40 nouvelles espèces découvertes dans le récif marin d’Algarve

Parque Natural Marinho do Recife do Algarve – Pedra do Valado

Nous vous parlions la semaine dernière de l’expédition scientifique partie à bord du Santa Maria Manuela pour explorer le Parc naturel marin du récif de l’Algarve – Pedra do Valado. Après 6 jours d’exploration entre la surface et les fonds marins, les chercheurs viennent d’y faire une annonce majeure : une vingtaine de nouvelles espèces ont été identifiées dans cette zone unique du littoral portugais. Une découverte qui confirme le rôle de l’Algarve comme l’un des hauts lieux de la biodiversité marine européenne.

Un trésor vivant sous les vagues de l’Algarve

Les scientifiques ont répertorié 40 espèces encore jamais observées dans le parc marin, et plus de 200 espèces au total. Si certaines étaient déjà connues de la science, leur présence ici révèle un écosystème distinct, façonné par la topographie et les courants de l’Algarve. « Nous avons observé une espèce de gorgone particulièrement grande, jamais enregistrée auparavant dans le parc », explique Jorge Gonçalves, coordinateur scientifique au CCMAR (Université de l’Algarve).

Plus de 200 espèces recensées

L’expédition, menée entre le 2 et le 7 octobre 2025, a permis d’identifier 206 espèces dans les eaux du parc, dont 137 invertébrés, 41 poissons, 13 algues, 12 oiseaux marins et même 3 espèces de cétacés. Parmi elles, 40 ont été répertoriées pour la première fois dans cette zone protégée, bien qu’elles soient déjà connues des scientifiques. Il s’agit notamment de gorgones, poissons, coraux durs et d’invertébrés jamais encore observés sur ce récif couvrant près de 156 km². Une première pour ce Parc marin, qui devient de plus en plus central dans les stratégies de surveillance et de préservation du patrimoine naturel portugais.

Un lit de rhodolithes unique au Portugal

Parmi les éléments les plus remarquables mis en évidence, les chercheurs soulignent l’existence confirmée d’un lit de rhodolithes, ces algues calcaires rouges formant des structures dures au fond de l’océan. C’est le seul de ce type connu sur le continent portugais. Son importance est écologique, mais aussi climatique, puisqu’il joue un rôle actif dans la séquestration du carbone. Sa présence au sein du récif renforce la valeur stratégique de l’écosystème, à la fois en tant que refuge biologique et en tant que régulateur naturel.

Une alerte sur les herbiers marins

Mais tout n’est pas source d’enthousiasme : les scientifiques alertent sur la disparition préoccupante de certains herbiers de zostère précédemment signalés dans la zone. Cette évolution pourrait être liée à la prolifération de l’algue invasive asiatique Rugulopterix okamurae, déjà identifiée ailleurs sur la côte sud. Cette situation rappelle l’importance d’un suivi écologique régulier pour comprendre l’évolution de l’écosystème et prévenir ses fragilisations silencieuses.

Un socle pour une gouvernance marine durable

L’objectif de la mission allait au-delà du simple inventaire : les données collectées contribueront à formaliser un plan de gestion actif pour la zone protégée. Ce processus, associant scientifiques, pêcheurs, ONG et autorités locales, vise à transformer ce Parc marin en un véritable modèle de gouvernance participative pour la conservation de l’océan. La reconnaissance croissante de Pedra do Valado en tant que première Aire Marine Protégée d’Intérêt Communautaire sur le continent portugais vient renforcer cette ambition collective.

6 jours d’exploration scientifique

Pendant 6 jours, les équipes embarquées sur le Santa Maria Manuela ont multiplié les observations : plus de 30 plongées cumulant 24 heures d’immersion, assistées par des drones aériens, des ROVs (véhicules sous-marins téléguidés) et des caméras automatiques. Chaque descente a permis de cartographier un habitat différent (prairies de zostères, jardins de coraux et fonds de maërl) dans une démarche de recensement à la fois scientifique et écologique.

Les données recueillies serviront à l’élaboration du futur plan de gestion du Parc marin, qui définira les règles d’usage et de protection des zones sensibles. « Ces informations sont fondamentales pour encadrer durablement les activités humaines et préserver ce patrimoine marin exceptionnel », explique Diana Vieira, de la Fondation Oceano Azul, l’un des partenaires du projet aux côtés du CCMAR et de l’Océanarium de Lisbonne.

Un écosystème rare et fragile

Área Marinha Protegida de Interesse Comunitário I Recife do Algarve - Pedra do Valado

Les chercheurs ont également observé des signes encourageants : présence de poissons adultes de grande taille, coraux bien développés et même une petite caverne abritant des espèces typiques des grandes profondeurs. Parmi les découvertes les plus marquantes figurent les gorgones jaunes Paramuricea grayi, d’une beauté saisissante. « Ce fut une surprise esthétique autant que scientifique », confie Jorge Gonçalves.

À ce jour, le parc marin de Pedra do Valado compte plus de 1000 espèces recensées : 754 invertébrés, 152 poissons, 61 oiseaux marins et 82 macroalgues. Certaines présentent un intérêt économique ou biomédical, d’autres sont rares et menacées. Ensemble, elles composent une mosaïque vivante, témoin de la richesse des eaux portugaises.

Une leçon de nature et de résilience

Pour les scientifiques, ce récif est un laboratoire à ciel ouvert pour comprendre comment la vie marine s’adapte aux pressions du climat et de l’activité humaine. Situé entre Atlantique et Méditerranée, le site illustre la rencontre de deux mondes biologiques. « Nous avons sous nos yeux un écosystème capable de raconter l’histoire de la résilience marine », conclut Jorge Gonçalves. Le projet, soutenu par l’ICNF, la Fondation Oceano Azul, l’Autorité maritime nationale et les municipalités d’Albufeira, Lagoa, Portimão et Silves, démontre à quel point la science et la conservation peuvent œuvrer ensemble pour un même objectif : protéger ce que l’océan nous offre de plus précieux.

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