Qualité de l’air au Portugal : Faro, Viana do Castelo au sommet

qualite de l'air Viseu

Dans un contexte où la santé publique est étroitement liée aux conditions environnementales, la qualité de l’air constitue un indicateur crucial. Chaque année, l’Agence européenne pour l’environnement (EEA) publie un classement des villes européennes basé sur l’exposition à des polluants atmosphériques nocifs pour la santé. Pour l’édition la plus récente, trois villes portugaises se distinguent nettement : Faro, Viana do Castelo et Viseu. Leur présence dans le groupe des villes les plus saines d’Europe révèle une dynamique positive, mais souligne également les contrastes marqués entre les régions du pays.

Des villes portugaises dans les meilleures positions européennes

Le classement de l’EEA 1 recense 761 villes à travers l’Europe. Il est basé sur l’analyse de la concentration de trois polluants majeurs : les particules fines (PM2.5), le dioxyde d’azote (NO2) et l’ozone troposphérique (O3). Ces substances, en raison de leur persistance dans l’air ambiant, sont associées à un risque accru de mortalité, en particulier chez les populations vulnérables.

Au Portugal, Faro figure à la 28e place du classement européen, Viana do Castelo à la 53e et Viseu à la 58e. Ces trois localités sont classées dans le premier niveau de qualité (jusqu’à 10 % de risque estimé). Leur performance témoigne d’une concentration très faible de polluants, résultant d’une combinaison favorable de conditions géographiques, climatiques et d’une moindre densité industrielle.

En revanche, plusieurs autres villes portugaises occupent des places beaucoup moins avantageuses, illustrant les inégalités territoriales face aux enjeux environnementaux. Tandis que le sud et certaines zones du nord intérieur conservent un air relativement pur, les grands pôles urbains concentrent davantage de pollution.

Ce contraste entre territoires « respirables » et agglomérations plus exposées est accentué par la répartition des activités humaines : densité de la circulation, zones industrielles, développement urbain non maîtrisé, tous ces facteurs influencent directement la qualité de l’air mesurée.

Une échelle à 10 niveaux pour évaluer le risque

Le classement de l’EEA segmente les 761 villes en dix niveaux de risque, allant de « très faible » à « extrêmement élevé ». Cette méthode permet de mieux visualiser les zones préoccupantes et d’identifier les marges de progrès possibles.

Des performances contrastées entre littoral et agglomérations

Parmi les autres villes portugaises observées, plusieurs se situent dans le second niveau de risque (10 % à 20 %). Il s’agit notamment de Setúbal (101e), Póvoa de Varzim (109e), Sintra (128e), Coimbra (138e) ou encore Almada (150e). Ces localités bénéficient d’un air relativement sain, mais font face à des défis croissants liés à l’urbanisation et à la proximité de zones industrielles ou portuaires.

À des niveaux de risque plus élevés, entre 30 % et 40 %, on trouve des agglomérations comme Seixal, Guimarães, Aveiro ou Braga. Cette catégorie souligne une qualité de l’air plus dégradée, souvent en lien avec une urbanisation dense, une circulation automobile intense ou une topographie peu favorable à la dispersion des polluants.

Lisbonne et Porto parmi les plus exposées

Les deux grandes métropoles portugaises, Lisbonne et Porto, se situent respectivement aux 348e et 372e places. Cela les positionne dans le cinquième niveau (risque estimé entre 40 % et 50 %). Cette situation est préoccupante, compte tenu de la concentration de population, des infrastructures routières et du rôle économique que jouent ces villes.

La pollution y provient majoritairement des transports, du chauffage domestique, mais aussi de certaines activités industrielles. Bien que plusieurs plans municipaux visent à réduire les émissions, les résultats se font encore attendre à grande échelle.

Dans ces contextes, la mise en place de zones à faibles émissions (ZFE), le développement des mobilités douces ou la modernisation du parc automobile peuvent constituer des leviers d’action concrets pour améliorer la qualité de l’air.

Des outils européens pour mieux comprendre et agir

L’EEA ne se limite pas à publier un classement annuel. Elle met également à disposition un visualiseur interactif de la qualité de l’air en milieu urbain, accessible à tous les citoyens européens. Cet outil permet de suivre, ville par ville, l’évolution des concentrations de polluants sur les deux dernières années.

Des données actualisées en temps réel

L’index européen de qualité de l’air, mis à jour en 2024, intègre désormais des mesures horaires provenant de plus de 3 500 stations de surveillance. Ces données sont croisées avec les prévisions atmosphériques fournies par le service Copernicus, un programme de la Commission européenne dédié à l’observation de la Terre.

Grâce à cette amélioration méthodologique, les utilisateurs peuvent consulter non seulement des statistiques passées, mais aussi des prévisions de pollution à court terme. Cela facilite la planification d’activités extérieures, la prévention sanitaire et la prise de décision publique.

Une sensibilisation croissante des citoyens

Ce type d’initiative s’inscrit dans une tendance plus large de démocratisation des données environnementales. En rendant l’information accessible et lisible, l’EEA encourage les citoyens à adopter des comportements plus responsables et à s’impliquer dans les débats locaux liés à la qualité de vie urbaine.

En parallèle, les municipalités peuvent s’appuyer sur ces données pour orienter leurs politiques publiques, identifier les quartiers les plus touchés et prioriser les investissements dans les infrastructures écologiques.

Ville portugaiseClassement européenNiveau de risque estimé
Faro28eTrès faible (< 10 %)
Viana do Castelo53eTrès faible (< 10 %)
Viseu58eTrès faible (< 10 %)
Lisbonne348eÉlevé (40 % – 50 %)
Porto372eÉlevé (40 % – 50 %)

Vers une nouvelle gouvernance de l’air

La publication du classement 2025 marque une étape importante dans la compréhension des disparités environnementales au sein de l’Union européenne. Au Portugal, elle réaffirme la nécessité de politiques différenciées selon les contextes locaux. Si certaines villes montrent l’exemple, d’autres restent confrontées à des défis majeurs.

Entre inertie et transition

Face à la pollution atmosphérique, les municipalités portugaises sont appelées à innover : renforcer les espaces verts, réguler la circulation, favoriser le transport public, repenser l’urbanisme. Les outils existent, les données sont disponibles, reste à franchir le pas de la mise en œuvre systématique.

Dans cette optique, la transition écologique ne peut être déconnectée de la justice territoriale. Garantir un air sain partout au Portugal suppose de dépasser les clivages géographiques et sociaux, en plaçant la qualité de l’air au cœur des décisions publiques.

Les données de l’EEA, largement accessibles, constituent un levier de pression autant qu’un outil de pilotage pour les collectivités. Elles permettent de suivre les progrès, mais aussi d’alerter sur les lenteurs ou les dérives potentielles.

À terme, l’enjeu dépasse la seule santé publique : il s’agit aussi de préserver l’attractivité des territoires, de renforcer la résilience face aux changements climatiques, et de garantir à tous un droit fondamental – celui de respirer un air pur.

Le Portugal, avec ses contrastes marqués entre villes côtières dynamiques et centres urbains denses, a l’occasion de devenir un laboratoire européen de la gouvernance de l’air. Encore faut-il que les ambitions politiques rejoignent les données scientifiques.

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