L’aéroport Francisco Sá Carneiro, porte d’entrée majeure du nord du Portugal, s’apprête à entrer dans une nouvelle phase de transformation. Porté par un fort développement ces dernières années, le site fait désormais l’objet d’un vaste projet d’expansion piloté par ANA – Aeroportos de Portugal. Ce plan, attendu d’ici la fin de 2025 ou au début de 2026, vise à renforcer la capacité de l’infrastructure, à améliorer ses performances opérationnelles et à consolider le rôle de Porto comme deuxième grand hub aérien national. Un positionnement stratégique que le gouvernement portugais entend accompagner pleinement, en lien avec les objectifs de privatisation partielle de TAP.
Un projet de modernisation attendu de longue date
Longtemps évoquée, l’extension de l’aéroport de Porto devient enfin concrète. Le ministre des Infrastructures, Miguel Pinto Luz, a confirmé que le plan de développement détaillé sera présenté d’ici la fin de l’année ou au plus tard au premier trimestre 2026. Ce projet d’envergure s’inscrit dans une logique de croissance durable de la plateforme, qui a vu son trafic croître de manière significative depuis la fin de la pandémie, frôlant aujourd’hui les limites de sa capacité actuelle.

Le site, dont la capacité initiale est estimée à environ cinq millions de passagers par an, a besoin d’une reconfiguration profonde pour accompagner la demande. Le gouvernement mise sur cet agrandissement pour faire du terminal de Porto un point d’appui stratégique dans l’architecture aérienne nationale, aux côtés de Lisbonne. En toile de fond, la volonté d’assurer un meilleur équilibre territorial, tout en positionnant la ville comme un acteur majeur du nord-ouest ibérique.
Le plan directeur prévoit ainsi cinq étapes de développement, permettant à l’aéroport d’atteindre, à terme, une capacité de traitement de 15 millions de passagers par an. Une ambition qui s’accompagnera de l’adaptation des infrastructures au fil du temps, en fonction de la croissance observée et des contraintes techniques du site.
Ce projet est également structurant pour l’économie régionale : amélioration de la connectivité internationale, création d’emplois, valorisation du tourisme et attractivité accrue pour les entreprises. L’aéroport Francisco Sá Carneiro pourrait ainsi jouer un rôle déterminant dans le repositionnement économique du nord du Portugal.
Une transformation progressive en 5 étapes
Le plan directeur de développement de l’aéroport repose sur un phasage stratégique. La première étape correspond à la situation actuelle, avec environ 5 millions de passagers annuels, 20 mouvements par heure et un parking avion limité à 40 positions (35 pour les vols passagers, 5 pour le fret).
Vers une capacité de 12 millions de passagers par an
Le scénario intermédiaire, déjà envisagé par ANA, porterait la capacité à 12 millions de passagers par an, avec des ajustements clés comme :
- le prolongement du taxiway (chemin de circulation) F vers le nord, permettant de porter le trafic à 32 mouvements/heure ;
- la duplication du filtre de sécurité pour améliorer le flux passagers ;
- la préparation de la plateforme à l’accueil d’une future connexion ferroviaire directe avec le terminal.
Chaque étape intègre une adaptation progressive de l’ensemble du complexe aéroportuaire, pour garantir une montée en charge maîtrisée sans interruption majeure de service.
Un projet intégré dans la stratégie de privatisation partielle de TAP
Ce développement s’inscrit également dans le cadre plus large de la stratégie aérienne nationale. Le gouvernement prévoit de vendre jusqu’à 49,9 % du capital de TAP, et la consolidation d’un deuxième hub à Porto constitue un levier stratégique pour renforcer la position de la compagnie portugaise face à ses concurrentes européennes.
À travers cette extension, Porto pourrait accueillir davantage de lignes intercontinentales ou secondaires, soulageant Lisbonne tout en consolidant la couverture territoriale du pays. Le projet rejoint également les exigences formulées par les groupes candidats à l’acquisition partielle de TAP, désireux de s’appuyer sur une infrastructure moderne et scalable dans le nord du Portugal.
Cette articulation entre développement des infrastructures et dynamique industrielle est l’un des piliers du futur paysage aérien portugais.
Une modernisation déjà en cours de la piste principale
En parallèle de ce plan d’expansion, des travaux d’amélioration de la piste sont déjà en cours depuis juillet 2023. Ce chantier, d’un coût de 50 millions d’euros, concerne :
- le renforcement structurel du pavage principal,
- le remplacement complet des systèmes d’éclairage,
- la mise à niveau du système de drainage,
- et l’installation d’un nouveau balisage lumineux pour les opérations en faible visibilité.
Ce chantier essentiel permettra d’assurer la sécurité et l’efficacité des opérations aériennes, y compris dans des conditions climatiques plus complexes. Les travaux devraient s’achever d’ici mars 2026, selon les estimations du ministère des Infrastructures.
Un aéroport mieux connecté, plus performant
L’objectif du projet global est double : d’un côté, garantir une capacité suffisante pour répondre à la demande future ; de l’autre, faire de Porto un aéroport plus efficace, plus rapide, mieux connecté au réseau national et international. En intégrant des dimensions intermodales (avec notamment la perspective ferroviaire), le projet s’inscrit dans une vision de mobilité intégrée au service des usagers.
L’amélioration de la qualité de service, la réduction des temps d’attente et l’augmentation du trafic international devraient bénéficier à l’ensemble de l’écosystème régional, du tourisme au commerce, en passant par les universités, les centres de recherche et les acteurs industriels.
Une infrastructure de référence dans le nord-ouest ibérique
Le positionnement géographique de Porto, à proximité de la Galice espagnole, confère à l’aéroport Sá Carneiro un rôle stratégique à l’échelle de la péninsule. Le gouvernement portugais ambitionne de faire de cette infrastructure un hub régional de premier plan, capable de rivaliser avec d’autres plateformes secondaires comme Bilbao, Valence ou Saint-Jacques-de-Compostelle.
La croissance démographique, le développement du tourisme durable, les flux migratoires entre Portugal et Europe, ainsi que l’essor économique du nord du pays, justifient pleinement l’ambition portée par cette expansion. La cohérence territoriale, la désaturation de Lisbonne et la compétitivité nationale dans l’aviation passent désormais par une meilleure articulation des hubs régionaux.
Si le projet respecte ses échéances, Porto disposera à l’horizon 2030 d’un aéroport capable de jouer pleinement son rôle dans la connectivité du Portugal avec le reste du monde.
Le défi reste d’en faire une infrastructure à la fois performante, résiliente et durable, capable d’intégrer les enjeux environnementaux sans compromettre les exigences de croissance.







