Grève ferroviaire au Portugal : le trafic à l’arrêt sans services minimums

greve de train portugal

A partir de mercredi 7 mai à minuit, le Portugal sera confronté à une grève nationale des cheminots de la CP – Comboios de Portugal, qui se distingue par l’absence totale de services minimums. Une décision rare, entérinée à l’unanimité par le Tribunal arbitral et publiée le 2 mai par le Conseil économique et social, qui considère que l’application de tels services aurait été « inopportune ». L’impact est donc total pour les usagers du rail, particulièrement sur les lignes urbaines de Lisbonne et de Porto, généralement très fréquentées en semaine.

Si les trains ayant déjà entamé leur trajet doivent être achevés, seuls les services d’urgence, de sauvetage et les opérations de sécurité ou de maintenance sont garantis. La grève, qui doit s’étendre jusqu’au 14 mai, reflète un malaise profond au sein des professions ferroviaires, toutes branches confondues.

Un mouvement intersyndical d’ampleur nationale

Le préavis de grève a été déposé par un ensemble inédit de quatorze organisations syndicales couvrant l’ensemble des métiers du rail : conducteurs, techniciens, personnels de bord, opérateurs, agents d’infrastructure. Parmi eux, le STMEFE, le SNTSF, ou encore la FECTRANS, tous réclament la mise en application effective de l’accord de révision des grilles salariales, négocié mais resté lettre morte selon eux.

Ils rejettent en bloc les propositions salariales du gouvernement, qu’ils jugent insuffisantes au regard de l’inflation. « Nous ne voulons pas seulement des augmentations symboliques, mais une véritable récupération du pouvoir d’achat perdu« , déclare l’un des représentants syndicaux. Le désaccord sur le rythme et l’ampleur des revalorisations salariales alimente le bras de fer avec l’exécutif, dans un contexte social déjà tendu.

Des précédents récents et une tension persistante

Ce conflit s’inscrit dans une série de mouvements sociaux qui ont secoué le secteur ferroviaire portugais ces derniers mois. Fin avril, une grève sans services minimums avait déjà paralysé le réseau pendant plusieurs heures. Elle avait coïncidé avec une vaste panne électrique qui avait affecté la péninsule ibérique, accentuant encore les difficultés de transport.

Le Tribunal arbitral reconnaît la forte pression exercée par cette grève sur les populations des grandes zones urbaines. Pourtant, il justifie l’absence de services minimums par la difficulté à concilier exigences de sécurité, droit de grève et besoins essentiels de la population. Il s’agit donc d’une forme de reconnaissance du caractère structurant du mouvement.

Une semaine noire pour les usagers et les équilibres politiques

Cette grève nationale est amenée à entraîner de lourdes perturbations dans les transports, avec des répercussions sur les activités économiques, touristiques et scolaires. Le calendrier de la mobilisation interroge aussi sur ses possibles incidences politiques, alors que le pays s’apprête à voter pour les législatives anticipées du 18 mai. À ce jour, aucun signe d’apaisement n’a été enregistré entre le gouvernement et les syndicats du rail.

Dans un climat de défiance vis-à-vis des pouvoirs publics et d’attentes sociales fortes, cette nouvelle grève illustre l’épreuve de force engagée autour de la question du pouvoir d’achat et de la reconnaissance professionnelle.


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