À ce jour, INFARMED a délivré plus de 20 autorisations de culture à usage médicinal, mais les autorisations de mise sur le marché (AMM) restent rares et très contrôlées.

Ce développement génère des retombées positives pour l’agriculture locale, en particulier dans les zones rurales de l’Alentejo et du Centre du pays, où les cultures de cannabis médical créent des emplois et structurent de nouvelles filières agricoles à haute valeur ajoutée.

Le CBD au Portugal : entre flou juridique et engouement commercial

CBD portugal
Boutique de CBD à Lisbonne

Le CBD (cannabidiol), bien qu’extrait de la même plante, ne suit pas exactement les mêmes règles que le cannabis médical. S’il ne possède pas d’effet psychoactif, il reste néanmoins soumis à certaines restrictions. Lorsqu’il est extrait du chanvre industriel et contient moins de 0,2 % de THC, il peut être commercialisé sous forme de produits cosmétiques, d’huiles, de fleurs séchées ou de compléments alimentaires. Toutefois, tout usage thérapeutique ou alimentaire du CBD nécessite une autorisation spécifique, souvent complexe à obtenir.

Conformément aux règles européennes sur les novel foods, les produits alimentaires contenant du CBD doivent être validés par une autorité nationale — en l’occurrence, la DGS 6 ou l’ASAE 7 au Portugal. Dans les faits, de nombreux produits sont vendus dans un flou réglementaire, tolérés tant qu’ils respectent les seuils de THC, mais sans reconnaissance formelle de leurs vertus médicales. Ce flou législatif ralentit la structuration d’un véritable marché du CBD médical, malgré une demande en forte hausse.

Face à cela, plusieurs acteurs du secteur réclament une harmonisation claire entre les produits bien-être au CBD et les produits thérapeutiques à base de cannabis, afin d’éviter les confusions, les contrôles abusifs ou les effets pervers du marché noir.

Culture du cannabis au Portugal : état des lieux et perspectives

plantation de cannabis portugal

La culture du cannabis au Portugal se situe actuellement à un carrefour juridique et politique. Si le chanvre industriel est légalement cultivé sous certaines conditions (voir chapitre dédié), la culture personnelle de cannabis à usage récréatif ou même médicinal reste interdite à ce jour. Contrairement à certains pays comme Malte ou l’Allemagne qui ont récemment légalisé l’autoculture dans un cadre strict, le Portugal n’a pas encore franchi ce cap.

Cependant, le débat progresse. Plusieurs projets de loi ont été déposés au parlement portugais ces dernières années, certains visant à autoriser l’autoproduction limitée à domicile, dans un but personnel non commercial. Ces textes, portés notamment par le Bloco de Esquerda (BE) et le parti Livre, n’ont pas encore abouti, mais ils témoignent d’une évolution progressive des mentalités, y compris chez des partis politiques jusqu’alors prudents sur la question.

Impact culturel et perception sociale

Depuis la dépénalisation de l’usage de toutes les drogues en 2001, le Portugal a opéré un tournant fondamental dans sa relation avec les substances psychoactives. Cette politique de réduction des risques a contribué à faire évoluer la perception de la consommation de cannabis dans la société, en particulier chez les jeunes générations. Le recours au cannabis médical a également joué un rôle important dans la normalisation du débat public autour de cette plante.

Bien que la consommation reste soumise à un régime de dépénalisation (et non de légalisation), les sanctions administratives en cas de détention de petites quantités sont rares, et la répression policière reste mesurée tant que les usages restent individuels. Cette situation crée un flou dans lequel de nombreux consommateurs et petits cultivateurs évoluent avec une relative tolérance, sans toutefois bénéficier d’un véritable cadre légal protecteur.

Un marché en attente de cadre légal

legalisation du cannabis

La perspective d’une légalisation complète, y compris du cannabis à usage récréatif, est scrutée de près par les acteurs économiques. Plusieurs entreprises, notamment nord-américaines, observent le Portugal comme un marché potentiellement stratégique, en raison de son climat, de ses coûts agricoles maîtrisés et de son appartenance à l’Union européenne. Cette attente nourrit l’intérêt de nombreux investisseurs, mais aussi des inquiétudes liées à la standardisation industrielle d’un usage historiquement local et personnel.

Dans ce contexte, une partie de la société civile et du tissu associatif portugais s’interroge : l’ouverture du marché se fera-t-elle au profit des grands groupes internationaux, ou bien le pays saura-t-il développer un modèle équilibré, respectueux des droits des usagers et des producteurs locaux ? La récente légalisation partielle en Allemagne, qui permet l’autoproduction et les « clubs de cannabis » à but non lucratif, sert désormais de référence à plusieurs députés portugais favorables à un modèle participatif.

À l’heure actuelle, aucun calendrier précis n’est avancé pour une réforme de la législation. Toutefois, l’évolution des débats politiques et l’intérêt économique croissant pour le secteur laissent penser qu’une modification de la loi est probable d’ici la fin de la décennie. Le défi sera de concilier usages traditionnels, santé publique, et encadrement d’un futur marché légal qui ne trahit pas les principes à l’origine de la politique portugaise en matière de drogues.

Peut-on fumer du cannabis au Portugal ? Ce que dit la loi

fumer du cannabis au Portugal

Depuis 2001, le Portugal est reconnu comme un pionnier en matière de politiques de santé publique liées aux drogues. La possession de petites quantités de cannabis (et d’autres substances) a été dépénalisée, mais cela ne signifie pas pour autant que le cannabis est légalisé. Fumer du cannabis dans l’espace public reste donc illégal sur le plan pénal, bien que l’approche portugaise privilégie une réponse administrative et sanitaire plutôt que répressive.

Dépénalisation, pas légalisation

Concrètement, lorsqu’une personne est interpellée avec du cannabis pour usage personnel — c’est-à-dire en quantités inférieures aux seuils fixés par la loi — elle n’est pas poursuivie au pénal. Elle est convoquée devant une Commission pour la dissuasion de la toxicomanie, composée d’un juriste, d’un professionnel de santé et d’un psychologue. Cette commission peut recommander un suivi thérapeutique, émettre un avertissement, ou imposer des sanctions légères (comme des amendes ou des restrictions temporaires).

Les seuils définissant un usage personnel sont les suivants :

  • 25 grammes de fleurs séchées de cannabis
  • 5 grammes de résine (haschich)
  • 2,5 grammes d’huile ou d’extraits

Ces limites sont établies sur la base de dix doses quotidiennes maximales. Toute possession dépassant ces quantités peut être requalifiée en délit de trafic de stupéfiants, passible de lourdes peines de prison (jusqu’à 5 ans pour trafic simple, davantage en cas d’aggravants).

Culture personnelle : toujours interdite

Bien que plusieurs pays européens autorisent désormais l’autoproduction de cannabis à usage personnel, comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, ce n’est pas encore le cas au Portugal. La culture de cannabis, même pour sa propre consommation, reste illégale. En 2001, la dépénalisation n’a pas inclus la culture domestique. Et malgré plusieurs tentatives politiques pour encadrer ou tolérer l’autoproduction, aucune loi n’a à ce jour été adoptée en ce sens.

Vers une légalisation récréative ?

En 2018, plusieurs partis, dont le Bloco de Esquerda et le PAN (Personnes–Animaux–Nature), ont proposé une légalisation plus étendue, incluant la culture personnelle et l’usage récréatif sous contrôle. Si ces propositions ont alimenté le débat public, seule une version modérée centrée sur l’usage médical encadré par prescription a finalement été votée. Toutefois, le débat est loin d’être clos. En 2023 et 2024, de nouvelles initiatives parlementaires ont relancé la discussion, notamment sur les modèles coopératifs ou les clubs de consommateurs, similaires à ceux d’Espagne ou d’Allemagne, mais cela n’a pas été une priorité du Gouvernement Montenegro, qui n’y semble pas particulièrement favorable.

En l’état actuel, fumer du cannabis au Portugal n’est ni un crime, ni un droit reconnu. C’est une pratique tolérée dans des conditions très précises, mais sans cadre légal formel. Les évolutions législatives à venir pourraient changer la donne, à condition de trouver un équilibre entre santé publique, libertés individuelles et encadrement du marché.

Où acheter du cannabis au Portugal ? Prudence et réglementation

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Malgré une politique de dépénalisation relativement souple, le cannabis n’est pas légalement en vente libre au Portugal. Cela signifie qu’il n’existe pas de coffee-shops comme aux Pays-Bas, ni de boutiques officielles où acheter du cannabis récréatif. Toute transaction hors cadre médical reste illégale. Pourtant, dans certaines zones urbaines et touristiques, les offres illicites ne manquent pas – mais elles relèvent bien plus souvent de l’arnaque que du trafic réel.

Les escroqueries dans les zones touristiques

Dans les rues de Lisbonne ou de Porto, il est fréquent que des touristes soient abordés par des individus proposant discrètement « marijuana », « hash », voire « coke ». Ces propositions peuvent paraître banales, mais dans la majorité des cas, il ne s’agit pas de dealers mais d’escrocs. Les substances vendues sont souvent de simples feuilles de laurier, de thé, ou autres mélanges inoffensifs imitant l’apparence du cannabis. Le tout est vendu à prix fort à des visiteurs peu méfiants.

Pourquoi ces pratiques semblent-elles tolérées ? Tout simplement parce que les produits vendus ne contiennent pas de substances illégales. La police les connaît bien, mais tant qu’aucun stupéfiant n’est effectivement vendu, il n’y a pas d’infraction pénale. Cela crée un climat ambigu dans certaines zones touristiques, où les escroqueries à ciel ouvert se multiplient.

Zones à éviter pour les acheteurs naïfs

À Lisbonne, ces faux dealers sont particulièrement actifs dans les quartiers de Baixa-Chiado, aux abords de la Praça do Comércio, dans la zone de Rossio et aux alentours de Cais do Sodré (notamment Pink Street). À Porto, on les retrouve parfois près de la gare de São Bento ou dans le quartier historique de Ribeira. En Algarve, ils sont présents dans les centres de stations balnéaires comme Albufeira, Lagos ou Portimão, mais aussi sur certains marchés informels.

Forums, réseaux sociaux et fausses recommandations

Certains touristes, mal informés ou peu prudents, se tournent vers les forums, groupes Telegram ou autres espaces de discussion en ligne pour « trouver les bons plans ». De nombreuses recommandations prétendent diriger vers des fournisseurs « sûrs », souvent présentés comme des expatriés ou des « locaux ». En réalité, une grande partie de ces publications relèvent elles aussi de l’escroquerie. Certains arnaqueurs, notamment basés à l’étranger (comme au Cameroun), exploitent la naïveté des voyageurs pour leur soutirer de l’argent à distance, sans jamais livrer le moindre produit.

Où acheter du CBD au Portugal ?

Le Portugal, connu pour ses lois progressistes en matière de drogues, offre de nombreuses solutions pour l’achat de CBD. Les boutiques locales, souvent situées dans les grandes villes comme Lisbonne ou Porto, sont légales et proposent tous les produits à base de CBD disponibles sur le marché. Ces magasins sont régulés, assurant la qualité et la sécurité des produits disponibles.

En outre, il est également possible d’importer du CBD depuis d’autres pays européens, grâce à la législation harmonisée de l’Union européenne sur les produits de santé. Cette option peut être particulièrement attrayante pour ceux qui recherchent des produits spécifiques non disponibles localement. Le site achetercbd.net pour acheter du cbd pas cher, offre une gamme de produits à des prix compétitifs, rendant l’accessibilité au CBD encore plus facile et abordable pour tous.

Ce qu’il faut faire (et ne pas faire)

Si vous êtes abordé dans la rue pour acheter du cannabis, la meilleure attitude est de refuser poliment et de passer votre chemin. Acheter du cannabis auprès d’inconnus est non seulement risqué (produits inconnus, qualité douteuse), mais peut aussi vous exposer à des problèmes avec la police si une infraction est avérée. Le cadre légal portugais protège les consommateurs, mais n’autorise en aucun cas la vente non encadrée.

Si vous êtes patient et souhaitez consommer du cannabis médical, la seule voie légale consiste à consulter un médecin agréé, obtenir une prescription conforme, puis acheter vos produits en pharmacie. Le Portugal dispose désormais de plusieurs médicaments autorisés (Sativex, fleurs médicales séchées, huiles certifiées), distribués sous contrôle strict de l’INFARMED.

En somme, la prudence est essentielle : la vente illégale de cannabis demeure interdite, et la prolifération d’arnaques dans les grandes villes ne fait qu’augmenter. S’informer, respecter la législation, et ne jamais céder à l’appel de la rue sont les meilleurs moyens d’éviter de mauvaises surprises pendant votre séjour.

Vers une légalisation du cannabis au Portugal ? Un débat relancé

Depuis plus d’une décennie, la question de la légalisation du cannabis à usage récréatif agite la scène politique portugaise. Longtemps portée par le Bloco de Esquerda (BE), cette revendication a récemment été rejointe par d’autres forces politiques, bien que les divergences idéologiques persistent. Deux projets de loi, visant à encadrer la consommation adulte de cannabis, sont actuellement déposés à l’Assemblée de la République, sans qu’une date de débat n’ait encore été fixée.

09-06-2021 - Debate Parlamentar | Legalização da canábis para uso pessoal | Alexandre Quintanilha

Les signaux d’ouverture se multiplient dans certains partis historiquement plus conservateurs sur le sujet, notamment au sein du Parti Socialiste (PS) et du parti Livre, tandis que chez les centristes ou la droite modérée, les lignes commencent lentement à bouger. La question n’est plus « faut-il en débattre ? », mais plutôt « selon quel modèle légal ? ». Inspirée par l’Allemagne, Malte ou encore les clubs cannabiques espagnols, une partie des députés cherche à proposer une légalisation encadrée, non commerciale.

Un moment politique décisif en 2025

Après la chute du gouvernement de Luís Montenegro début 2025, de nouvelles élections législatives sont prévues pour le mois de mai. Ce contexte électoral redonne de la vigueur au débat sur le cannabis, transformant le sujet en enjeu de société pour plusieurs partis désireux de séduire les électeurs les plus jeunes. Le temps des compromis politiques semble proche, même si aucune majorité claire ne s’est encore dégagée sur les modalités concrètes de la légalisation.

Lors de prises de parole en 2023, Luís Montenegro, alors président du Parti Social-Démocrate (PSD), s’était montré fermement opposé à la légalisation à des fins récréatives. Lors d’un échange public avec des jeunes de la JSD, il avait même brandi une carte rouge pour marquer son désaccord, citant les risques de dépendance et les conséquences sanitaires. S’il s’était déclaré favorable à l’usage médical du cannabis, sa position reflétait une approche prudente, voire conservatrice sur la question récréative.

Avec son départ du gouvernement et une recomposition parlementaire imminente, le débat est relancé. La fenêtre politique ouverte en 2025 pourrait permettre aux forces progressistes de faire avancer une législation jusque-là bloquée. De nombreux experts, juristes, médecins et associations de patients appellent à une réforme basée sur la santé publique, la réduction des risques, et l’accès légal encadré pour les adultes.

Une légalisation inévitable ?

Si l’issue reste incertaine, un consensus semble émerger dans la société civile : la légalisation du cannabis récréatif au Portugal n’est plus une question de “si”, mais de “quand et comment”. Le Portugal, qui a su innover en matière de dépénalisation dès 2001, est aujourd’hui observé par d’autres pays européens. La légalisation, si elle voit le jour, devra probablement se faire avec prudence, en distinguant clairement consommation personnelle, régulation des produits et lutte contre le marché noir.

Alors que les élections de mai 2025 se rapprochent, l’heure est aux débats, aux prises de position claires et aux projets concrets. Le Portugal est à la croisée des chemins entre son héritage de pionnier et les attentes d’une nouvelle génération en faveur d’une réforme moderne, fondée sur la science, la santé et les libertés individuelles.

Les Portugais et le cannabis : une consommation en hausse mais toujours modérée

Comme en France, il arrive qu’on l’appelle marijuana, weed, bud, grass, cannabis … mais le plus souvent les Portugais l’appellent maconha (chanvre). Il est largement utilisé ici, je parle bien sous sa forme psychotrope, cependant il semblerait que les 710.000 fumeurs portugais sachent rester raisonnables !

Consommation de cannabis au Portugal

Évolution de la consommation depuis la dépénalisation

Dans les années qui ont suivi la légalisation en 2001, le pays a mis en place sa politique innovante brillamment (sur un axe lié à la toxicomanie plus globalement) et a enregistré une baisse globale de la consommation de drogues, validant ainsi l’approche de santé publique adoptée par le gouvernement portugais. Cependant, si le gouvernement n’a pas changé sa vision politique, la crise l’a obligé à réduire ces budgets et la situation a évolué depuis 2010, avec une augmentation notable de la consommation de drogues, et le cannabis n’a pas échappé à cette tendance.

L’impact de la pandémie de Covid-19

La pandémie de Covid-19 et les confinements successifs ont particulièrement influencé la consommation de cannabis au Portugal. Perçue comme une drogue douce et relaxante, la fermeture des boîtes de nuit et l’isolement social ont contribué à stimuler le marché du cannabis. Selon une étude de Cannabis Business Insights en 2020, sur une population totale de 10,3 millions, 711 215 Portugais seraient des consommateurs de cannabis. Ce chiffre relance le débat sur la normalisation de cette substance.

Comparaison avec les niveaux de consommation européens

Malgré cette hausse, il est important de noter que la consommation de cannabis au Portugal reste inférieure à la moyenne européenne. Selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, le pays affiche l’un des taux les plus bas d’usage fréquent de cannabis chez les 15-34 ans. Cette donnée confirme le succès relatif de la dépénalisation des drogues au Portugal, même si la consommation est en augmentation.

Social Clubs au Portugal : un phénomène social en pleine émergence

cannabis social club

Les Cannabis Social Clubs (CSC) commencent à apparaître timidement au Portugal, à l’image des modèles déjà en place en Espagne ou en Uruguay. Ces structures collectives, généralement créées sous forme associative, visent à regrouper des consommateurs – principalement à visée thérapeutique – dans un cadre sécurisé, loin du marché noir. Ces clubs prônent un usage responsable, autogéré et non lucratif du cannabis.

Un modèle participatif centré sur la communauté

La force des Cannabis Social Clubs réside dans leur fonctionnement horizontal. Chaque membre peut participer aux décisions, qu’il s’agisse de la gestion, des activités ou des règles internes. L’objectif est de créer un espace de solidarité, d’échange et de prévention autour du cannabis, bien au-delà de la simple consommation. Certains clubs organisent même des ateliers éducatifs sur les usages thérapeutiques, les risques et la réduction des dommages.

Souvent discrets, ces espaces accueillent en priorité des personnes souffrant de pathologies chroniques (douleurs, sclérose en plaques, anxiété, etc.) qui trouvent dans le cannabis une alternative ou un complément aux traitements classiques. Ce fonctionnement basé sur la confiance mutuelle se veut une réponse à l’absence d’encadrement clair pour les usagers réguliers ou médicaux.

Une situation juridique instable

Le développement des CSC au Portugal se heurte néanmoins à un vide législatif. Contrairement à l’Espagne où ce type de structure bénéficie d’une certaine tolérance juridique locale, aucun cadre légal ne reconnaît officiellement l’existence des Cannabis Social Clubs au Portugal. La culture du cannabis, même en circuit fermé et à usage collectif, reste interdite.

Ces clubs opèrent donc dans une zone grise : tant qu’aucune vente n’est avérée et que la consommation reste strictement interne, les autorités locales peuvent fermer les yeux. Mais ce statut précaire expose les organisateurs à des risques juridiques, notamment en cas de contrôle, de dénonciation ou de conflit avec les voisins ou les municipalités.

Des propositions de loi sans suite

En 2013 déjà, le Bloco de Esquerda avait tenté de faire reconnaître ces clubs en proposant une légalisation encadrée de la culture pour usage collectif, dans un but thérapeutique et non lucratif. Cette proposition n’avait pas abouti, mais elle a marqué le début d’un débat qui continue d’alimenter les discussions parlementaires, notamment lors des tentatives de réforme sur la légalisation récréative.

En l’absence de réforme, plusieurs collectifs militent aujourd’hui pour que ces structures soient enfin régularisées et intégrées à la stratégie de santé publique. Leur encadrement permettrait d’offrir aux usagers un lieu sûr, de lutter contre le marché illégal et de développer une pédagogie autour du cannabis responsable.

En résumé

🌿 Aspect du cannabisDescription au Portugal
📜 HistoriqueDepénalisation en 2001, légalisation médicale en 2018
🌱 Chanvre industrielCulture légale avec THC <0.2%, réglementée strictement
💊 Cannabis médicinalLégal avec prescription, utilisé pour produire médicaments comme Sativex
🌾 Culture localePlantations locales pour usage médical et exportation
🍃 CBDUtilisation médicale acceptée, réglementations en développement
🚫 Cannabis récréatifNon légalisé, débats politiques en cours pour la légalisation
🚨 Statut légalPossession dépénalisée mais régulée, la vente reste illégale
🏥 ContrôleCommission pour la dissuasion de la toxicomanie en cas de possession
🛒 Achat de cannabisPrésence de faux vendeurs, risques d’escroqueries envers les touristes
🗣️ Futur législatifPotentiel de légalisation pour usage adulte envisagé

Donc …

Pour finir, bien que le Portugal ait fait des pas en avant en matière de réglementation du cannabis, notamment en dépénalisant sa possession et en légalisant son usage médical, la consommation récréative de cannabis demeure illégale. Le marché du cannabis est strictement réglementé et centré sur l’usage médicinal.

Le Portugal a adopté des mesures innovantes en matière de drogues, y compris la dépénalisation et la légalisation du cannabis médicinal. Ces mesures ont contribué à réduire le nombre de consommateurs et les problèmes liés à la dépendance. Avec les débats en cours sur la légalisation à des fins récréatives, le pays pourrait bien devenir un modèle de réglementation du cannabis et du chanvre.


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