Le Portugal connaît un début d’année 2025 particulièrement préoccupant sur le front des incendies en milieux naturels (feux de forêt et de végétation). Entre le 1er janvier et le 11 juillet, plus de 3200 foyers ont été recensés à l’échelle nationale, représentant une hausse de 68 % par rapport à la même période en 2024. La surface totale brûlée, quant à elle, a presque triplé, atteignant près de 10.000 hectares. Ces chiffres, publiés par le Système de gestion intégrée des feux ruraux (SGIFR) 1, confirment l’intensification d’un phénomène déjà sous surveillance étroite depuis plusieurs semaines.
Une hausse alarmante du nombre de feux
Selon les données officielles, ce sont exactement 3202 incendies en zone rurale qui ont été enregistrés au Portugal durant les six premiers mois et demi de l’année. En comparaison avec l’année précédente, où la même période avait comptabilisé environ 1900 départs de feu, cette évolution représente une augmentation de 68 %, un bond significatif qui interroge autant qu’il alarme.
Cette recrudescence s’explique par une combinaison de facteurs météorologiques défavorables, parmi lesquels des températures plus élevées que la moyenne saisonnière, une humidité très basse et des vents irréguliers mais puissants. Plusieurs experts soulignent aussi le rôle des comportements humains (négligence, allumage illégal de feux, pratiques agricoles risquées) dans le déclenchement de ces sinistres.
La cartographie des incendies révèle également une forte concentration des départs de feu dans le centre et le nord intérieur du pays, sans épargner l’Algarve, qui connaît depuis début juillet une situation de risque critique. Les régions forestières, les franges agricoles abandonnées et les zones montagneuses mal entretenues sont particulièrement touchées.
Les autorités redoublent d’efforts pour renforcer la surveillance et les moyens de réponse rapide, mais la multiplication des incidents fragilise les ressources humaines et matérielles, notamment dans les districts les plus exposés.
Près de 10.000 hectares détruits en un semestre
Au 11 juillet, les feux ont déjà ravagé 9974 hectares de végétation, contre un peu plus de 3600 hectares à la même date en 2024. Cela représente une multiplication par près de trois de la surface brûlée en seulement un an. Cette expansion rapide inquiète les spécialistes, qui y voient un signe tangible de l’aggravation de la vulnérabilité écologique des territoires portugais face au dérèglement climatique.
Une saison sèche plus longue et plus intense
Le climat portugais, naturellement propice aux feux estivaux, semble cette année particulièrement instable. La saison sèche, traditionnellement concentrée entre juillet et septembre, a démarré plus tôt et s’annonce plus prolongée. Les prévisions de l’IPMA annoncent des températures supérieures à la normale pour l’ensemble de l’été, une donnée qui n’augure rien de bon pour les mois à venir.
Les conditions météorologiques défavorables se cumulent à une végétation déjà asséchée par un hiver peu pluvieux. La densité de combustible végétal au sol, notamment dans les zones rurales peu entretenues, crée un terrain hautement inflammable. Dans ce contexte, chaque étincelle peut se transformer en incendie majeur.
Une pression croissante sur les moyens d’intervention
Face à cette multiplication des foyers, les moyens de lutte (terrestres et aériens) sont soumis à une pression intense. Les pompiers, soutenus par les forces armées et la protection civile, doivent intervenir sur plusieurs fronts simultanés, parfois dans des conditions extrêmes. Le gouvernement a renforcé les effectifs dans plusieurs régions critiques, mais les limites de disponibilité de matériel et de coordination deviennent de plus en plus visibles.
Le dispositif national prévoit un renforcement en août, période historiquement la plus critique, mais la dynamique actuelle pourrait contraindre les autorités à avancer et à intensifier ces moyens dès la deuxième quinzaine de juillet.
Quels enseignements tirer de ce début d’année ?
Ces chiffres soulignent un besoin urgent d’adaptation des politiques publiques de prévention et de gestion des feux. La dynamique actuelle, en forte hausse, pourrait devenir la nouvelle norme si rien n’est fait pour renforcer l’entretien des forêts, limiter les zones à risque et améliorer la sensibilisation de la population.
- Surveillance forestière accrue : les moyens technologiques (drones, capteurs thermiques, images satellites) doivent être renforcés.
- Formation des citoyens : une meilleure information des comportements à éviter peut réduire les départs accidentels de feu.
- Entretien des terrains : le nettoyage des sous-bois et des parcelles agricoles est une mesure simple mais efficace.
- Anticipation climatique : intégrer la variabilité climatique dans la planification territoriale est désormais une priorité.
- Financement durable : des fonds structurels doivent être alloués à la résilience des territoires ruraux et forestiers.
Une urgence climatique et sociale
Au-delà des chiffres, ces incendies représentent une atteinte directe au patrimoine naturel portugais, à la biodiversité, mais aussi aux communautés rurales. Les pertes agricoles, les dommages aux infrastructures et les risques sanitaires liés aux fumées accentuent l’impact social de cette crise environnementale.
À l’heure où les effets du changement climatique se font sentir de façon toujours plus marquée, le Portugal doit non seulement réagir face à l’urgence, mais aussi anticiper. Ce premier semestre 2025 agit comme un avertissement : les incendies de demain se préparent aujourd’hui, à travers des choix collectifs de gestion des territoires, de résilience climatique et d’éducation environnementale.
Si la tendance actuelle se poursuit, l’année 2025 pourrait s’inscrire parmi les plus destructrices de la dernière décennie. Le moment est venu d’agir fermement, avec lucidité, et dans une logique de long terme.
- SGIFR : https://www.sgifr.gov.pt/ ↩︎







