Alors que le mois de juin touche à sa fin, le Portugal continental est confronté à une vague de chaleur intense qui mobilise les autorités sanitaires et de protection civile. 13 districts sont désormais placés sous alerte orange par l’IPMA (Instituto Português do Mar e da Atmosfera), tandis que 36 communes sont considérées en risque maximum d’incendie. Un phénomène météorologique persistant, lié à une crête anticyclonique, explique cette montée fulgurante des températures, parfois supérieures à 40 °C, notamment dans l’intérieur sud du pays.
Cette situation, qui s’étendra jusqu’à lundi soir, augmente le danger pour la santé publique et les milieux naturels, avec une tension palpable dans les régions déjà fragiles. Les services d’urgence sont en alerte renforcée et la Direction générale de la santé (DGS) multiplie les recommandations. De Lisbonne à Beja, en passant par Bragance ou Faro, le pays entre dans une phase critique où l’impact du climat devient un enjeu vital.
Une alerte étendue à 13 districts et des températures record
L’IPMA 1 a placé jusqu’à lundi soir les districts de Évora, Faro, Setúbal, Beja et Portalegre sous alerte orange en raison de la persistance de températures maximales très élevées. 8 autres districts rejoindront cette liste dès dimanche : Bragança, Viseu, Guarda, Vila Real, Santarém, Lisbonne, Castelo Branco et Coimbra. Ces derniers sont pour l’instant en vigilance jaune, le premier niveau d’alerte.
Dans le reste du pays, les districts de Porto, Viana do Castelo, Leiria, Aveiro et Braga demeurent en vigilance jaune depuis samedi matin. Le thermomètre grimpe vertigineusement, avec des pointes attendues de 43 °C à Beja contre à peine 25 °C à Aveiro. Cette variation marque la violence thermique qui affecte particulièrement le sud et l’intérieur du pays.
Le ciel reste généralement dégagé, excepté sur le littoral nord et centre, où des bancs de brume matinale apportent un peu de répit. Mais l’après-midi laisse place à des masses d’air brûlantes, parfois chargées d’orages et d’averses isolées dans les régions centre et sud.
Risques accrus pour la santé et vigilance UV maximale
Face à ce pic de chaleur, la Direction générale de la santé 2 appelle à la prudence. Elle recommande de boire abondamment, d’éviter les boissons alcoolisées, et de privilégier les lieux frais ou climatisés. L’ensemble du territoire continental est placé sous un risque très élevé d’exposition aux rayons UV, nécessitant lunettes de soleil à filtre UV, crème solaire, vêtements couvrants et protection des enfants contre toute exposition directe.
Les vagues de chaleur sont particulièrement dangereuses pour les populations fragiles : personnes âgées, enfants, personnes malades ou isolées. Les autorités locales ont été invitées à activer leurs plans d’aide aux personnes vulnérables, avec la mise en place de centres de rafraîchissement dans certaines municipalités.
En parallèle, les hôpitaux et les services d’urgence sont en état d’alerte, notamment dans les zones où les pics thermiques dépassent les 40 °C. L’effet combiné de la chaleur et d’une humidité faible accentue les risques de déshydratation et de coup de chaleur.
Un risque d’incendie maximal dans 7 districts

Cette chaleur extrême ne vient pas seule. L’IPMA alerte également sur le risque très élevé à maximal d’incendie dans 36 communes réparties sur les districts de Guarda, Viseu, Coimbra, Castelo Branco, Santarém, Portalegre et Faro. La végétation abondante issue du printemps pluvieux, désormais sèche, forme un lit inflammable redouté par les pompiers.
L’Autorité nationale de protection civile (ANEPC) 3 a ainsi renforcé ses équipes ce week-end, mobilisant moyens terrestres et aériens. De nombreux concelhos sont déjà classés en danger « élevé » ou « très élevé ». Le feu de forêt est devenu une menace constante dans les zones rurales, surtout en fin d’après-midi, lorsque les vents de nord-est reprennent en intensité.
Dans ce contexte, toutes les activités susceptibles de provoquer une étincelle (travaux agricoles, barbecues, circulation en forêt) sont fortement déconseillées voire interdites par arrêtés municipaux. La population est appelée à la responsabilité et à la vigilance.
La crête anticyclonique, vecteur de chaleur extrême
Cette vague de chaleur est le résultat d’un phénomène météorologique bien connu : la crête anticyclonique. Il s’agit d’un dôme de haute pression atmosphérique qui bloque la dissipation de l’air chaud, emprisonnant la chaleur au sol. Ce type de configuration favorise des journées successives de chaleur intense et sèche.
Selon le climatologue Carlos Câmara, cette crête agit comme une barrière thermique, provoquant une compression de l’air qui s’échauffe en descendant. « C’est ce que l’on appelle un dôme de chaleur, une véritable cloche de chaleur », explique-t-il. Le phénomène est renforcé par l’influence de l’anticiclone des Açores, qui s’étend actuellement vers le Golfe de Gascogne et dirige des masses d’air brûlant depuis l’Afrique du Nord vers la péninsule ibérique.
Ces situations deviennent plus fréquentes, note l’expert. Depuis 30 ans, on observe une recrudescence des vagues de chaleur extrême, leur intensité comme leur durée étant accentuées par le dérèglement climatique mondial.
Vers un été 2025 instable et extrême ?
Les prévisions laissent entrevoir un été dominé par les extrêmes. Orages secs, feux de forêts, pics UV, canicules prolongées : le cocktail est explosif. La France, déjà frappée par une tempête meurtrière après une canicule, est un exemple inquiétant. En Espagne, la situation est similaire, avec des températures attendues jusqu’à 45 °C.
Au Portugal, des orages localisés sont attendus dès ce dimanche, malgré la persistance de températures proches des 40 °C. Ces épisodes orageux sont redoutés car ils peuvent provoquer des décharges électriques sans précipitations suffisantes pour éteindre les départs de feu. Le risque d’ignitions multiples inquiète les services de secours.
Les climatologues s’accordent : ce mois de juin 2025 s’inscrit dans une tendance lourde. Ce qui était exceptionnel devient la norme. Un défi majeur pour les politiques de prévention, de santé publique et de gestion des ressources naturelles, dans un pays de plus en plus exposé à la variabilité climatique.
Recommandations essentielles pour les jours à venir
- Éviter toute exposition directe au soleil entre 11h et 17h
- Boire de l’eau régulièrement, même sans sensation de soif
- Porter des vêtements légers et couvrants
- Utiliser des protections solaires : lunettes UV, chapeau, crème solaire
- Limiter les déplacements en extérieur aux heures les plus fraîches
- Ne jamais laisser d’enfants ou d’animaux dans un véhicule fermé
- Respecter les interdictions locales d’accès aux zones boisées
En cette fin de juin brûlante, le Portugal fait face à une nouvelle réalité climatique. Prévenir les risques, adapter nos comportements et renforcer les systèmes de résilience devient une urgence partagée par tous face à une météo de plus en plus extrême, marquée par des épisodes de chaleur intense, durables et précoces.